Revivre...après l'enfer (Tome 1)

30 août 2016 - Romain

- Tu as de la chance que ton père est colonel et qu'il est très respecté.

- Pourquoi ?

- Ton frère n'aura aucun blâme. Rien. Pas une trace dans son dossier administratif.

- Encore heureux. Je t'ai dit qu'Éline devait être ajoutée sur cette putain de liste. Pourquoi est-ce que ce n'est toujours pas fait ?

- C'est à toi que je dois expliquer les lourdeurs administrative de notre département ?

- Non c'est bon, merci. Mais merde Manu, si Greg ne lui avait rien dit, elle serait encore en train de...de...Putain fait chier quoi !

- Ce que tu peux être grossier toi maintenant. Dire qu'il y a quelque mois on se foutait de toi et de ton flegme britannique...

Elle t'a vraiment changé cette fille...

Y a un souci ? Tu fais une drôle de tête, t'as eu tes médocs ?

- Ouais ouais c'est juste que...Merde cette putain de mission m'a totalement détraqué le cerveau c'est pas possible.

Tu vas dire que je suis cinglé mais...je sais plus où j'en suis.

- Comment ça ? Tu aimes cette fille non ?

- Je...oui mais...

- Mais ?

- Il n'y a rien de logique dans tout ça, c'est...la seule fois que je l'ai vu elle était dans mes bras à faire une crise de panique, le visage en sang. Et quand je l'ai amenée vers l'ambulance elle m'a vomi dessus.

- Y a clairement plus romantique comme première rencontre.

- C'est notre seule et unique rencontre Manu.

- Attends...tu veux dire que depuis...depuis le 22 mars tu ne l'as plus revue ?

- Non. On s'est échangé des mails et puis on s'est parlé trois fois par Skype avant...tu sais quoi.

Ça fait quatre ans que j'ai plus fréquenté une fille. Je pouvais plus, pas après ce que Sofia avait fait.

Le coup de foudre et tous ces trucs à la noix c'est bon pour les romans stupides que lit ma mère. Sérieusement Manu, comment je pourrais être tombé amoureux sans même avoir passé la moindre minute avec elle ?

- Pourtant c'est le cas et ta manière de parler d'elle le prouve.

- J'ai peur de me tromper et je ne veux surtout pas la rendre malheureuse. Je ne sais même pas si c'est réciproque.

- Oh, pour ça...

- Quoi ?

- Il se pourrait qu'elle ait fait quelques révélations à ton frère.

- Hein ? De quoi tu parles ?

- Grégoire n'a pas était très explicite mais il semble que cette demoiselle est très impatiente de te revoir. Et vu tout ce que ta famille a fait pour qu'elle puisse recevoir des infos à ton sujet,...

Sérieusement Romain, arrête de te torturer l'esprit. Tu aimes cette fille et manifestement elle semble être tombée sous ton charme. Tu as juste à prendre ton mal en patience, dans deux mois tu seras de retour au pays et tu pourrais passer tout le temps que tu veux avec elle. Ça sert à rien de paniquer.

- Je ne panique pas.

- Oh si tu paniques. Et je dirais même qu'en fait, tu as peur de t'engager avec elle et je sais pourquoi. Mais, Romain, il est temps que tu oublies ton passé.

Après le départ de Manu, je suis songeur. Je n'ai jamais eu peur de me confier à lui. Il a beau être mon supérieur direct, on a toujours été potes avant tout. Il n'est pas totalement au courant des conneries de mon père mais il connait en gros ce qu'il s'est passé avec Sofia.

Ah j'aurais mieux fait de réfléchir avant de lui proposer de sortir avec moi. Je ne sais même plus pourquoi j'ai fait le premier pas. Elle ne m'attirait pas vraiment mais elle était comme moi, seule et elle en avait marre d'être célibataire.

Les choses ont changées depuis. J'ai pris du recul et j'ai arrêté de vouloir à tout prix trouver une fille.

Est-ce que j'ai peur de m'engager ? Non, je ne crois pas.

Ce qui est sûr c'est que je n'ai jamais ressenti ça pour une autre fille auparavant. La seule idée de la perdre est...en fait, ça me tétanise complètement.

Elle me rend dingue à un point que je serais capable de toutes les folies pour elle. Ça n'a rien à avoir avec ce que j'ai pu vivre lorsque j'étais ado, rien à voir non plus avec cette attirance purement physique qui m'avait fait tombé dans les bras de Marine au début de ma formation de militaire. Non, ce que je ressens pour Éline c'est...totalement différent.

J'étais persuadé de ne plus pouvoir faire confiance à une femme, de ne plus pouvoir me livrer à cœur ouvert et elle, elle a déboulé dans ma vie telle une tornade et elle a tout effacé comme ça en quelques secondes.

Merde, j'ai l'impression de sortir une réplique de l'un de ces films totalement niais que ma mère adore.

Manu a raison, faut que j'arrête de gamberger de la sorte.

Il reste juste un problème. De taille.

Que je reste dans la Composante Terre ou si j'arrive à obtenir un poste à l'Ecole Royale Militaire, je bosserai toujours en Belgique.

Je vais pas pouvoir supporter longtemps la distance entre nous. C'était déjà difficile avant, là c'est carrément inconcevable.

Le toubib a dit qu'il me mettait sous certif médical pendant trois mois à dater de mon retour au pays. Ça me laisse donc la possibilité de me pointer à Lyon assez facilement. Mais après ? Quand j'aurais repris le boulot ?

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que le monde entier se met entre elle et moi ?

Mon Dieu vivement que je quitte ce pays !

Oubliant une nouvelle fois que je porte un bandage bien serré pour m'empêcher de trop souffrir je me redresse brusquement dans mon lit et j'en subis immédiatement les conséquences.

- Oh putain fait chier, merde quoi !

Je suis bien évidemment terrassé dans la seconde par une violente quinte de toux et pendant quelques minutes je suis incapable de faire quoi que ce soit.

Avec bien plus de précautions, je me redresse ensuite lentement. Plus exactement je me soulève du mieux que je peux, je prends appui sur mon bras valide et je cherche mon infirmière du regard.

Evidemment, pour une fois que j'ai besoin d'elle, Femke n'est pas là. Je saisis brusquement la petite manette qui me permet de l'appeler en cas d'urgence et je presse le bouton à trois reprises.

Tant pis, ça va sûrement ameuter tout l'hôpital mais après tout, c'est une urgence.

Moins de deux minutes plus tard, Femke arrive tout essoufflée.
D'une voix sèche je lui demande d'aller chercher le capitaine Raes le plus vite possible. Comprenant que je ne l'ai pas fait venir pour une urgence médicale elle me lance un regard noir mais elle finit quand même par me dire qu'elle va accéder à ma demande.

Ouais il manquerait plus que ça qu'elle refuse tiens !

Je dois cependant patienter une bonne demi-heure avant de voir revenir mon supérieur.

- Un problème Romain ? Femke a dit que tu devais me voir de toute urgence.

- Oui, j'ai pensé à un truc et j'ai pas envie de perdre du temps en démarches administratives alors,...

Il faut qu'Éline puisse avoir une accréditation pour Melsbroek. Et vu comme ça traîne pour qu'elle puisse figurer sur l'autre liste, je prends mes précautions.

- Tu sais que ça ne va pas se faire tout de suite...

- Justement. C'est pour ça que je te demande de faire en sorte d'accélérer les choses. Je veux qu'elle soit là quand je descendrai de l'avion et que je poserai enfin le pied en Belgique. Débrouille-toi.