Revivre...après l'enfer (Tome 1)

14 mai 2016 - Romain

Bruxelles, 14 mai 2016

De : Romain Dalmans

A : Eline Castellan

J'ai adoré ton dernier mail. Et je t'ai imaginée en train de l'écrire, souriant comme je le fais pour le moment en tapant cette réponse. Parce que c'est comme ça que je veux que tu sois. Souriante, profitant de petits moments sympas avec des amies,...en laissant les nuages noirs derrière toi.

J'ai déjà effectué quelques surveillances dans les centres commerciaux à Bruxelles alors...Éline, je sais parfaitement comment se comportent trois copines pendant une virée shopping. Oh oui je le sais,...

Figure-toi que mes cousines m'ont une fois demandé de les accompagner en civil (heureusement l'un de mes frères était avec moi) lors de l'une de leurs journées dont elles ont le secret. C'était un peu après les attentats de Paris, elles voulaient faire leurs achats de Noël et elles voulaient avoir deux... « gardes du corps ». Mon frère et moi on s'est dévoué. Un vrai cauchemar.

J'imagine aussi que vous vous êtes amusées à reluquer les agents de sécurité ou les policiers ou les militaires qui traînaient dans le coin en vous faisant repérer à trois kilomètres tellement vous rigoliez. Non, non ne ment pas, je suis certain que tu l'as fait.

Je vois ça tous les jours moi....

Alors, oui, je veux toujours jouer Mademoiselle Castellan. Ton 2-0 ne me fait pas peur. Il va vite changer j'en suis convaincu.

Oui je connais la date de mon départ. En fait...c'était prévu le 30 mai.

Ils l'ont avancé. A demain matin.

Je pars ce soir pour l'Allemagne où j'embarquerai dans l'avion qui nous amènera en Afghanistan.

Je n'ai pas oublié ta demande, ton souhait de savoir exactement ce qui s'est passé le 22 mars. Je vais l'écrire ce soir et je te l'enverrai juste avant mon départ.

A partir de demain, je n'ai plus aucune certitude sur l'accès à internet. Ne t'étonne pas si mon prochain mail ne te parvient que dans deux ou trois semaines.

Ça ne n'empêchera pas de penser à toi Éline. Et, à ce sujet, j'ai une demande à te faire.

En te décrivant ce que nous avons vécu à l'aéroport je veux faire une croix définitive sur tout ça, oublier ton visage maculé de sang et tes yeux replis de larmes. Je veux oublier la jeune femme paniquée que j'ai serré dans mes bras.

Parce que je veux pouvoir t'imaginer autrement, je veux pouvoir t'imaginer pleine de vie, pleine d'entrain, le sourire aux lèvres.

Et pour ça j'ai besoin de ton aide. Est-ce que tu pourrais m'envoyer une photo de toi ? Une photo récente de toi où tu souris. Je suis certain qu'avec tes amies vous avez sûrement improvisé une séance selfies non ?

Comme ça, je l'enregistrerai sur mon portable et, quand j'aurai le cafard pendant ma mission, il me suffira de la regarder pour retrouver le sourire.

Tu veux bien ?

Fait attention à toi.

Romain.