18. Chacun sa tâche

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- Qu'est-ce qu'il fait avec le proviseur ? s'étonne Thomas.

Je ne réponds rien. Je n'en sais pas plus que lui sur le coup. Aucun son sur cette vidéo ne nous permet de savoir ce qu'ils se disent mais ce qui est sûr c'est qu'il n'est pas là par hasard. Pas ici. Nous tentons de lire sur leurs lèvres mais en plus du fait que nous ne soyons pas très doués pour ça, l'image est de piètre qualité ce qui ne nous aide pas du tout.

- De quand date cette vidéo ? me demande Thomas.

Je regarde les paramètres de celle-ci avant d'affirmer :

- Du 3 septembre dernier.

- C'était le jour de la rentrée. Mon premier jour à Clinton Hill. Est-ce que tu crois qu'il est au courant de ce qu'on ai ?

- On n'aura qu'à demander à Stevens, il a l'air d'être courant puisque c'est lui qui est sur cette foutue vidéo !

Je crie sans m'en rendre compte et reprends en chuchotant cette fois :

- J'en ai assez qu'il nous mente sur tout. Tu penses qu'elle va durer combien de temps la période pendant laquelle il va se moquer de nous ?

- Arrête de dramatiser ! Stevens est dans notre camp, pourquoi tu réagis comme ça ?

- Et toi, pourquoi tu ne réagis pas ?

Je fais une capture d'écran et l'imprime pour pouvoir le montrer au patron. Je n'ai aucune envie qu'il nie l'évidence et qu'il s'en tire pour faute de preuve. L'imprimante fait un bruit monstre mais il n'atteint heureusement pas les oreilles des gardiens. Je plie la feuille lorsqu'elle sort de la machine et la fourre dans mon sac.

- Écoute, dis-je en direction de Thomas, si tu veux te laisser marcher dessus, c'est toi qui vois, mais moi je ne suis pas comme ça.

J'éteins l'ordinateur, me lève, pose mon sac sur une épaule et regarde par la vitre pour m'assurer que la voie est libre.

- Alors tu as le choix : soit tu m'accompagnes et tu m'aides à faire pression sur lui, soit tu ne fais rien et tu restes dans l'ignorance.

Je déverrouille la porte de l'accueil et m'engouffre dans le couloir encore sombre. Je cherche ma lampe torche en vain dans mon sac. Décidément, en ce moment, les sacs et moi, ça fait deux. Et Thomas qui n'est évidemment pas là pour m'aider mais encore dans l'autre pièce ! Je sursaute quand le faisceau d'une autre lampe m'éclaire dans le dos. Je me retourne, prête à me défendre si une quelconque personne vient m'arrêter, mais ce n'est que Thomas. Si il continue à me faire peur comme ça, je crois que je vais finir par faire une crise cardiaque.

Je souffle un coup et m'aide de cette nouvelle lumière pour chercher la lampe. Une fois celle-ci à la main, je continue mes recherches en me dirigeant vers un autre couloir pendant que Thomas opte pour un autre chemin opposé.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? lui demandé-je en le rejoignant, me mettant face à lui.

- Je vais voir le bureau de la conseillère d'orientation. Je te rappelle qu'on doit fouiller toutes les pièces capables de renfermer des indices.

- Crois-moi, tu ne trouveras rien dans celle-ci, lui assuré-je.

- Ah oui ! J'oubliais que tu es sa grande amie maintenant, lâche-t-il, ironique. Mais moi, je dois faire mon job.

Je pousse un râle d'impatience.

- Oh mais est-ce que tu es encore plus stupide que ce que je pense ? Elle s'appelle Stéphanie...

- Ah parce que tu connais son prénom en plus ! me coupe-t-il.

- Elle bosse avec nous, crétin !

Affaire d'ÉtatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant