14. Le retour de la main blessée

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L'heure de cours est enfin terminée. Je ne sais pas si je m'en hâtais, ou si je redoutais ce moment étant donné que Jonathan va vouloir qu'on lui fournisse des explications. Mais je peux au moins sortir prendre l'air. Pendant les quelques minutes qui restaient, j'ai été reprise plusieurs fois de vertiges sans en avertir qui que ce soit, d'abord pour ne pas perturber le cours, et aussi parce que je ne voulais pas repartir, ce qui serait sans doute arrivé si je m'étais plaint. Nous sortons tous et je peux enfin respirer. Enfin, si je puis m'exprimer ainsi puisque Jonathan me bombarde de trop nombreuses questions.

- Est-ce que tu vas bien ?

- Oui, je te l'ai dit, je n'ai rien.

- Alice, tu as eu un accident de moto, arrête de dire que ce n'est rien.

On croirait entendre Thomas, mais sa voix est plus douce, moins accusatrice.

- Et regarde, je suis debout maintenant. Thomas m'a emmené à l'hôpital, ils ont pu me soigner.

Bon d'accord, c'est la semi-vérité puisque qu'ils n'ont pas réellement eu le temps de me faire quoi que ce soit, mais en somme ce n'est pas un mensonge.

- D'ailleurs, comment ça se fait que vous étiez tous les deux ?

Il a l'air déboussolé, il nous a posé la question à Thomas et à moi ce qui a eu pour conséquence de déstabiliser aussi Thomas. Quant à moi, j'ai fais une belle gaffe. Nous ne répondons rien tandis que Jonathan attend patiemment des explications.

- Je... Nous nous sommes croisés sur la route, lancé-je comme la pire excuse du monde.

Jonathan soutient son interrogation, attendant plus de détails, alors je continue :

- Je devais aller bosser ce matin, j'ai eu un appel en urgence. Et quand j'ai eu mon accident, il se trouve que Thomas roulait juste derrière moi...

- Je ne savais pas que c'était elle, poursuit ce dernier. C'est quand je l'ai vu allongée sur le sol que je l'ai reconnu. Je l'ai emmenée à l'hôpital, et comme sa moto était fichue je l'ai ramenée ici.

Jonathan a l'air de gober notre histoire, qui est en grande partie vraie quand on y pense, et ne pose plus aucune question.

***

Après avoir déjeuner, Jonathan nous informe qu'en vue du prochain tournoi de volleyball, ses entraînements seront plus fréquents, en particulier durant l'heure de pause de midi. Et ce, à partir d'aujourd'hui. Nous l'accompagnons donc jusqu'au terrain et nous nous installons dans les mini gradins alors qu'il se dirige vers les vestiaires pour se changer. Il en ressort quelques minutes plus tard en short et t-shirt aux couleurs de l'équipe, à savoir le vert et le blanc. Il se tourne vers nous en me regardant et me fais un signe de la main. Je le lui rends plus discrètement que ce qu'il avait fait, ne voulant pas me faire remarquer mais ne voulant pas non plus avoir l'air de lui faire la tête. Cependant, Thomas remarque notre échange et se fait un malin plaisir à le commenter :

- Ne vous gênez surtout pas pour moi.

- Je te demande pardon ? lâché-je, n'aimant pas ses insinuations.

- Tu sais très bien ce que je veux dire, souffle-t-il.

Non, je ne sais pas. Et je voudrais qu'il m'explique avec plus de détails parce que s'il y a une chose que je n'aime pas et qu'il n'a pourtant pas l'habitude de faire c'est tourner autour du pot.

- Écoute, je ne sais pas ce que tu penses, mais tu peux faire une croix dessus, quoi que ce soit.

Je m'adosse violemment contre le siège en plastique de la chaise et me tourne vers le terrain, où Jonathan m'adresse un dernier sourire que je lui rends franchement avec l'intention d'énerver Thomas. Mais ce qui en résulte n'est pas de l'énervement. En fait, ça ressemble plutôt à de la surprise.

Affaire d'ÉtatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant