16. Battons-nous sous la pluie

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Thomas souffle et se remet au travail, faisant comme s'il ne m'avait pas entendu. Je cherche ses yeux du regard, attendant qu'il me réponde, mais rien ne vient.

- Très bien. Si tu ne veux pas me répondre c'est que ça ne doit pas être si important... Tout comme ce bandage horrible, conclus-je agacée, tentant de le desserrer.

Il m'attrape la main pour que j'arrête ce que je fait et me regarde dans les yeux d'un air sévère.

- Si je ne dis rien c'est qu'il n'y a rien à dire. C'est ça qui te met dans cet état ? Et tu dis te sentir capable de recommencer à conduire ?

- Je veux savoir qui a voulu me tuer, c'est trop demander ? Et en passant, ce n'est pas en me broyant la main qu'elle va aller mieux.

Thomas regarde son geste. En tentant de m'arrêter, il a pris ma main d'une force qu'il n'a pas dû sentir. Il retire tout de suite la sienne et les traits de son visage se détendent. Son regard noir a complètement disparu quand il se retourne vers ce qu'il fait. Je décide de ne rien ajouter. Apparemment, ce n'est pas aujourd'hui que j'aurai une quelconque réponse.

- Personne n'a voulu te tuer... finit-il par lâcher. Je te l'ai dit... ça devait être quelqu'un de mal intentionné qui voulait s'amuser. Si c'était une des personnes qui en veulent à Jonathan, tu ne serais pas là à l'heure où on parle.

- Qu'est-ce qui te fais dire ça ?

- Parce que si ils avaient nos identités ils feraient tout pour nous éliminer.

Je fais confiance à Thomas sur ce point-là. Il faut que j'arrête d'y penser et que je passe à autre chose, mais je n'y arrive pas. Pour cela, il faut que je sache ce qu'il s'est passé en détails. Il faut que j'en ai le cœur net.

- Dis-moi ce qui s'est passé après l'accident.

Son visage se ferme d'un coup. Cela me surprend, ce n'est pas comme si on allait parler de son accident tout de même, je ne vois pas ce qui le met dans un état pareil. Il essaye d'insérer une petite pièce dans un tube en plastique mais n'y arrive pas. Sa main tremble à cause de sa concentration et ses doigts d'hommes ne l'aident pas. Je prends le matériel de ses mains et effectue la manipulation à sa place. Lorsque je pose le tout sur la table, je fixe Thomas pour qu'il me donne des réponses, qu'il le veuille ou non.

- Quand je t'ai vu tomber de ta moto, j'ai freiné le plus vite possible. Je suis sorti et sans que je ne sache comment, tu avais perdu ton casque dans ta chute. Tu étais toujours consciente, j'ai vu tes yeux ouverts mais tu ne montrais presque aucun signe de vie jusqu'à ce que tu ne les ferme. Je sentais ton cœur battre, et c'était la seule chose qui me montrait que tu étais en vie. Je t'ai porté jusqu'à ma voiture, installé sur la banquette arrière, et puis j'ai foncé à l'hôpital. Je savais que si je les appelais, ils mettraient plus de temps à venir que j'en ai mis à t'y amener. Arrivé à l'hôpital, je t'ai porté jusqu'à l'accueil où des médecins t'ont pris en charge. Je n'ai pas eu le droit de t'accompagner là où ils sont allés, et j'ignore totalement si tu as subi une opération, mais en tout cas ils ne m'ont rien dit de tel. Je suis venu te voir dans ta salle de réveil, Jonathan m'a appelé pour savoir où j'étais et où tu étais et...

- Tu lui as dit que tu n'en savais rien, le coupé-je.

- Je ne voulais pas l'inquiéter. Et puis, ça aurait semblé louche qu'on soit ensemble. Je préférais lui en parler avec toi, pour être sûr de ce qu'on allait lui dire.

Je hoche la tête, je comprend tout à fait son point de vue. Pour une fois. Mais il reste une petite chose qui m'échappe.

- Pourquoi est-ce que tu t'es fait passer pour mon fiancé ?

Affaire d'ÉtatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant