16. Photo de classe, Dragons VS Trolls et Post-It

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Cours de sciences physiques.

Cours de sciences physiques identique à tous les autres cours de sciences physiques.

Cours de sciences physiques long et incompréhensible.

Je m'ennuie.

La prof termine ses explications et nous rend nos copies, d'un geste las.

Même si je sais que j'ai raté le contrôle, je ne peux m'empêcher d'avoir un tout petit instant d'espoir....

Très vite anéanti.

J'ai eu quatre.

Appréciation : Fait des efforts, mais pas assez.

Super.

« Psst, Suzorine ? »

Je me retourne vers Mathis, déprimée.

Sciences Physiques. Coefficient six au Bac. Comment je vais me rattraper, si j'ai quatre coefficient six ?

« T'aurais pas lu Héraclite, par hasard ?

— Non. »

Actuellement, je suis plutôt sur Le malade imaginaire. Dans l'espoir de m'intégrer au groupe théâtre – et aussi parce que j'ai découvert que lire était plutôt agréable – j'ai accepté de participer à la « bibliothèque » d'Estelle et Megan. En vérité, leur « bibliothèque » consiste seulement à acheter ensemble des livres, qui reposent tantôt chez l'une, tantôt chez l'autre, mais ça ne me dérange pas. Estelle est tellement contente de me faire part de ce projet qu'elle revient chaque jour avec un nouveau livre pour moi.

« Parce que, tu sais, reprend Mathis, je dois voir Estelle à la fin de la journée. Elle veut qu'on discute d'Héraclite, et... Ben... J'ai pas lu Héraclite. »

Sans blague.

« Et pourtant j'ai essayé, hein. Mais je comprends pas. Attends, déjà que les bouquins, c'est pas mon truc, alors bouquin et philo... Y'a même pas d'images !

— Je peux pas t'aider, Mathis. Tu t'es mis dans la merde tout seul.

— Bon, tant pis. Je vais regarder sur Wikipédia. »

Il sort son portable de sa poche, tente de le dissimuler derrière son cahier, mais la discrétion n'a jamais été le point fort de Mathis.

Les yeux perçants de ma prof se posent sur lui, et elle s'exclame, d'un ton sec :

« Mathis. Ton portable. Je le vois encore une seule fois et ce sera noté sur ton livret scolaire. Bonne chance pour trouver une école qui veuille de toi. »

Et elle retourne à son cours.

Mathis glisse son portable dans son sac, en marmonnant que, de toute façon, « la prof n'est qu'une vieille raciste qui s'acharne injustement sur lui ».

Je ne me fais pas de soucis pour Mathis. Il est de ces personnes qui parviennent toujours à se tirer d'affaire. Honnêtement, j'aimerais avoir leur talent.

Je jette un coup d'œil à ma voisine de tablée. Lou dort à moitié sur son cahier. Cette vision me fait sourire. Lou et moi avons beaucoup de points communs et parmi eux, notre violente aversion pour les sciences physiques.

Observer ma meilleure amie me rappelle mon objectif. Il faut que je lui trouve un petit copain. Cela m'évitera d'avoir à entendre une nouvelle fois la complainte du grand méchant Alexandre.

C'est pourquoi lorsque je suis enfin de retour chez moi, je m'installe dans la salle à manger, ouvre un paquet de gâteaux, et m'emploie à inspecter la photo de classe.

La Théorie de l'Ennui (REPUBLICATION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant