Le son d'une voix [En cours de correction]

Chapitre 12 - Partie I

Le lendemain arriva plus vite que Victoire ne le pensait. Même si devant les autres elle se montrait prête à une vraie vie sociale, au fond d'elle, elle savait qu'elle craignait leur regard sur ce qu'elle venait de vivre, bien que ces derniers n'en connaissaient pas les trois quart.

Avant de partir, Lucian s'était une nouvelle fois assuré de l'état de son amie qui lui avait rendu son regard froid de la veille. Même si cela lui faisait chaud au cœur qu'ils'inquiète autant pour elle, s'il continuait ainsi, elle se dégonflerait rapidement.

Ils prirent donc la direction du lycée, accompagnés de Léo, qui gardait malgré tout ses distances.

Une fois les grilles de l'enceinte passées, Victoire se ratatina sur elle-même.

En effet, tous les visages étaient tournés vers elle. De la tristesse, en passant par la peur, la colère et le dégoût : voilà ce à quoi était confrontée la jeune fille. D'ailleurs, ces deux dernières sensations, elle ne les comprenait pas. Ce n'était pas sa faute s'il lui était arrivé quelque chose dans ce bois. Elle resserra son sac contre son ventre et se colla un peu plus à son ami. Lucian avait aussi vu les œillades désapprobatrices et accusatrices que lui lançaient certains élèves. Et quand il passait devant eux, il n'hésitait pas à leur balancer un regard méchant qui leur faisait détourner le leur.

C'était comme si elle était une bête de foire et elle détestait ça. Ellen'était pas un animal ! Mais cela, les gens avaient du mal à le comprendre. Elle avait souffert, était restée enfermée trois jours chez elle, n'avait voulu voir personne et avait essayé de retirer toute trace physique, comme morale, de ce fameux après-midi, hélas, sans succès. C'était resté ancré en elle et ça ne voulait pas partir. Ensuite étaient venues la découverte du journal intime de sa grand-mère et les explications de celle-ci. Mais ce qui lui avait fait le plus mal était encore de découvrir que son grand frère, celui pour qui elle vouait une admiration sans borgne, n'était pas mort.

Il les avait abandonnés voilà cinq années pendant lesquelles Victoire et ses parents avaient souffert de son absence. Entre crise de nerfs, crise de larmes, le soutien moral des proches, plus rien n'allait. Alors, quand l'adolescente avait découvert que Patrick était vivant, elle avait pris cela comme une trahison : une trahison dure à accepter. Cependant, elle n'avait pas eu le temps de lui en vouloir : sa famille et elle étaient en danger pour des pouvoirs qu'elle possédait mais dont elle ignorait l'existence. C'était bien le comble ! Toute sa vie, elle s'était dit qu'elle était normale. Normale ! Et voilà qu'un beau matin, elle se retrouvait avec un poids sur les épaules aussi dur à porter qu'à digérer.

Et puis, hier, en fin de journée, la voix était revenue. Au début, la brune s'était demandée ce qu'il se passait et si elle n'était pas devenue folle. Puis cette voix – Laïssa – l'avait convaincue que non en lui faisant comprendre qu'elle était vouée à un grand destin. Mais ce que voulait l'humaine, c'était retrouver l'innocence de l'adolescence, les joies d'être avec ses amis, de rire, pleurer sur l'épaule de quelqu'un, tomber amoureuse, avoir des peines de cœur. Tout ce qu'une adolescente vit ! Mais le destin, ce foutu destin, en avait décidé autrement.

Alors, de voir tous ces visages braqués surelle lui faisait mal et la rendait tout autant mal à l'aise. Elle ne savait plus où se mettre ni que dire pour qu'ils cessent de la fixer ainsi. Elle pressa légèrement la main de son ami pour lui montrer qu'elle ne se sentait pas bien. En effet, sa respiration devenait saccadée, elle avait chaud et ses membres tremblaient. Lucian s'empressa de l'emmener aux toilettes et resta près d'elle tandis qu'elle se passait de l'eau froide sur le visage. Cette fraîcheur... Elle soupira d'aise : cela lui faisait tant de bien !

La porte des sanitaires s'ouvrit à la volée sur une jeune fille qui regarda d'abord Victoire avec surprise avant de lui sauter au cou. Cette dernière chancela sous le poids de son amie, puis un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle resserra l'étreinte d'Agathe tandis que celle-ci tentait d'articuler convenablement.