A LIRE AVEC LA MUSIQUE.
Et pour la toute première fois, je vis Ethan. Je le vis vraiment.
Il est là, face à moi, les mains dans les poches de son Jean parfaitement ajusté. Un demi-sourire aux lèvres.
Il est beau, scandaleusement,furieusement, outrageusement beau.
Je ne parle pas de cette beauté parfaite, sans défauts, mais de son charisme qui transpire au-delà de sa chemise noire déboutonnée. De la façon qu'il a de passer une main dans ses cheveux, gêné. De la manière qu'à sa mèche brune, indomptable, de venir se poser sur son oeil. De ses sourcils noirs fournis qui contrastent avec le bleu de ses yeux. Et qui s'élèvent, provocants, devant ma décontenance. Ce regard... Son regard que je rencontre enfin, fait défaillir mon âme. Et là, c'est la chute libre.
Ma respiration se coupe. Mon coeur, lui, loupe un battement, plusieurs battements. Quand à mes jambes elles ne répondent plus de rien. Je ne réponds plus de rien. Déboussolée, je ne parviens pas à le regarder dans les yeux. Ce regard si perçant est presque douloureux. Me faisant perdre le fil, le dé à coudre et presque la robe.
— Bonsoir Eléa.
Il vient de lâcher ces mots en un murmure presque inaudible . Et même s'il les a déjà prononcés quelques instants plus tôt, cette fois-ci, ils rendent officielle notre rencontre . De voir ses lèvres articuler ainsi mon prénom provoque en moi, une légère secousse. Cet instant, je l'ai imaginé des dizaines de fois secrètement. Pourtant je ne soupçonnais pas qu'il allait tant me déstabiliser. J'ouvre la bouche mais suis incapable de formuler une phrase cohérente.
Reprends-toi Eléa, respire.
Je réitère alors une tentative, mais brusquement ce pourquoi je m'enfuyais me reviens violemment à l'esprit.
Pierre.
Je tourne rapidement les talons et franchis cette porte une fois pour toute. L'air devenu plus frais me ramène violemment à la réalité, refermant la parenthèse sur ce qu'il vient de se produire. Par chance, un taxi attend non loin du restaurant. Et lorsque j'ouvre la porte pour m'engouffrer à l'intérieur , on me saisit le bras. J'aperçois alors cette main qui a créé en moi de petites décharges électriques, quelques instants plus tôt. Et lève les yeux sur son propriétaire.
— Laisse-moi faire le trajet avec toi.
Ce n'était pas une demande, mais un ordre. Son expression grave vient de me le confirmer. Et sans que je n'aie le temps de répondre, Ethan me fait entrer dans l'habitacle, prenant place à mes côtés. J'essaie de prendre un air décontracté, alors qu'il n'est qu'à quelques centimètres de moi. Une de ses mains est posée avec assurance sur sa cuisse, et lorsqu'il boucle sa ceinture, son bras frôle le mien. Ma peau frissonne alors, réclamant sa caresse.
— Quelle adresse? Me demande le chauffeur de taxi tout en jetant un regard dans le rétroviseur intérieur.
— Chemin de Lubet.
Ethan vient de répondre à ma place avec une assurance diabolique. Me faisant remarquer une nouvelle fois qu'il est en possession d'information que je ne lui ai pas autorisé à avoir. Me crachant au visage son arrogance et sa manière de vouloir tout contrôler.
— Je sais encore parler, Ethan. Fulminé-je
— Pourtant, tu as eu du mal à le faire jusqu'à maintenant.
C'est parti, le sarcasme nous accompagne même dans le taxi. Je ne réponds pas et me contente de tourner la tête, irritée. Comment se fait-il qu'il puisse me faire changer d'humeur en un claquement de doigts? Et ce, après seulement quelques secondes d'entrevue. Je fixe le paysage qui défile et qui me rapproche de mon Pierre.
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Breathe
RomanceExiste-t-il réellement un instant, aussi court et futile soit-il où chacun de nous réalise qu'il est heureux ? Une certaine prise de conscience où le temps se suspend et où l'on se rend compte que rien ne manque ? La vie d'Eléa, jeune infirmière, es...