Existe-t-il réellement un instant, aussi court et futile soit-il où chacun de nous réalise qu'il est heureux ? Une certaine prise de conscience où le temps se suspend et où l'on se rend compte que rien ne manque ?
La vie d'Eléa, jeune infirmière, es...
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Eléa
Prenant soin de réajuster une dernière fois ma coiffure, je glisse mes doigts entrelacés dans les ondulations que forment mes cheveux. Je voulais donner à cette tignasse plus de volume que d'ordinaire. Alors j'ai essayé "la méthode Luna" qui consiste à secouer sa tête comme une forcenée au-dessus de la baignoire. J'aimerais tellement que mon amie soit là, appuyée contre l'encadrement de la porte. À me faire de grands gestes durant une interminable tirade, tout en m'offrant ses conseils les plus farfelus. Je sais qu'elle ponctuerait sa narration par un "tout va bien se passer", avant de me serrer dans ses bras. Mais j'ai appris à raisonner seule ces derniers temps, ce soir ne sera pas l'exception.
Pourtant, je ne peux m'empêcher d'imaginer ce qu'elle aurait pensé de ma tenue. J'ai choisi une longue robe bleu nuit en satin. Épousant parfaitement les courbes de mes hanches. De petites fleurs blanches sont brodées tout au long du décolleté, soutenu par de fines bretelles. Je crois qu'elle la qualifierait de "robe spécialement conçue pour les grandes occasions".
Est-ce que ce soir en est vraiment une? Bien que je veuille que tout soit parfait, Ethan n'aura pourtant pas la possibilité de me voir. C'est le Deal. Non négociable.
Je passe mon index sur la commissure de mes lèvres afin de réajuster mon rouge à lèvres rose vif. Et me répète la phrase qui m'a donné l'impulsion d'accepter ce rendez-vous.
C'est la dernière fois .
Je pousse un long soupir en détaillant ma silhouette. Tout prendra fin après cette soirée et je devrais m'en réjouir. Après tout , c'est moi qui l'ai imposé. Mais je ne peux empêcher certaines questions d'assaillir mon esprit.
Que va -t-il m'arriver ce soir? Et ensuite, que se passera-t-il? Serais-je la même en revenant ici?
J'essaie tant bien que mal de me reprendre. Ces jeux doivent prendre fin. Ce n'est pas le moment de faire machine arrière, j'ai réellement besoin de retrouver une stabilité dans ma vie. Et le plus tôt sera le mieux.
Je me dirige alors activement vers la porte d'entrée, mais ne peux m'empêcher de me sentir coupable lorsque je jette un oeil en direction de la chambre de Pierre. Il est toujours à l'intérieur et si jamais il décidait de refaire surface, je voudrais être là et pouvoir le serrer dans mes bras. Mais je n'ai aucune certitude que cela se réalise ce soir, et égoïstement, je pense qu'un petit bol d'air me ferait du bien. Il faut que je sorte quelques instants, que je respire.
À moins que cette soirée ne me fasse suffoquer. Une fois de plus.
Je laisse tout de même un petit mot devant la porte de mon ami ,juste au cas où.
"Pierre, je suis sortie, si jamais tu décides, toi aussi, de sortir de cette chambre appelle-moi , je reviendrai aussitôt. Je t'aime ".
Je scrute une dernière fois ces lieux qui le retiennent prisonnier, avant de fermer la porte et de chuchoter pour m'en convaincre
