21 avril 2016 - Romain

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Bruxelles, 21 avril 2016

De : Romain Dalmans

A : Eline Castellan


Salut Eline,

Je viens à peine de rentrer à la maison mais je tenais à te répondre au plus vite pour que tu n'imagines pas que je t'en veuille. Et puisque tu t'en inquiètes, non, non évidemment je ne t'en veux pas !

A mon tour de m'excuser pour le retard avec lequel je te réponds.
Je suis épuisé. Depuis un mois, la police multiplie les perquisitions en Belgique dans le cadre de l'enquête qui a été ouverte suite aux attentats et bien entendu, nous devons être présents pour sécuriser les périmètres dans lesquels les enquêteurs travaillent.

Les journaux disent que tous les terroristes impliqués sont morts ou en prison mais la tension reste vive.

Lundi je dois assurer la surveillance de la station Maelbeek qui rouvre au public et j'appréhende. Il y aura de l'émotion, de la tension aussi,...je ne sais pas comment je vais réagir et cela me fait peur.J'ai vu les photos, comme tout le monde, de la rame détruite mais je l'ai vue non floutée... c'est également une image qui me trotte dans la tête et c'est extrêmement pénible.

Normalement ce n'était pas à moi d'aller patrouiller dans ce secteur mais plusieurs collègues sont absents et je n'ai pas d'autre choix que d'obéir aux ordres.

J'ai reçu cette information avec de terminer mon service et...j'ai pensé à toi, j'ai repensé à tout ce qui s'était passé le 22 mars.

Je me rappelle de tout ce qui s'est passé ce jour-là et j'ai appelé le psy que j'ai consulté plusieurs fois depuis les attentats. Il pense que si tu ressens le besoin de savoir alors je t'expliquerai. Sans entrer dans certains détails qui ne sont pas nécessaires.

Je te demande simplement quelques jours de patience, je ne pense pas être en état de le faire tant que la journée de lundi ne sera pas passée.

Je peux cependant déjà te dire deux choses qui j'espère te feront sourire.

Lorsque tu m'as parlé pour la première fois, tu as dit : « C'est ma collègue Christelle qui va vraiment être jalouse, elle qui fantasme sans cesse sur les militaires, me voilà dans les bras de l'un d'entre eux. »

Puis tu as parlé de ta mère et tu t'es demandée ce qu'elle allait penser de toi si elle savait que tu t'étais retrouvé par terre avec un homme allongé sur toi.

J'avoue qu'après coup, en y repensant je me sens assez gêné mais je n'avais pas trop le choix, si je voulais te protéger, et bien...je ne savais pas faire autrement.
J'espère au moins que ta mère ne...enfin...qu'elle ne t'a pas ennuyé à ce sujet-là. S'il le faut je lui présenterai mes excuses.

Tiens, tes parents savent que nous sommes restés en contact ?

Prends soin de toi,

Romain


Revivre...après l'enfer (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant