Chapitre 2 - Partie II

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Les sept jours ayant suivi l'annonce de Laura avaient défilé à une allure impressionnante. Voulant que Victoire reprenne un semblant de vie normale, la vieille femme lui avait ordonné, ainsi qu'à Lucian, de reprendre les bancs de l'école, afin de ne pas faire douter leurs camarades.

Victoire avait eu beau se défendre, s'énerver et être butée, Laura ne voulait pas en démordre : afin de pouvoir souffler, la meilleure solution était de reprendre les cours.

Cependant,lorsque les deux amis avaient passé les portes du lycée, rien ne s'était passé aussi simplement que Laura l'avait prédit. En effet, les élèves de leur classe respective s'étaient jetés sur eux afin de savoir pourquoi ils avaient été absents autant de temps. « Deux semaines ! Vous avez raté deux semaines, vous vous rendez compte ! », « Tu étais malade, Victoire ? », « Tu penses encore à tes parents ? ».

La jeune fille, encore trop à fleur de peau, avait essayé de dévier les questions et s'était réfugiée dans les toilettes. Que pouvait-elle répondre ? « Oui, deux semaines, ça arrive. », « Non pas malade, j'essayais juste de sauver mes proches et surtout de tester mes pouvoirs ».

Mercredi était arrivé vite, et avec lui, les éternelles questions. Les toilettes étaient devenues son refuge, là où elle pouvait échapper à tout le monde, même à Lucian.

Les mains à plat sur le lavabo unique des lieux, Victoire eut un rire jaune et repensa à la rentrée du lundi. Ses parents ? Évidemment qu'ils lui manquaient. Chaque jour était une torture. Pas une seconde ne passait sans qu'elle pense à eux et la souffrance qu'ils avaient ressenti avant de mourir.

Serrant les lèvres, elle s'obligea à étouffer le cri qui montait dans sa gorge. Non, elle ne voulait pas montrer la faiblesse qui la prenait encore beaucoup trop. Elle était forte. Du moins, c'était ce qu'elle voulait faire croire à ses proches et se faire prouver à elle-même.

Courbant un peu l'échine, elle ferma les yeux et inspira profondément. Il allait falloir qu'elle sorte de cette pièce, si elle voulait retourner en cours. Oui mais les regards de ses camarades lui faisaient tant de mal. Tant de remords. Tant de peine. Tant de pitié.

Elle détestait par-dessus tout ce dernier sentiment. Comment pouvaient-ils avoir pitié d'elle sans connaître le quart de ce qu'elle avait vécu ?

Elle ne put retenir le cri de rage qui retentit autour d'elle. Serrant le poing, elle l'abattit fébrilement contre la glace. Contemplant son reflet dans le miroir, elle remarqua que son visage était marqué de quelque chose qu'elle n'avait jamais éprouvé : de la colère vis à vis des élèves et de la haine. Une haine féroce envers Reïkan qui la manipulait à son bon plaisir.

Comme en réponse à son état, sa magie se contracta en elle. Elle pouvait percevoir ce flux mauvais traverser son corps. Bien qu'il fut négatif, cela lui fit du bien. Le temps de quelques secondes, elle se sentait revivre, être une autre personne, plus forte, plus... puissante.

Victoire, concentre-toi.

Elle occulta les conseils de Laïssa et permit à son pouvoir de prendre plus de place en elle.

Ce dernier ne se fit pas prier, et, sous son accord, monta tout doucement jusqu'à son cerveau.

Il allait atteindre les terminaisons nerveuses lorsque son ange-gardien convoqua toute sa magie pour le faire fuir.

Victoire ! hurla-t-elle.

L'interpellée sursauta, les mains tenant encore plus fermement le lavabo. Elle tremblait et ne se contrôlait plus. Une ligne de sueur coula le long de son front pour venir se perdre dans son cou.

Le son d'une voix [En cours de correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant