Epilogue - Partie II

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Victoire se réveilla en sursaut. La respiration haletante, les membres tremblants et la sueur perlant dans son cou, elle ouvrit précipitamment les yeux et lorgna autour d'elle, affolée. Elle poussa un cri aigu, suite à la douleur ressentie en s'étant relevée trop rapidement. Sa tête était lourde et un point douloureux lui vrilla le crâne. Touchant de sa main ses cheveux, elle mordilla sa lèvre au sang, pour éviter de hurler à nouveau. Elle ressentit une bosse à l'arrière et retira aussitôt ses doigts.

Que s'était-il passé ? Pourquoi avait-elle autant mal au crâne ? Où était-elle ? Complètement perdue, elle riva son regard dans la pièce où elle se trouvait, afin de déceler un indice. Regardant d'abord sur quoi elle se tenait, elle comprit qu'elle était dans un lit, une couette sur son corps. Se retournant, elle vit le mur rempli de photos. De ses amis.

Je suis dans ma chambre, pensa-t-elle, rassurée.

Un étau comprima sa poitrine quand elle se rappela une scène affreuse. Elle dans un village abandonné, des maisons l'entourant, puis tous ceux qu'elle aimait autour d'elle. Ou du moins la plupart. Puis un éclair lui coupant quelques secondes la vue. Un corps au sol, entouré de son sang vermeil. Un visage doux, qu'elle aurait voulu caresser encore bien des fois ; une bouche qu'elle voudrait embrasser à en perdre la raison ; une tignasse où elle souhaiterait y passer des cheveux pendant des heures ; un regard si pétillant qui était devenu vide en quelques secondes à peine.

Lucian !

Une douleur sans nom étreignit son cœur, tandis qu'elle essayait de se relever. Si elle n'avait pas déjà été assise, elle serait tombée lourdement au sol.

Non, non, dites-moi que j'ai rêvé. Dites-moi que tout ceci n'était pas vrai, que je l'ai inventé !

Elle sentit une rivière d'eau chaude et salée dévaler ses joues. Posant une main tremblante sur ces dernières, elle essaya les gouttes d'eau d'un geste rageur.

Une nouvelle image passa le barrage de ses pupilles. Le combat final entre elle et Reïkan. Celui qui l'avait tant fait souffrir. Puis la puissance de sa magie qui avait tout ravagé. Une main sur sa bouche, elle empêcha le cri de sortir de ses lèvres. Les yeux exorbités, elle fixa la fenêtre fermée en face d'elle.

Sans s'en rendre compte, elle regarda les détails que lui offrait son rideau. Des courbes, des vagues, des dessins, des papillons. La couleur orangée apportait un peu de lumière dans sa pièce. Dès qu'elle l'avait vu au magasin, elle avait de suite craqué pour cette étoffe.

Revenant au présent, elle prit son courage à deux mains et vit voler la couette la recouvrant. Posant un pied au sol, elle accueillit avec un soupir de soulagement la fraîcheur du lino. Le second pied en dehors de son lit, elle tenta de faire un pas et se rattrapa de justesse à la table de nuit à sa droite. Dans son geste, elle fit tomber un cadre qu'elle essaya de récupérer.

Malheureusement, son état actuel lui enlevait une bonne partie de ses réflexes. Elle se laissa tomber et, les genoux contre le sol, elle prit dans ses mains tremblantes la photo, les représentant, ses parents et elle.

Maman, papa..., gémit-elle.

Leur mort atroce était encore dans ses pensées, si présente qu'elle avait l'impression que cela s'était passé il y avait seulement quelques minutes.

Soudain, un bruit de tasse cassée remonta à ses oreilles. Surprise, elle relâcha ce qu'elle avait en main et releva trop rapidement la tête. Des points noirs se formèrent devant ses yeux et un tournis faillit la faire défaillir une nouvelle fois.

Si quelqu'un était chez elle, elle devait savoir son identité. Mais si jamais c'était quelqu'un qui voulait attenter à sa vie ? Un sbire de Reïkan ? Reïkan lui-même ?

Le son d'une voix [En cours de correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant