Le son d'une voix [En cours de correction]

Chapitre 17 - Partie II

De regarder son ami se battre psychologiquement contre sa volonté avait apaisé les douleurs de Victoire, qui prit une grande inspiration, afin de se concentrer sur ce qu'elle souhaitait à présent : arrêter les flammes et combattre. Survivre.

Puisant au plus profond d'elle, frôlant sa part noire, elle imagina appuyer sur un bouton arrêtant le feu de la brûler ; de l'eau l'éclabousser ; un vent éloigner les jets orange ; une pommade pour apaiser ses brûlures.

Elle poussa un soupir de soulagement quand, enfin, elle ressentit cette sérénité en elle. Au fond, elle sentait et entendait sa conscience hurler de rage face à ce pouvoir qui avait réussi à passer les barrières de sa malhonnêteté. Elle en aurait été touchée et persécutée, si, en même temps, elle n'avait pas discerné Laïssa qui tentait de reprendre contact avec son amie.

Laïssa..., gémit intérieurement la jeune femme. J'ai mal...

Victoire ! J'ai eu tellement peur de te perdre ! hurla cette dernière, angoissée comme jamais.

Un sourire bref apparut sur le visage de son hôte, tandis qu'elle essayait de se relever avec ses bras tremblants, couverts de cloques. Plus aucune force ne circulait dans ses veines et elle se laissa retomber dans l'herbe.

Tu es plus forte que tu ne le penses, ma douce. Puise dans ton pouvoir pour te relever et te battre de nouveau contre lui.

Mais ma part sombre...

Elle est bloquée. Tu as réussi à monter des barrières assez fortes contre elle pendant au moins un certain temps.

Tu sais, Laïssa, quand je disais que je comptais prendre les pouvoirs de Reïkan, j'étais sérieuse, mais...

Je le sais...

Mais, reprit Victoire, à ce stade et vu mon état, je n'en serai pas capable...

Tu es capable de bien plus que tu ne le crois. Justement, il te faut être confiante. Écoute-moi et cherche la magie en toi. Elle t'aidera.

La sorcière acquiesça et chercha.

Il lui sembla alors que le temps s'arrêta. Les feuilles cessèrent de bruisser ; l'herbe de bouger ; les branches de grincer ; Reïkan de rire ; ses amis d'avancer ; Dérek de la toucher.

Son pouvoir enfla en elle, tel un incendie dévastateur. Sauf que cela l'apaisa, la réconforta. Elle sentit le flux de magie entrer en elle, parcourant ses veines. Elle arqua le dos sous la surprise quand son don prit possession de son corps, mais non de son esprit. Elle avait compris : pour supprimer sa part d'ombre, elle devait faire corps avec ce qu'elle avait en elle.

Elle avait essayé bien des fois, mais sa concentration et sa motivation n'étaient pas encore assez fortes à ces instants-là. Maintenant, elle était prête, elle le sentait.

Dans un cri de délivrance, elle ouvrit les yeux qu'elle avait fermés sans s'en rendre compte et regarda autour d'elle, la respiration haletante. Sur sa gauche, ses amis la regardaient, choqués de son état, mais aussi de sa force pour survivre aux douleurs parcourant son corps. Tout près d'elle, Dérek ne semblait pas plus étonné que cela et n'avait pas bougé d'un poil.

Elle prit le temps de le fixer plus attentivement et décela tout de même quelque chose de changé. Même si son corps restait stoïque, elle pouvait lire dans ses pupilles une crainte et un étonnement qu'il ne possédait pas quelques minutes plus tôt.

Fière de ce retournement de situation, elle continua son inspection des alentours et riva son regard vers le lieu où se tenait plus tôt son ennemi.