19 octobre 2016 - Éline (2ème partie)

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Il reste un instant planté sur place, à me dévisager puis je le vois foncer dans la foule, heurtant au passage certaines personnes mais il ne semble même pas s'en apercevoir. Son regard ne quitte pas le mien et quand il s'arrête brutalement à quelques mètres à peine de moi, j'ai l'impression que mon cœur va exploser.

Oh mon dieu il est encore plus craquant que dans mon souvenir ! Et au moins cette fois, son uniforme n'est pas couvert de poussière et de mon sang.

Ses yeux marrons semblent lancer des éclairs et il ne cesse de se mordiller les lèvres tout en me dévisageant intensément.

Puis, il se précipite sur moi et quand ses lèvres se posent brutalement sur les miennes, mon corps frémit sous cet assaut. Je noue fébrilement mes bras autour de son cou et je suis presque paralysée par ce baiser insistant et autoritaire à la fois, un baiser qui me fait perdre tous mes repères, un baiser conquérant, dominateur et troublant en même temps qui me laisse hébétée, chancelante et totalement ensorcelée.

J'imagine parfaitement le regard des gens sur nous : les collègues de Romain qui pensaient toujours que leur lieutenant était célibataire mais également toutes ces femmes qui, je le savais par Grégoire, espéraient toujours pouvoir attirer son attention.

Tous, je suis certaine qu'ils doivent être très...surpris.

Romain interrompt rapidement notre étreinte et lorsque je le dévisage à nouveau je comprends qu'il retient difficilement ses larmes.

Autour de nous j'entends vaguement des murmures, des rires, des exclamations. Grégoire se demandait si son frère allait vouloir rester discret ou non, et bien il a sa réponse maintenant.

Au moins, il sera inutile de faire une annonce.

Je n'ai pas le temps de réfléchir plus aux conséquences car Romain m'entraîne doucement à l'extérieur de la cafétéria.

Nous marchons rapidement dans un couloir puis il tourne brusquement à gauche et nous nous retrouvons près d'une sortie de secours, bien loin du bruit et de toutes les personnes venues à l'aéroport.

Je comprends alors que Romain cherche à avoir un peu d'intimité pour nos retrouvailles et je lui en suis reconnaissante.

Il me prend ensuite dans ses bras et nous craquons tous les deux. Pendant de longues minutes seuls nos pleurs résonnent dans le petit couloir où nous nous trouvons.

Romain me demande à plusieurs reprises de lui pardonner puis, je sens ses doigts se poser sur mon visage et lentement il m'oblige à le regarder de nouveau. Ses gestes doux à mon égard me bouleversent totalement. Il m'embrasse ensuite avec une tendresse qui me donne presque le vertige. Une étincelle embrase subitement mon ventre lorsque je sens que ses mains commencent à voyager lentement sur mon corps et je me rapproche de Romain autant que je peux.

A chaque seconde qui passe, notre baiser devient moins sage, moins timide. Je m'accroche fermement à lui comme si je redoutais qu'il disparaisse à nouveau.

Sans trop comprendre, je me retrouve plaquée contre un mur tandis que le corps de Romain pèse de plus en plus sur le mien.

Romain se fait toujours plus possessif, plus ardent. J'ai l'impression que je vais exploser : nos lèvres se cherchent sans arrêt, nos corps tendus à l'extrême bougent presque à l'unisson et nos souffles sont saccadés.

Mes mains glissent toujours plus bas dans son dos et quand je finis par les amener au niveau de ses fesses, j'entends Romain émettre un léger grognement. Il me presse alors encore plus fort contre lui sans pour autant détacher ses lèvres des miennes et je sens alors à quel point il me désire.

Il se rend certainement compte de ce qui est en train de se passer entre nous car il met fin, un peu brutalement à mon goût, à notre baiser.

Nous reprenons notre souffle puis Romain me fait une magnifique déclaration qu'il gâche immédiatement, mais je me demande quand même si ce n'est pas volontaire pour nous faire reprendre nos esprits, en me rappelant ce que je lui avais fait lors de notre première rencontre.

Je vois dans ses yeux qu'il va beaucoup mieux et je retrouve cette lueur espiègle que j'aime tant.

Malheureusement, nous ne pouvons pas rester là indéfiniment car le Colonel Dalmans attend sans aucun doute son fils de pied ferme dans la cafétéria afin d'avoir des explications de sa part.

Il est vrai que la manière dont nous nous sommes embrassés devant tout le monde a certainement dû lui déplaire fortement.

D'une toute petite voix, j'explique alors à Romain que je dois me trouver un hôtel pour la nuit. Son regard devient tout de suite très sombre et d'une voix dure il me dit que tant que je serais en Belgique, je dormirais avec lui dans son lit.

Je le taquine un instant à ce sujet tout en me disant que jamais je n'aurais pu aller dormir ailleurs que chez lui, surtout pas après avoir failli m'abandonner totalement dans ses bras.

Quand il m'explique qu'il avait eu peur de m'avouer ses sentiments pour moi, je me rends compte que nous avons eu exactement la même réaction lui et moi, même si, venant de lui, j'ai un peu de mal à comprendre ce manque de confiance en lui.

Je me promets alors intérieurement de lui demander plus tard de me parler de lui, de son enfance, de son passé. Quelque chose me chiffonne à son sujet, quelque chose que j'avais déjà entraperçu dans ses mails et même lors de nos Skype : il est ultra protecteur avec moi, vraiment très possessif et si j'en crois Grégoire, il pétait un câble en Afghanistan dès qu'il parlait de moi à son supérieur allant jusqu'à jurer comme un charretier alors qu'auparavant il n'avait jamais prononcé le moindre gros mot en public.

Je sais aussi, je le sens, qu'il ne m'a pas tout dit au sujet de son père même si, c'est normal, lorsque il l'a évoqué avec moi c'était il y a six mois, nous n'étions pas en couple.

Là aussi, quelque chose me tracasse. J'ai pu voir la manière dont Romain a regardé chaque membre de sa famille et quand il s'est retrouvé face à son père,...

Je sais, grâce à Grégoire, que le Colonel Dalmans a mené la vie dure à ses fils mais j'ai l'impression que Romain est celui qui a le plus souffert.

J'espère que je pourrais en parler avec lui.

Nous repartons ensuite en direction de la cafétéria et je me sens de plus en plus mal. Le père de Romain me fiche la trouille, et encore, c'est peu dire. Depuis que je l'ai aperçu, j'ai un très mauvais pressentiment et j'ai peur de ce qu'il nous réserve. Romain sent mon trouble et il me serre plus fort contre lui.

Même si je suis terrifiée à l'idée de rencontrer son père, je me sens en sécurité avec Romain. Avant d'aller affronter le Colonel, nous croisons le capitaine Raes qui ne peut s'empêcher de nous taquiner tous les deux. Je suis tout contre Romain qui a passé son bras autour de ma taille. Il ne cesse de me regarder tout en parlant avec son collègue et cette manière qu'il a de me fixer, de me dévorer littéralement des yeux me retourne complétement.

Nous finissons par nous diriger lentement vers le reste de la famille Dalmans qui n'a pas bougé depuis que Romain et moi nous avons quitté la cafétéria

Myriam et Annelise se trouvent en retrait, Grégoire et Florian ont perdu leur sourire et ils nous observent le visage tendu. Rachel, la maman de Romain semble ne pas savoir quoi faire de ses mains et elle regarde distraitement autour d'elle.

Juste avant que nous ne parvenions devant l'imposante silhouette d'Hugues Dalmans, son fils me chuchote à l'oreille :

- N'oublie pas Éline, personne, je te dis bien personne, ne pourra jamais nous séparer. Peu importe ce que dit mon père, c'est toi que je veux dans ma vie. Toi, et personne d'autre.


Revivre...après l'enfer (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant