ETHANLe doux visage d'Eléa blêmit lorsqu'elle compris le secret du murmure plaintif de Madame Luquet dans la chambre voisine. Mais pourtant, à cet instant, la jeune femme reste silencieuse. Quant à moi, je ne la quitte pas des yeux, préparé à la secousse que causera le chagrin lorsqu'elle comprendra ce que son coeur sait déjà.
Son patient s'en est allé, pourtant la jolie brune ne cille pas, le regard dans le vide, perdu à travers la fenêtre donnant sur un verger calme et abondant. Je n'ose m'approcher, ni prononcer quelconque parole, de peur de créer un séisme dans son esprit. N'osant rompre ce silence appelé plus communément " le calme avant la tempête".
Soudain, sa petite main attrape le revers de la table pour se soutenir. Signe infime que quelque chose vient de se produire en elle. Mais Eléa ne dit toujours mot. Et puis, sans prévenir verrouille son regard au mien.
Il ne m'en faut pas plus, instinctivement, je me rapproche d'elle et la prends dans mes bras. Lui offrant la permission de se laisser aller. Eléa ne me repousse pas, mais ne fait aucun geste en retour. Elle reste seulement comme cela, immobile, figée comme une statue de cire. Je donnerai tout pour entendre ce qu'elle tait. Les secondes s'écoulent, et l'inquiétude m'envahit alors.
Oh Eléa pourquoi ne réagis-tu pas ? Que ce passe-t-il dans ta jolie petite tête ? Je t'en prie laisse toi aller.
Alors, je resserre mon étreinte désespérément, puis, contre toute attente quelque chose se produit. Quelque chose qu'une fois encore, je n'avais pas envisagé. La jolie brune murmure quelques mots contre mon cou.
Et dans cette petite cuisine, le temps se suspendit alors. Tout comme ma respiration pour la première fois depuis des mois. Voilà le calme. Celui qui me permet d'assimiler ses quelques mots prononcés tout bas. Celui qui me tient en haleine, jusqu'à la seconde où tout basculera. Jusqu'à la secousse que causera le chagrin lorsque je comprendrai ce que mon coeur sait déjà.
Et en un battement de cil, sans me laisser une seconde de plus de répit, le temps repris ses droits.
Un soupir s'échappe alors douloureusement de mes lèvres, puis, lentement, une larme perle sur ma joue et vient s'échouer au creux de celles-ci. Une seconde l'accompagne lorsque mes paupières se scellent. Malgré mes efforts pour réfréner cette tempête et son torrent salé.
" Je te déteste". Trois mots. Trois petits mots lourds de sens qui s'insinuent dans ma poitrine pour venir piétiner mon coeur. Elle dit " je te déteste", alors que paradoxalement, j'entends l'inverse. Mais ces larmes ont un tout autre sens, car à cet instant, dans cette petite cuisine, je comprends que je viens de perdre celle qui se tient dans mes bras. Définitivement. C'est une Eléa épuisée de toutes émotions, figée qui me repousse silencieusement.
Quelle ironie, et quel imposteur je fais. Moi qui avais pour but de lui faire éveiller des émotions qu'elle ne soupçonnait pas, aujourd'hui, je sais que je lui ai tout pris.
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Breathe
RomanceExiste-t-il réellement un instant, aussi court et futile soit-il où chacun de nous réalise qu'il est heureux ? Une certaine prise de conscience où le temps se suspend et où l'on se rend compte que rien ne manque ? La vie d'Eléa, jeune infirmière, es...