CHUTE LIBRE

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Quatre heures du matin.

Je n'arrivais pas à dormir, c'était impossible avec tout ce que j'avais appris dernièrement sur ma famille, j'essayais de me souvenir d'un détail qui m'aurait échappé. Les années que j'avais passées avec ma mère étaient chaotiques et je n'avais aucun souvenir concernant la mort de papa qui m'avait marqué, rien. J'hésitais à la contacter, quitte à m'exposer, mais la connaissant, elle serait capable de me dire ce que je voulais entendre, surtout qu'elle n'avait fait que me mentir depuis toujours.

Des coups à la porte me sortirent de mes pensées, c'était surement Alex, il devait s'en vouloir d'avoir annulé notre weekend même si je lui avais dit qu'il devait s'occuper de Callie. J'ouvris la porte en vérifiant que tout était à sa place et je me retrouvai face à un Eric Pender complètement ivre.

— Qu'est-ce que tu fais là ? l'agressai-je.

— Je voulais te voir, y'a des trucs que je comprends pas, réussit-il à dire.

Je le regardai incrédule et réfléchis rapidement à l'attitude que je devais adopter. S'il était là, ce n'était pas pour rien surtout vu l'heure, il devait surement savoir quelque chose, cependant je ne devais pas me griller toute seule.

— Eric, tu es ivre.

— Pourquoi tu as dit à Alex qu'on s'était embrassé ?

C'était ça ?

— Tu viens chez moi à quatre heures du matin pour me demander pourquoi j'ai fait quelque chose d'idiot alors que j'étais ivre ? C'est n'importe quoi !

Il me regarda semblant réfléchir et fit quelque chose que je n'avais pas vu venir. Il se précipita sur la porte, prit les clés et les balança par la fenêtre avant de se tenir devant moi avec un sourire.

— Tu vas me dire la vérité !

Il s'approcha de moi, le regard vitreux, et je me retrouvai quinze ans en arrière dans le sous-sol de sa maison, tétanisée.

— Tu m'allumes et tu me rejettes, t'étais pas si ivre que ça ! Et puis tu m'as défendu quand il a voulu me frapper, pourquoi ?

Je ne pouvais pas parler, ma tête me criait de réagir, mais mon corps refusait de bouger. Il était maintenant à quelques centimètres de moi et je ne trouvai rien d'autre à faire que d'aller m'enfermer dans la salle de bain.

— Sors d'ici Cassie ! Je veux juste savoir, dis-moi la vérité.

Je composai le numéro d'Alex et priai pour qu'il réponde, ce qu'il fit à la quatrième sonnerie, je n'attendis pas qu'il parle :

— Alex ! dis-je paniquée. Eric est là, il est ivre et je...

Je ne terminai pas ma phrase, il était en train d'essayer de défoncer la porte.

— Cassie ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Eric essaye de défoncer la porte, il a jeté les clés par la fenêtre !

— Quoi ? ! Je...

Je n'avais plus de batterie, mon téléphone s'était éteint et Eric avait réussi à ouvrir la porte.

— Si Alex n'était pas là, est-ce que j'aurais eu une chance ?

— Ne m'approche pas, dis-je le souffle court.

Ma respiration devenait difficile, ça faisait des années que je n'avais pas eu de crise d'angoisse, et j'étais persuadée que mon retour ici impliquait la fin de tous ces moments de faiblesse, mais c'était faux. Il me prit la main sans que je puisse me dégager, sans que j'en sois capable.

Action ou VéritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant