Le sport et moi, on n'a jamais été amis. Disons que nous sommes forcés de nous côtoyer mais que nous nous vouons une haine réciproque. Et pourtant, je fais des efforts. Depuis que Monsieur Viannet a abandonné le basket pour le badminton, j'ai vraiment essayé d'avoir un niveau correct. Mais rien n'a changé. Basket ou badminton, Florian est premier de la classe, et moi je suis dernière.
Chouette.
La mort dans l'âme, je range ma raquette. Je me demande comment je peux être aussi grande et ne pas réussir à rattraper les volants en hauteur. Je dois avoir un problème de coordination, ou quelque chose comme ça. Ce n'est pas possible autrement.
Cette séance de sport a été encore pire que les précédentes et je pense que le stress y est pour quelque chose. La répétition générale a lieu cet après midi. Le spectacle, ce soir.
Et j'ai le trac.
J'ai tellement le trac que ça me donne envie de vomir. Je voudrais bien vomir, d'ailleurs, parce que ça voudrait dire que je suis malade et que je ne peux pas jouer, mais vomir, ça voudrait dire aussi que je fais capoter toute la pièce, et ça, c'est moche. Quoique. Elvire. On s'en fiche, d'Elvire. Ce n'est pas grave si je ne suis pas là. Alexandre... Alexandre trouvera quelqu'un d'autre.
« C'est ce soir ? »
Comme d'habitude, la voix de Florian me fait sursauter. Je lâche un rire stupide et dis :
« Ce soir ? Hum... Que...
— La représentation.
— Ah ? Ah ! Oui ! C'est... C'est ce soir. »
Merci, Florian, de me rappeler que tu seras potentiellement là pour assister au désastre.
Il n'ajoute rien, mais ne se décide pas à partir pour autant. Il reste planté devant moi, à me regarder, de ses grands et beaux yeux noisette inexpressifs.
Bon sang, est ce qu'il pourrait, un jour, arrêter de fixer les gens comme ça, c'est... c'est troublant.
« Et donc, euh... Tu... Tu comptes venir, ou... ? »
Il se détourne et se dirige vers les vestiaires.
Super.
Il ne me fera pas l'honneur de me répondre.
Vexée, j'attrape ma bouteille d'eau, et rejoint les vestiaires. Je me change en cinq minutes top chrono, fourre mes affaires dans mon sac et quitte le gymnase. Megan m'attend dehors, une cigarette coincée entre les lèvres.
« Prête ?, demande-t-elle, en me voyant approcher.
— Oui...
— Parfait. Alors on va se chercher un sandwich, et on commence la répétition. »
Je hoche la tête, inquiète, et Megan me sourit.
« Hé. Suzie. Ça va aller, d'accord ? Ça fait des mois que tu bosses sur cette scène. Tu sais le faire. Ça va bien se passer. »
J'acquiesce une nouvelle fois, sans pour autant être convaincue. Megan n'ajoute rien. Nous mangeons notre sandwich, et nous nous installons dans les gradins, avec les autres. Personne ne semble stressé. Je suis seule.
Nous avons débuté la répétition par des exercices de relaxation – comme Roméo aime à le faire – et nous avons enchaîné sur la pièce.
Chaque scène est passée au peigne fin.
En attendant notre tour, nous sommes condamnés à observer un jeu que nous avons déjà vu des centaines de fois, et à écouter des répliques que nous connaissons par cœur à force de les entendre.
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La Théorie de l'Ennui (REPUBLICATION)
Ficção AdolescenteSe faire rejeter juste avant un cours sur les économies monde est assez loin de ma définition du bonheur. Voire très loin. Je n'aurais donc jamais pu imaginer que ça me permette d'imaginer la théorie la plus brève, la plus évidente, et la plus far...