Chapitre 17 - Partie I

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— Que renferme exactement ce livre ? demanda de nouveau Victoire.

L'annonce que Sarah semblait en savoir plus qu'elle ne le montrait avait imposé un silence dans la pièce que la brune comptait bien cesser. En effet, elle avait posé une question à sa grand-mère et avait eu une réponse plutôt évasive. Et elle voulait la vérité. L'entière vérité.

— C'est long à expliquer, tenta d'éluder une nouvelle fois la vieille femme.

Sa petite-fille lui lança son plus beau sourire, s'approcha de Lucian et s'assit à ses côtés.

—Figure-toi que j'ai tout mon temps à présent.

N'en veux pas à ta grand-mère. Elle fait ça pour te protéger.

Me protéger en me cachant des choses ? Drôle de façon de faire.

Reïkan est dangereux. Elle veut juste te préserver le temps qu'il le faut.

Oui, mais si je n'en apprends pas plus sur lui, jamais je ne le battrai et là, c'est sûr qu'il aura le dessus sur moi.

Silence. L'adolescente sut que Laïssa s'était retirée. Pourquoi ? Parce qu'elle avait raison ou bien parce qu'elle ne trouvait rien à redire ? Un peu des deux sûrement. Elle se secoua mentalement et revint dans le présent.

— Pardon d'être si brusque, grand-mère, mais je pense avoir le droit d'en savoir plus sur toi et ta... vie. Car finalement, je ne te connais pas si bien que cela, rajouta-t-elle, la gorge nouée.

Durant son enfance, Victoire avait été très proche de sa grand-mère. Elles avaient tout partagé – enfin, c'était ce qu'elle croyait – et l'adolescente lui racontait tout. Ses mésaventures à l'école, ses premiers amours, le manque de son frère, sa famille. Cependant, elle venait de se rendre compte que tout n'avait été que dans un sens unique. La plus âgée lui avait juste dit ce qu'elle souhaitait entendre et non pas le reste, le plus important à ses yeux. Peut-être était-elle trop jeune à cette époque pour comprendre, mais depuis quelques jours elle s'était endurcie et était prête à tout entendre. Même le pire.

Laura, voyant très bien que sa petite-fille ne lâcherait pas l'affaire avant d'avoir des explications, souffla puis alla s'asseoir derrière son bureau.

— Ceci est un grimoire, ou plutôt le grimoire.

—Pourquoi « le » ? Il n'en existe qu'un seul ?

— Non, il y a des centaines, peut-être bien des milliers, mais celui-ci est authentique, unique. Il renferme toutes les vérités, les secrets inavouables et les blessures qu'a endurées chaque sorcier et sorcière depuis des temps anciens. Il est dans notre famille depuis des générations. Il m'a été légué par ma grand-mère et depuis je le garde précieusement ici même.

— C'est pour cela que cette pièce nous était interdite étant petits, en déduisit Victoire, songeuse.

—Exactement, confirma Laura.Ellel'est toujours, officieusement évidemment, maintenant que vous savezce qu'elle renferme.

— A-t-il quelque chose de... dangereux ?

— Non,pas pour nous en tout cas. Il est caché ici, car il ne faut surtout pas que le côté obscur s'en empare. Ce sera un vrai désastre, une hécatombe. Ce qu'il y a à l'intérieur est si puissant que dans des mauvaises mains, le monde serait presque exterminé.

Victoire en frissonna. Elle comprenait mieux à présent pourquoi sa grand-mère tenait tant à lui cacher l'existence de cet ouvrage. Elle se cala au fond de son siège et sentit la main de Lucian se poser sur la sienne. Un instant, elle ferma les yeux et profita de ces quelques secondes de proximité.

Le son d'une voix [En cours de correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant