Le son d'une voix [En cours de correction]

Chapitre 21 - Partie I

Seize heures sonnaient dans l'entrée et Victoire était décidée à enfin occire Reïkan et se venger de la perte de ceux qu'elle aimait. Motivée par cette décision, elle était allée voir sa grand-mère, afin qu'elle lui dise ce qu'il fallait qu'elle fasse. Laïssa avait essayé de lui expliquer que ce n'était pas comme cela qu'elle réussirait à mettre fin à cette terreur, mais la jeune fille ne l'avait pas écoutée, préférant s'adresser à Laura.

Cette dernière lui avait alors dit que la seule façon de connaître était d'apprendre le passé de Hélian et de savoir comment cette dernière s'en était sortie, mais surtout comment s'étaient passés ses entraînements.

C'était pourquoi elle était dans la pièce anciennement interdite de passage, qui était maintenant l'endroit de conciliabule.

— Par où je commence, grand-mère ?

Laura était dans les rayons et sortit un énorme livre, qui devait dépasser les sept cents pages, à vued'œil.

—Celui-là fera l'affaire.

Avec des pupilles rondes, la plus jeune regarda l'ouvrage, puis la vieille femme.

— Ça va me prendre des semaines à le lire !

— Tout comme l'exercice de Hélian lui a pris des mois. La patience est quelque chose qui s'apprend, Vi'.

Sur ces paroles sages, la vieille dame quitta la pièce et laissa sa petite-fille contempler le livre.

Soufflant de dépit, cette dernière leva les yeux au ciel et sourit ; sa grand-mère n'avait pas perdu sa passion de l'astronomie. En effet, au plafond clignotaient des lucioles en forme d'étoiles, offrant un ciel virtuel, pour le plus grand plaisir des rétines.

Autour d'elle, juste deux lampes étaient allumées et tamisaient la pièce d'une ambiance feutrée et sereine. Elle se rendit compte qu'elle se sentait bien dans ce lieu. Elle était seule, loin de tout et unique décisionnaire de ses choix.

Cependant, ses attentes devraient encore patienter quelques heures. Une lecture l'attendait, et pas n'importe laquelle : la vie de Hélian. C'était vrai qu'elle n'aimait pas particulièrement lire, mais cette découverte l'intriguait fortement. Après tout, elle était son ancêtre, il n'y avait qu'auprès d'elle – ou plutôt grâce à ses mots – qu'elle saurait comment se défendre et surtout, par où commencer.

Ouvrant le livre à la première page, elle débuta sa lecture.

« Je m'appelle Hélian, et je suis vouée à un grand destin. Du moins, d'après ceux qui m'ont élevée. Depuis ma naissance, ils me chérissent, me couvent, me protègent. Si au début, cette sensation d'être aimée me plaisait beaucoup, aujourd'hui, je me sens enfermée, entravée par des chaînes bien trop serrées pour que je les retire. Une seule solution pour y parvenir : m'entraîner, maîtriser mes pouvoirs et libérer de ce monde la mauvaise graine. »

Un frisson parcourut l'échine de la lectrice.Elle sentait que Hélian et elle avaient plus de points communs qu'elle ne le pensait. Cette fille ne semblait pas non plus vouloir accepter ses dons et surtout la mission qui lui incombait.

« Les séances d'apprivoisement de ces derniers débutèrent à l'âge de neuf ans. À cette époque, j'étais encore trop jeune pour comprendre que tout ceci n'était pas qu'un jeu, mais au contraire quelque chose de réel et de sérieux, où ma vie serait en perpétuel danger. C'était pourquoi à chaque entraînement, je jouais avec eux, je créais toutes sortes de choses et en rigolais. Mes instructeurs avaient beau me demander de cesser, je continuais, trop obnubilée par le don qui m'habitait. Le soir, je rentrais dans un état proche de l'évanouissement, tant l'emploi de ces derniers m'éreintait. Cependant, j'aimais ça. Sentir l'afflux de magie monter en moi, traverser mon corps, circuler dans mes veines. C'était un sentiment grisant. »