44. Retour compliqué

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Je finis d'écouter attentivement le récit de Thomas en mémorisant le plus détails possible qui pourraient m'être utiles pour l'enquête. Puis, quand il termine, un silence s'installe dans l'appartement. Je réfléchis encore quelques instants et finis par briser ce silence.

— Tu sais, je pense que cette fille avait raison.

Thomas lève ses yeux vers moi, jusque là baissés sur ses mains qu'il ne cessait de regarder lorsqu'il parlait.

— Jonathan a le même état d'esprit que toi. Je suis certaine qu'il sait quoi faire à l'heure qu'il est. Et même s'il est en mauvaise posture, je suis sûre qu'il va bien, et qu'on ne va pas lui faire de mal. Parce que s'ils ont attendu aussi longtemps pour agir, c'est parce qu'ils avaient quelque chose en tête. Ces menaces datent d'il y a plus de deux ans maintenant, ils n'auraient pas attendu tout ce temps s'ils ne préparaient pas son enlèvement et l'organisation de sa séquestration.

Thomas se lève du canapé et commence à faire les cent pas dans le salon, n'arrêtant pas de bouger ses bras dans tous les sens, incapable de rester immobile, et penchant la tête en arrière pour réfléchir. Tandis que moi, je me lève pour commencer à m'en aller, le remerciant de son témoignage. Mais il m'arrête et me demande sur un ton vif :

— Pourquoi est-ce qu'ils l'ont enlevé, à ton avis ? Jonathan ne sais absolument rien à propos des affaires de son père, il ne pourra leur apporter aucun indice sur leur chiffre d'affaire, les productions qu'ils créent à l'année, ou les machines qu'ils utilisent. Donc ce n'est pas pour le faire parler.

J'expire bruyamment et y pense sérieusement. Cette hypothèse était effectivement valable mais si, comme le dis Thomas, ce n'est pas pour des informations qu'ils s'en sont pris à lui, je ne vois qu'une seule chose qui pourrait le justifier. La demande de rançon.

— Ils veulent peut-être de l'argent en échange de son renvoi chez lui. C'est la seule autre chose qui me vient à l'esprit.

— J'y ai déjà pensé, mais pourquoi les hommes de Fickelman demanderaient-ils de l'argent ? Ce gars est déjà plein aux as, ça ne lui servirait à rien !

— Comment est-ce que tu peux être aussi sûr que c'est lui qui a commandité son enlèvement ? répliqué-je. Je te rappelle qu'il a été arrêté depuis plusieurs jours déjà. Et il n'a plus de communications avec l'extérieur depuis.

Un silence s'en suit. Thomas est à bout, et je pense qu'il se met à croire n'importe quoi parce qu'il veut trouver la solution à son problème. On veut tous trouver la solution, mais il ne faut pas pour autant qu'on s'éloigne de notre première voie. Si on s'en éloigne pour aller sur des pistes bancales, on ne peut pas y arriver. De toute façon, je n'en tiens pas compte puisque je m'apprête à partir, continuant mon enquête comme je l'avais commencé. C'est-à-dire toute seule. Je ne peux pas m'occuper de l'égarement de Thomas si je veux me concentrer sur mon propre travail. J'ouvre la porte pour sortir et Thomas lève les yeux vers moi en entendant le bruit.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je vais voir Fickelman. Il est le seul à pouvoir nous dire ce que nous voulons savoir. Si ce sont bien ses hommes qui ont enlevé Jonathan, il ne pourra pas le cacher.

Je sors et ferme la porte derrière moi. Puis, je descends les escaliers et rejoins ma moto à l'autre bout de la rue. Je m'apprête à enfiler mon casque quand j'entends une voix de l'autre côté de la rue.

— Thomas ? Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je viens avec toi. Il est hors de question que je rate l'occasion de voir Fickelman.

Je pose machinalement mon casque sur la moto avant de réagir :

— Non. Je ne bosse plus pour Stevens maintenant, je te rappelle.

Affaire d'ÉtatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant