17. Sur le cul

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L'eau de la douche ruisselle sur mon corps encore en éveil des émotions de ces dernières heures. Je n'arrive pas encore à bien assimiler ce qu'il vient de se produire . Mais malgré l'odeur de vanille qui emplit toute la salle de bain, je peux encore sentir le parfum envoutant d'Ethan sur mes cheveux . Je me surprends à désirer m'en imprégner , afin que le souvenir de ce qui s'est produit ce soir ne s'estompe pas . Dans le but de conserver une part de réel dans cet évènement qui semble être sorti tout droit d'un roman de Marc Levy.

Et pourtant tout cela était vrai , il était bien là ce soir à mes côtés , et pour la toute première fois nous avons eu un semblant de contact. J'ai pu le toucher , savourer la douceur de ses gestes . J'ai pris un infime plaisir à détailler les traits de son visage en l'imaginant sous ce masque. Je me remémore le sourire qui l'a animé à mon contact et ce souvenir m'emplit de joie. Encore une fois .

Dans un soupir, je m'adosse au carrelage brulant de la douche , passant une main sur mon visage. 

Que va -t-il se passer désormais? Est-ce que je suis la seule à avoir éprouver toutes ces émotions ce soir ? Y aurait-il une chance pour qu'elles soient réciproques ? Est-ce normal de porter autant d'attention à quelqu'un dont je ne sais pratiquement rien ? 

J'aimerais en savoir davantage sur lui , sur ce qu'il affectionne, ou non. Mais surtout sur ses motivations qui le poussent à entreprendre tout ce manège . Entretenir simplement une relation que chacun qualifierait de normale et saine . Vraisemblablement, il est possible que cette situation semble absurde aux yeux de tous, puisqu'elle est étrange aux miens. Mais je ne sais tout simplement pas si la normalité fait partie du contrat. 

Soudain, j'entends un tintement m'avertissant de l'arrivée d'un message . Je tire brusquement le rideau de douche sans prendre la peine d'éteindre l'eau. Enjambe la baignoire à une telle vitesse que lorsque mon pied se pose au sol, il glisse dangereusement sur le carrelage . Mon corps tout entier est happé en arrière. Et mon postérieur se retrouve brusquement dans une marre d'eau froide à même le sol. 

Chier !

Je tends douloureusement le bras et saisis mon téléphone, le cul toujours par terre.  

22h23 Luna : Petite escale, j'en profite pour t'envoyer un message. Tout va bien . Je t'embrasse.

La déception me gagne.

Tout ça, pour ça.

 Je passe une main sur ma peau endolorie et je comprends alors qu'il est trop tard pour moi. Je suis résignée à attendre le moindre fait et geste provenant de cet homme. Me précipitant à chaque signal qui me lierait à lui. Je réponds tout de même à mon amie et lui souhaite une bonne nuit avant de réduire mon téléphone au silence. Mon coeur ne pourrait supporter une nouvelle alerte et mon fessier, une nouvelle chute.

Je noue une serviette autour de moi et me dirige vers ma chambre . La journée fut rude et il faut absolument que je trouve le sommeil puisque je prends la route demain. Le fait de me retrouver dans ma ville natale chez mes parents m'aidera surement à y voir plus clair.

 Mes parents...Que diront-ils de tout ça ? 

Je sais qu'ils ne manqueraient pas de me faire remarquer la dangerosité d'une telle relation. Et ils auraient raison.

Je me glisse sous les draps, éreintée, avant d'éteindre la lampe de chevet . L'obscurité et le calme emplissent toute la pièce. C'est la première nuit que je vais passer seule. Sans Luna et ses défilés d'amants. Sans nouvelles de Pierre pris au piège par son passé. Le silence, comme je l'avais prédit, me rend mal à l'aise et c'en est presque oppressant. Je me tourne plusieurs fois, essayant de choisir la meilleure position pour trouver le sommeil. Provoquant intentionnellement le bruit qui me manque ce soir.

Après de longues minutes de bataille avec mon oreiller , mes draps et le sommier, je décide de brancher mes écouteurs. Si la musique adoucit les moeurs , elle m'aidera peut-être à rejoindre Morphée.

Mais lorsque l'écran de mon téléphone s'éclaire, il me faut quelques instants pour réaliser que le prénom d'Ethan y est inscrit fièrement. Ces cinq lettres qui me narguent et qui me poussent à me dresser tout droit comme un "I" . Cinq lettres qui étaient consignées là sans que je ne le sache. Ces cinq lettres qui provoquent en moi une rapide et intense décharge d'adrénaline. 

Voilà l'effet que cet homme a sur moi dorénavant . 

23H00 Ethan : Merci pour ce moment.

Que faut-il que je lui réponde ? Est-ce le moment de lui faire part de ce que je ressens et des questions que je me pose? S'il me remercie , alors il y aurait une chance pour qu'il existe une réciprocité? 

J'ai l'impression de devenir folle. Ce n'est qu'un simple message, bon Dieu. J'opte pour une réponse courte et neutre.

Moi : Merci à toi.

Adossée à la tête de lit, les minutes qui me séparent de sa réponse me paraissent une éternité. Accrochée comme à une ancre à mon petit appareil à émotions . Et c'est lorsque l'écran s'éclaircit une seconde fois que l'espoir que nous entretenions une toute autre relation me gagne.

Ethan : Je t'avais dit que je te ferai danser sur n'importe quelle chanson. Passe une bonne nuit, Eléa.

Je lève les yeux au ciel devant ce dernier message. Ayant cerné un tant soit peu le personnage, je peux aisément imaginer qu'il jubile de sa réponse. Et ma réaction face à ces échanges me place devant le fait accompli.  Si j'étais réticente lorsque tout ce petit jeu s'est mis en place, aujourd'hui je suis impatiente qu'il continue. Et le sourire niais qui s'est formé sur mes lèvres me force à me rendre à l'évidence . 

Il avait raison, je crois que finalement j'avais besoin de tout cela. Ethan est en train de me faire vivre. De me rendre plus vivante que jamais. 

Alors, ce soir là, je me suis endormie l'esprit léger, le coeur empli d'espoir et avec un terrible mal aux fesses. 

BreatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant