S'il y a bien une chose qui ne m'a pas manquée pendant les vacances, c'est ça. Les sciences physiques.
Les sciences physiques et plus précisément, le regard aiguisé de ma professeure.
Elle nous sonde pendant ce qui me semble être une éternité avant de lâcher :
« Bon, les cocos, j'espère que vous vous êtes bien amusés, parce que maintenant, ça ne rigole plus. »
Pas de « Bonjour », ni de « Bonne année ». Juste « Bon, les cocos ».
Personne n'ose protester.
Flottants dans nos blouses de chimie trop grandes, nous jetons des coups d'œil inquiets aux pipettes, fioles et autres verreries disposées sur nos paillasses. Je déteste les travaux pratiques.
Comme s'il ne me suffisait pas d'être nulle en la matière, il fallait en plus que Dame Nature me refile une maladresse incroyable. Avec moi, les récipients ont tendance à finir par terre.
« Je vous rappelle que le Bac a lieu dans six mois, poursuit ma prof. Croyez moi, ces six mois vont passer très très vite. Alors il y en a qui feraient mieux de se mettre à bosser ! Au hasard, messieurs Lorent, Maillard et Guy, et mesdemoiselles Potin et Halebarre ! »
Je baisse la tête, aussitôt imitée par Lou. Au moins, je ne suis pas la seule rappelée à l'ordre. C'est une sorte de consolation.
« Et vous devez aussi penser à... »
Elle laisse tomber sur le bureau une liasse de feuilles, et lâche :
« Admission postbac. »
Elle nous regarde un instant, peut-être pour mesurer l'effet de ses paroles, et pointe le doigt vers Mathis :
« Toi, Lefèvre. Distribue. »
Mathis s'exécute.
« Une fiche qui explique à vos parents la procédure pour saisir vos vœux. Maintenant, on va parler du titrage par conductimétrie. Vous n'avez qu'à suivre le protocole et répondre aux questions, hum... Lefèvre ? Distribue ça aussi. »
Pendant que Mathis fait une seconde fois le tour de la classe, je reste plantée devant ma fiche orientation, complètement déprimée.
Admission Postbac. Le cauchemar de tout adolescent qui se respecte. Le principe ? S'inscrire sur le site et établir une liste d'écoles que l'on aimerait intégrer.
Encore faut-il savoir ce que l'on veut faire plus tard.
Admission Postbac, donc : il ne manquait plus que ça pour transformer ma journée en enfer.
D'abord, il a fallu expliquer à Mathis mon comportement du centre commercial. Et le convaincre que non, je ne suis pas attirée par lui, et que ce ne sont pas mes hormones qui m'ont fait sauter dans sa cabine. Je lui ai raconté que j'avais cru apercevoir un de mes cousins que je déteste. Je n'ai pas de cousins, mais Mathis ne l'a pas encore compris.
Et puis il y a Florian, que j'ai évité. Je n'arrête pas de penser à la blonde. Quand même, après tout ce qu'on a vécu ensemble, il aurait pu me le dire, qu'il avait une petite amie ! Si je l'avais su, je n'aurais peut-être pas pleuré sur son épaule...
Enfin, non.
Je n'ai rien vécu avec Florian. Il sait tout de moi mais je ne sais rien de lui. Est-ce qu'on peut sérieusement appeler ça « une relation quelconque » ?
Oh et puis, je m'en fiche.
Qu'est-ce que j'en ai à faire, hein, que Florian aie une petite amie ?
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La Théorie de l'Ennui (REPUBLICATION)
Ficção AdolescenteSe faire rejeter juste avant un cours sur les économies monde est assez loin de ma définition du bonheur. Voire très loin. Je n'aurais donc jamais pu imaginer que ça me permette d'imaginer la théorie la plus brève, la plus évidente, et la plus far...