22 AVRIL 2001, LE JOUR OÙ TOUT A CHANGÉ

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Austin, Texas.

Je n'aurai jamais cru que revenir dans cette ville me ferait autant d'effet. Personne ne me reconnaîtrait, même les membres de ma famille qui vivaient encore ici et que je n'avais pas revus depuis mes quatorze ans. J'avais tout mis en œuvre pour que personne ne sache qui j'étais : j'avais changé de visage, nez, pommettes, lèvres, j'avais les cheveux noirs et je portais des lentilles permanentes de couleur verte, ce qui changeait de mes cheveux si blonds et bouclés et de mes yeux bleus, j'avais l'air de la parfaite petite texane.

Ça pourrait paraître extrême, mais laissez-moi vous raconter la suite de cette soirée, pour que vous compreniez pourquoi et comment j'en étais arrivée là...

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Ma mère hurlait, et j'entendis mon père courir dans les escaliers.

— Sara? Mais qu'est-ce qu'il s'est passé? Appelle une ambulance!

Il me porta et m'allongea sur le côté. Pour la première fois de ma vie, je vis mon père pleurer, lui qui était si joyeux habituellement, même dans les périodes tristes comme le décès de granny Johanne, il n'avait pas pleuré.

— Sara, ne t'endors pas, ne t'endors pas s'il te plait. Je suis désolé, qui t'a fait ça mon bébé, qui t'a fait ça?

J'entendis la sirène de l'ambulance et je me sentais sombrer. L'alcool, je ne savais pas combien de bouteilles j'avais bues, mais je ne tenais plus et perdis connaissance.

Mon réveil fut laborieux, j'avais mal partout, de la tête aux pieds, je mis quelques minutes à me souvenir de la raison de ma présence ici. Maman était avec moi, mais mon père était dans le couloir avec des policiers.

— Sara, tu es réveillée... Comment tu te sens? demande maman.

Ses yeux étaient rouges aussi.

— Sara, je sais que ce n'est pas le meilleur moment, mais il faut que tu nous racontes ce qu'il s'est passé. Peu importe, Sara, peu importe ce qu'il s'est passé, n'aie pas honte.

Maman savait, elle me connaissait et elle avait dû voir les marques sur mon corps, et le fait que j'étais presque nue. Mon père entra avec la police et il me prit la main délicatement, comme si j'étais en sucre. À cet instant, je me sentais juste perdue, je voulais rentrer à la maison et rester dans mon lit seule.

— Sara, la police est là pour que tu racontes ce qu'il s'est passé hier soir. Tu étais à la soirée d'Eric Pender.

Une femme s'approcha et se présenta.

— Bonjour, Sara, je suis l'officière Catherine Calum, tu es prête à parler?

Je regardais mes parents, ils ne laisseraient pas cette histoire passer, et moi non plus. C'était trop grave, ils m'avaient fait beaucoup trop de mal, je connaissais les termes : agressions sexuelles, coups et blessures, séquestration, ils devaient assumer les conséquences de leurs actes et je n'étais pas du genre à me laisser faire.

Je racontais donc tout à l'officier de police, tout ce qu'ils m'avaient fait faire et subir, chaque nom, chaque acte, tout, je devais repasser le lendemain faire ma déposition. Après ça, une gynécologue de l'hôpital est venue me faire un examen complet.

Je pus rentrer à la maison quelques heures après, et je montai directement dans ma chambre. En passant devant mon miroir, j'eus un choc. J'avais oublié que mes cheveux avaient été coupés, et ma coiffure ne ressemblait à rien, certains endroits étaient rasés. J'entrai dans ma salle de bain et pris une douche en me décapant presque la peau. J'avais mal, les brûlures à la cire, bien que superficielles, me faisaient souffrir.

Action ou VéritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant