1. Distance professionelle

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«  Existe-t-il réellement un instant, aussi court et futile soit-il où chacun de nous réalise qu'il est heureux ? Une certaine prise de conscience où le temps se suspend et où l'on se rend compte que rien ne manque?  Dans l'éducation que j'ai reçu...

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« Existe-t-il réellement un instant, aussi court et futile soit-il où chacun de nous réalise qu'il est heureux ? Une certaine prise de conscience où le temps se suspend et où l'on se rend compte que rien ne manque? Dans l'éducation que j'ai reçue il suffit de trouver un travail, un logement et fonder une famille. Mais le serais ?-je vraiment lorsque tout cela sera enfin accompli? Est-ce qu'au seuil de ma mort, je pourrai me dire « J'ai réussi »?

Et ce mythe autour de l'amour... Le grand, le véritable, est-ce une légende? Se pourrait-il qu'une seule personne soit destinée pour chacun d'entre nous? Quelqu'un capable de venir nous chercher là où nous sommes vraiment et de répondre à nos attentes ? A ce que l'on dit, les âmes soeurs finissent par se trouver quand elles savent s'attendre . Foutaises ! moi, personne ne m'attend. "

Je scrute l'écran encore quelques secondes et finit par enregistrer mes pensées. Cela fait quelques jours que je publie certains de mes maux sur cette communauté littéraire . J'aime imaginer que, parmi les milliers d'internautes, quelques-uns lisent ce que j'écris et que peut être, certains s'y retrouvent. Je baisse l'écran de mon ordinateur portable et passe mes doigts dans mes longues ondulations brunes.

Cinq heure du matin, l'inspiration m'a brusquement réveillée et lorsqu'elle se présente je n'hésite pas à jeter mes écrits sur la toile. Pourtant , cette fois-ci l'horaire ne m'arrange pas du tout. Je dois être chez mon premier patient dans moins d'une heure.

Je me lève péniblement du canapé , repoussant le plaid, ma tasse de thé et le nombre incalculable de coussins en soie rouges que ma chère et tendre colocataire Luna a ramenés d'Inde. Nous avons poursuivi nos études d'infirmière ensemble, et si elle a préféré l'aventure de l'humanitaire, je me suis dirigée vers le libéral. Bien que nous soyons les opposés en terme de carrière ou de mode de vie, elle m'apporte cette touche de folie qui me manque cruellement.

Moi, je n'ai jamais vraiment été attirée par le danger, le changement ou les situations déstabilisantes . Je me complais dans ma routine et mon quotidien planifié. Le constant me rassure, mes journées et mes semaines se ressemblent: Les mêmes horaires, les mêmes patients, le même secteur, une visite mensuelle chez mes parents, un rendez-vous tous les jeudi soirs au « Prémium » avec mon ami Pierre afin de découvrir les nouveaux groupes de rock. Je pensais être heureuse comme ça. Du moins, jusqu'à ce que je me pose vraiment la question.

Tout en prenant la direction de la salle de bain, je fais bien attention de ne pas faire craquer le vieux plancher. Tel un funambule, mes mouvements sont lents, étudiés et précis. Mais autant les comparer à ceux d'un éléphant dans un magasin de porcelaine puisque j'aperçois la porte de la chambre de ma colocataire s'ouvrir doucement.

« Déjà debout?

Me demande -t-elle dans un demi-sommeil, passant une main dans sa tignasse blonde décoiffée. Sa chevelure est un mystère pour moi, l'épaisseur de ses boucles et ce désordre capillaire m'a toujours laissé sans voix. Si un merle passait par là, il en ferait son nid à coup sûr.

BreatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant