Myriam et moi, j'ai cru que ça s'améliorait, mais non. Depuis que j'ai passé Noël chez Maman, elle est encore plus exécrable qu'avant. Elle a appris que je fumais, alors elle vient m'épier quand je suis sur la terrasse pour être certaine que je ne sorte pas une cigarette. En fait non ! Elle m'épie tout le temps. Elle est toujours là, à rôder, avec ses talons dix centimètres et son rouge à lèvres horrible et elle m'attend, j'ai l'impression qu'elle me surveille en permanence, et dès que Papa revient, elle se change en parfaite petite épouse. J'en ai parlé avec Jason mais il pense que je me fais des idées. En plus, selon lui, elle a raison : la clope, c'est pas bon pour les poumons.
Il ne comprend pas. Ce n'est pas qu'une affaire de clope. Myriam et moi, ça ne va pas, voilà.
*
Maman n'a pas appelé depuis que les cours ont repris. Ce n'est pas normal, ça. Quand on étaient ensemble pour Noël, on s'amusaient bien, c'était génial, et puis là, plus rien. Et Myriam qui me regarde quand j'essaie de téléphoner, elle se réjouit du silence de Maman, ça, c'est certain. Je peux presque voir son sourire en dessous de son gloss.
*
Maman ne sort pas de ma tête et j'avais vraiment besoin de me changer les idées. J'avais aussi besoin de me venger de Myriam.
Alors j'ai attendu qu'elle soit devant son émission beauté, j'ai traversé le couloir, j'ai ouvert la porte, et j'ai filé.
J'ai couru vraiment vite, et ça faisait tellement de bien ! Savoir qu'elle était là-bas et que moi j'étais ici, ça me donnait des ailes, ça me donnait envie de faire la fête, et c'est comme ça que j'ai atterri chez Nora.
C'est dingue. Je suis dans les toilettes, à griffonner ces quelques mots, et c'est vraiment, vraiment dingue. Je peux boire, danser, je me sens terriblement bien. Je vais me faire engueuler en rentrant, mais c'est sans importance. Je suis libre.
*
J'ai eu le droit à l'engueulade. C'était pire que ce que je croyais. Quand j'ai essayé de remonter dans ma chambre, vers trois, quatre heures du matin -je ne savais plus très bien-, Myriam a déboulé, elle a crié, crié et encore crié, que ce n'était pas parce que mon père était en déplacement que je devais faire n'importe quoi, qu'en penserait ma mère et blablabla, et là je me suis dit que ma mère, elle n'en pensait rien, puisqu'elle n'appelait pas, et ça m'a fait glousser. J'avais bu un coup de trop, je crois.
La gifle est partie très vite.
Je me souviens encore du bruit qu'elle a fait sur ma joue. Douche froide. J'ai regardé Myriam. Elle n'a rien dit. J'ai été me coucher.
*
J'ai décidé de retourner chez Nora ce soir.
Puisque Myriam cherche la guerre, elle va la trouver.
VOUS LISEZ
La Théorie de l'Ennui (REPUBLICATION)
JugendliteraturSe faire rejeter juste avant un cours sur les économies monde est assez loin de ma définition du bonheur. Voire très loin. Je n'aurais donc jamais pu imaginer que ça me permette d'imaginer la théorie la plus brève, la plus évidente, et la plus far...