La Théorie de l'Ennui (REPUBLICATION)

39. Avenir et portes ouvertes

« Je vous rappelle, chers élèves, qu'il vous reste cinq jours pour entrer vos vœux sur Admission Postbac. Si vous n'en saisissez aucun, vous n'aurez rien l'année prochaine ! »

Le regard aiguisé de ma prof de sciences physiques croise le mien, et je baisse instinctivement les yeux.

Admission Postbac, ou l'incarnation de mes pires cauchemars. Un réseau où nous sommes censés entrer nos vœux pour l'année prochaine : les facs que l'on désire, les écoles dans lesquelles nous souhaitons entrer, les éventuelles classes préparatoires...

Le problème, c'est que moi, comme je n'ai pas d'idées, je ne rentre rien.

Et j'en suis là.

Il me reste cinq jours pour décider quoi faire de ma vie et je ne suis pas du tout en train de paniquer.

« Ne venez pas pleurer si vous n'êtes inscrit nulle part en septembre, je vous aurai prévenus ! Maintenant, ouvrez vos livres, on va corriger les exercices sur les satellites. Maillard ?

— Oui ?

— J'espère que tu as fait tes exercices, parce que tu passes au tableau. Allez. Et rapidement, s'il te plaît, on n'a pas toute la journée. »

Pendant que notre pauvre camarade de classe s'exécute, je glisse à Lou :

« Euh... Tu t'es inscrite sur Admission Postbac, toi ?

— Yep.

— T'as mis quoi ?

— Fac de biologie. »

Trop concentrée sur son portable, caché dans sa trousse, Lou me regarde à peine. Je décide d'appeler Mathis au secours.

« Psst, Mathis ? Tu fais quoi l'année prochaine ?

— École de commerce.

— Corentin ?

— Médecine. »

C'est pas vrai, il n'y en a pas un pour galérer avec moi ?

« Hé, Lou, tu crois que je pourrais venir avec toi en fac de biologie ?

— Hum, ouais, ce serait cool... »

Elle n'écoute pas vraiment ce que je dis. Elle est occupée à répondre à un message d'Alexandre. Alexandre, sérieusement ?

« Euh, est ce qu'il y a une probabilité pour que tu te remettes avec lui ou je suis en train de délirer ?

— Non. Non, pas du tout. On ne fait que... parler.

— Vous parlez ou vous parlez ? »

Lou relève la tête, un petit sourire énigmatique collé aux lèvres.

Oh, ce n'est pas vrai. Elle aura insulté Alexandre pendant la moitié de l'année scolaire pour au final tomber à nouveau dans ses bras.

Le pire, c'est que je ne suis même pas étonnée.

« Non, vraiment, Lou, tu vas te remettre avec Alexandre ?, chuchote Mathis, assis juste derrière nous, et qui ne s'est pas privé d'écouter la conversation.

— J'en sais rien. Peut être. »

Mathis pouffe de rire.

« T'es une gamine, en fait, toi.