Existe-t-il réellement un instant, aussi court et futile soit-il où chacun de nous réalise qu'il est heureux ? Une certaine prise de conscience où le temps se suspend et où l'on se rend compte que rien ne manque ?
La vie d'Eléa, jeune infirmière, es...
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J'ai saisi sa main. J'ai saisi sa main dans un dernier effort. J'ai saisi sa main parce que lui seul me la tendait. J'ai saisi sa main en signe de confiance , mais je l'ai surtout saisi afin que ce cauchemar se termine.
À terre , Matt m'a alors libérée de ces épines qui me retenaient prisonnière. Il m'a happée, élevée et nous avons finalement continué notre excursion, nos doigts entrelacés.
L'atmosphère est devenue moins oppressante , le ciel a petit à petit refait surface. Je ne sais combien de mètres nous séparaient de ce point d'honneur, je ne les ai pas comptés. Seul l'air qui entrait dans mes poumons était important. Inspiration, expiration. Deux petits mots répétés inlassablement , qui m'ont conduite au bout de cet interminable sentier.
Matt s'est alors immobilisé et ses fantastiques yeux bleus se sont plongés dans les miens. Et en battement de paupière, j'ai compris que nous étions enfin arrivés. Alors, j'ai détourné mon regard.
Et là , j'ai réellement respiré.
La forêt de pins laisse maintenant place à une colline verdoyante. Comme prisonnière dans ce sous-bois, une brise plus forte caresse maintenant mon visage , s'engouffrant ardemment dans mes cheveux. Et au loin, l'infini. Le soleil cherche à se faire une place au milieu de ces nuages rosés qui se confondent avec l'eau du lac en contrebas.
Entraînée par une force invisible, j'aborde les quelques rochers massifs non loin de moi. Je m'approche autant que je le peux. Jusqu'à avoir l'impression que le bout du monde s'arrête à mes pieds.
Quelques baigneurs matinaux exécutent leurs premières brasses. Je ne peux les distinguer, semblables à de petites taches d'encre disposées un infini de bleu. Les plus sages sont simplement assis sur le sable. Ne pouvant détailler leurs gestes je me plais à les imaginer un bouquin à la main. Ou simplement en train de contempler, comme je le fais, l'immensité du lac. Le cri de deux enfants jouant à la course poursuite se mêle au décor . Mes paupières se ferment un instant et je savoure l'entrée d'air à chaque inspiration. Quelques gouttelettes d'eau accompagnées par le vent se posent délicatement sur mon visage, au gré de la brise matinale. C'est alors que le jeune artiste prend discrètement place à mes côtés . Partageant mon silence, respectant ce moment de paix. Ce n'est que lorsque j'ouvre les yeux qu'il s'autorise à articuler quelques mots.
— Voilà où nous... Pardon, où j'ai passé le plus clair de mon temps étant enfant.
— C'est un très joli endroit.
— Oui, et il y a de quoi faire. Pêche, padle, canoé, barque, water jump.
— Water quoi ?
— Water jump , c'est un sport de glisse aquatique. Tu as le choix entre différentes pistes , toboggan, bouée, vélo. Avec un peu d'élan et de la vitesse, tu peux effectuer des sauts magistraux au-dessus de l'eau . Tu disposes également d'un parcours flottant pour ceux qui n'apprécient pas les sensations fortes.
