32. Invité surprise

806 50 4
                                    

Comme à notre habitude, cette discussion ne nous a amené à rien, si ce n'est envenimer encore plus notre relation déjà assez compliquée. Nous sommes retournés à la fête comme si de rien n'était, mais nous savons tous les deux que quelque chose dans nos visages nous trahit. C'est ce quelque chose qui montre que nous avons chacun de notre côté, un, ou même plusieurs problèmes à régler. Thomas ne me fait pas confiance, et forcément je sais très bien quand je dis la vérité ou pas. Je ne peux donc pas juger mon comportement par mon simple avis, ce ne serait pas du tout objectif. Seulement le fait qu'il ne me fasse pas confiance n'est pas juste son problème, c'est aussi le mien. Il est indispensable qu'il puisse me dire ce qui s'est passé ce soir. Ça ne peut pas être une coïncidence que ce soit  lui qui soit arrivé, et il doit y avoir quelque chose de lourd derrière tout ça pour que Thomas ne m'en parle pas. De mon côté non plus, d'ailleurs, je n'arrive pas à lui accorder ma confiance. Je ne sais jamais comment il peut réagir face à certaines situations. S'il va s'en moquer, en rigoler, ou me faire la tête pour une chose dont j'ignore l'existence.

La soirée recommence donc alors que je tente de dissimuler ma mauvaise humeur en adressant un sourire à Jonathan, et un regard de remerciement à Magali qui a rempli sa tâche à la perfection.

Le jeune homme qui m'a accompagné en début de soirée me propose une danse, pour remplir le rôle de bonne cavalière que je suis. La musique n'est pas rock, elle n'est pas assez douce pour un slow, juste ce qu'il faut pour faire quelques pas par ci par là, sans trop se donner de la peine. J'accepte donc, avant que la musique ne change. Nous ne nous cassons pas la tête, mais nous nous prenons simplement les mains dans les mains, puis nous dansons, si je puis dire car cela ressemble à tout sauf à des pas de danse, au rythme de la musique. Jonathan me fait faire quelques tours sur moi-même, et nous nous amusons comme cela un moment. Ce n'est pas si terrible finalement, une danse. Il suffit simplement d'avoir le bon partenaire. Mais ce n'est pas pour ça que je recommencerai de sitôt, ni que je m'inscrirai dans une école de danse, ni que je commencerai à fréquenter les boîtes de nuits.

Lorsque nous terminons enfin cette danse, qui m'a fatiguée beaucoup plus que ce que j'aurais voulu, nous allons nous tourner vers le buffet pour nous servir un énième verre de cocktail. J'espère sincèrement qu'il en ont prévu assez, parce qu'avec la chaleur qui s'est installée, il y a un risque pour que les saladiers en verre se vident plus vite que prévu. Je suis impressionnée de voir que ma coiffure tient après tout ça et avec toute cette humidité, et qu'elle n'a apparemment même pas bougé d'un poil. J'espère que je pourrai l'enlever correctement en arrivant ce soir, parce que je n'ai pas envie de me débattre encore après cette soirée.

Il est presque minuit, la soirée a débuté de moitié, et je reçois encore et déjà un autre bruit dans l'oreillette. Je regarde Jonathan, en train de se servir un verre. Lorsqu'il a fini son affaire, je le traîne par le bras de l'autre côté de la salle, en restant focalisée sur les paroles qui me parviennent pour l'instant mal à l'oreille.

— Tu ne voulais pas un verre ? demande Jonathan alors que nous traversons la foule de danseurs.

— Non, je n'ai plus soif.

Nous arrivons enfin à notre troupe, et je vois que Thomas me lance un regard perplexe. Il tente de deviner les paroles que le gardien envoie à son micro, mais le bruit à l'intérieur du gymnase résonne, et cela nous est difficile de distinguer ses paroles.

— Un... rus... enc... nez... rifier.

Je tape sur mon micro pour indiquer au gardien de répéter, et quand il le fait, tout devient plus clair :

— Un intrus est encore là. Venez vérifier.

Je regarde instantanément Thomas qui lève ses yeux vers moi. Décidément, cette soirée est loin d'être terminée, et notre boulot aussi. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à chambouler les uns à la suite des autres ce soir ? Thomas commence à s'avancer pour y aller, mais je l'arrête tout de suite. Cette fois je ne vais pas le laisser faire. Je ne me laisserai pas avoir une seconde fois.

Affaire d'ÉtatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant