52. Changements d'humeur

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Les lunettes maintenant sur les nez pour passer devant les molosses qui gardent l'entrée des appartements de Hale, j'attends de me retrouver dans la cage d'ascenseur avant d'appuyer sur le bouton que Thomas avait touché la dernière fois, et qui m'avait fait légèrement paniquer. Comme je m'y attendais, les lumières s'éteignent et de légères secousses se font sentir. J'allume mon micro, maintenant cachée des caméras.

— Avant qu'il ne soit trop tard pour faire demi-tour, dis-moi s'il faut que je fasse une dernière chose ici.

— Tu en as mis du temps, je ne t'entendais plus. Tu as interrogé Hale ?

Ce n'est pas ce que j'appellerai une réponse, mais je me contente de lui répondre :

— J'ai débranché le micro, je devais lui parler. Et non, je ne l'ai pas interrogé, il ne pouvait rien nous dire de plus que ce que nous savons déjà.

— Très bien. Dans ce cas, tu n'as plus rien à faire là-bas.

Très bien ? Je crois que c'est la première fois depuis longtemps que je n'ai pas à me justifier en détails sur mes actes. Ça, c'est nouveau. Je lui demande comment on fait pour faire redémarrer l'engin et il m'explique sur quels boutons je doit appuyer sans oublier de bien se moquer de moi pour m'être mis dans une situation pareille. C'était soit ça, soit la caméra me voyait parler seule dans la cage d'ascenseur. J'ai préféré ne pas prendre de risque. Mais alors que je vois le nombre d'étage monter petit à petit, bien qu'il n'y en ai que très peu sous le rez-de-chaussée, une idée me vient en tête. Elle n'est pas forcément ingénieuse, ni sans risque, et Thomas n'approuverai sûrement pas, mais je dois le faire. Ça nous aidera sûrement pour la suite de l'affaire si nous ne réussissons pas à la résoudre dans les prochains jours.

J'appuie sur le bouton du douzième étage alors que l'ascenseur n'est pas encore arrivé au niveau zéro. Je réajuste la perruque avant que les portes ne s'ouvrent sur deux hommes et une femme, me saluant de la tête avant d'entrer. Je leur rends le geste et me pousse sur la côté, bien que l'espace de la cage soit largement assez grand pour nous quatre. Le stress monte légèrement alors que les inconnus ne m'adressent aucune parole et aucun regard. La femme se contente de chuchoter avec l'un des deux hommes de l'affaire sur laquelle ils travaillent. Un soupire de soulagement me vient dès que j'entends la sonnerie de l'ascenseur retentir et mon étage s'afficher. Je demande pardon à ces personnes qui se décalent pour me laisser sortir. Je tente de rester naturelle tout en traversant le couloir, à la recherche de son bureau. Elle est ici, j'en suis certaine. Il ne m'ait pas difficile de voir à travers les façades transparentes qui séparent les différentes pièces. Après encore quelques mètres, je trouve un bureau avec, cette fois, les stores baissés. Aucun nom n'est inscrit sur la porte. Ce doit être elle. Je toque et n'attend pas de permission pour entrer. La jeune femme aux cheveux noirs lève la tête, surprise par cette intrusion, et fronce les sourcils en me voyant. Des papiers sont éparpillés sur son bureau, attendant certainement d'être triés.

— Excusez-moi, mais ici c'est mon bureau. Je peux vous aider ? demande-t-elle sur un ton froid.

Je ferme complètement les stores, et elle n'a pas le temps de réagir que je retire déjà les lunettes qui protègent mon identité. Le visage de la jeune femme se radoucit et montre cette fois de l'incompréhension. Elle veut dire quelque chose mais je la devance, ne voulant pas perdre de temps :

— Je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai besoin de ton aide, et cette fois à long terme.

— Qu'est-ce qui se passe, Alice ? Et qu'est-ce que tu fais là ? Si Stevens te vois, il te balancera en cellule.

— Je suis venue ici pour le voir, et avec ce costume, il état difficile de me reconnaître comme tu as pu le remarquer.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? continue de me questionner Zoé, voulant toujours des réponses quant à ma présence ici.

Affaire d'ÉtatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant