Chapitre 2 - Prisonnière

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Nous nous approchions d'un campement constitué de nombreux les tipis et quelques bâtisses de bois. Nous marchions à travers le village autochtone, c'était la première fois que j'en voyais un de si près. Pour autant je n'étais pas là pour visiter les lieux, la main du natif me tenait toujours fermement par le bras.

Nous nous étions arrêté à ce qui semblait être le centre de la communauté. Les flammes d'un feu crépitant à même le sol dansait au rythme de l'air. Quelques personnes étaient assises autour de celui-ci, tous discutaient calmement entre eux, enfin jusqu'à ce qu'ils s'aperçoivent de ma présence. J'imagine, que ça n'était pas tous les jours qu'ils voyaient une femme blanche parmi eux. 

— Que fait cette blanche ici ?

Avait demandé un homme qui contrairement aux autres n'était pas assis à même le sol mais sur un petit banc de bois. Il n'avait même pas pris la peine de nous regarder pour poser sa question. Visiblement l'étrange objet qui lui servait à fumer semblait plus l'intéressé. C'est lorsque nous furent à seulement quelques pas de lui, il daignait enfin lever les yeux sur nous.

Aussitôt, l'un des trois natifs lui répondait dans un dialecte que je n'étais pas certaine d'avoir déjà entendu auparavant. L'homme assis sur le banc était plus âgé que les autres qui l'entouraient, j'en déduis qu'il devait s'agir du chef de cette tribu, chacune en avait un d'après ce qu'on m'avait raconté. 

Pendant leur échange qui dura un petit moment, j'observais ce qui m'entourait et malgré la nuit noire, j'apercevais les regards insistants des natifs qui s'en allaient les uns après les autres afin de rejoindre leurs tipis. Puis deux mains étaient venu m'attraper les poignets pour mes les ramener derrière le dos, prise de panique j'asseyais de me débattre mais rien n'y faisait, je n'arrivais pas à me libérer de leurs emprises.

Je fus trainé jusqu'à une bâtis en bois. L'homme qui m'avait trainé jusqu'ici me poussa avec brutalité à l'intérieur. Prise au dépourvu, je perdis l'équilibre mais avant que je n'eus le temps de trébucher le plus grand du trio m'avait rattrapé de justesse par les épaules. Une fois stabilisé, il sortit de son étui accroché à sa ceinture un couteau à la lame vivement aiguisée. Mon cœur rata un battement lorsqu'il brandit l'arme dans ma direction. Je me contractais sur moi-même redoutant ce qui allait m'arriver. Mais aucun coup brutal ne m'atteignait, il avait juste sectionné la corde qui me liait les mains. Soulagée de cette libération, je frottais mes poignets afin de faire circuler le sang.

— Me ... Merci. Hésitais-je à prononcer en relevant la tête en direction de l'Amérindien qui faisait pratiquement deux têtes de plus que moi.

Les traits du visage de l'homme étaient visiblement moins tendus que tout à l'heure, pour autant il ne lâchait pas un mot et quittait l'endroit. Devant la porte, un autre homme avait pris place, il allait certainement monter la garde toute la nuit.

Ils avaient sans doute fait de moi leur prisonnière. J'en fus tout de même soulagé, certes j'étais maintenant enfermée ici, mais au moins j'étais vivante.

J'observais autour de moi, la pièce était vaste et pourtant l'aménagement si sommaire. Seule une paillasse était dressée au milieu de l'endroit. C'était un lit de fortune, monté sur un tas de branchage et un peu de paille au milieu, le tout recouvert d'une fourrure. Pour autant, je ne faisais pas la difficile et m'allongeais dessus. Je soulevais enfin mes pieds du sol, une grimace déforma mon visage lorsque j'aperçus l'état de mes pauvres petons vivement écorchés, du sang continuait de s'agglutiner mêlé à la poussière. J'avais dû fuir si rapidement que je n'avais pas eu le temps d'enfiler de chaussures et j'allais regretter cela pendant plusieurs jours encore, la cicatrisation allait être longue.

Exténuée, je ne m'éternisais pas davantage sur mes blessures et me laissais tomber lourdement afin de m'allonger. Je continuais de grelotter, le vent de l'extérieur sifflait à travers les charpentes de l'habitat et aucun feu ne réchauffait l'endroit. Je m'étais mis en boule à la manière d'un fœtus afin de garder ma propre chaleur le mieux possible. J'étais au milieu de nul par, entouré d'inconnu je ne savais pas ce qu'ils allaient faire de moi. Je n'avais plus personne pour me protéger. J'étais seule à présent.

Ma tête était en ébullition, je retraçais le cours cette soirée chaotique dans chacune de ces étapes puis réalisait dans quel pétrin je m'étais fourré. Cette fois-ci j'avais dépassé les limites et il n'y aurait plus aucun retour en arrière possible. 

[ ... ]

Je m'étais redressé d'un bon lorsqu'un cri d'enfant avait retenti dehors. Contre toute attente j'avais fini pas sombré dans un profond sommeil. 

Les cris venant de dehors étaient en fait celui d'enfants qui jouaient entre eux. En me levant de mon substitue de lit, je pris conscience que mon corps entier était courbaturé et mes pieds me faisaient un mal de chien, à croire qu'ils étaient en feu.  Les jambes flageolantes, je me dirigeais vers la sortie, l'homme qui montait la garde était absent de son poste. Après un instant d'hésitation, je poussais la peau de bête qui faisait office de porte et fit un pas dehors.

Le soleil brillait, il me fallut quelques secondes pour m'habituer à cette lumière aveuglante Il ne faisait pas très chaud mais c'était supportable. Le village avait repris vie, des hommes et des femmes s'affairaient dans leurs tâches tandis que des enfants se couraient après entre les tipis.

C'est peu confiante que je décidais de marcher au milieu de toute cette agitation. Cela était peut-être imprudent de ma part, mais j'étais trop intriguée pour rester enfermé ici. Mon regard croisait celui d'un enfant intrigué par ma présence, il me dévisageait avec insistance. Amusée par sa bouille intéressée je lui affichais un petit sourire. Mais cet instant fut coupé court quand une femme que je présumais être sa mère était venu attraper l'enfant par le bras. Tout en s'éloignant rapidement, elle m'avais lancé un regard réprobateur qui me faisait comprendre que je n'étais pas la bienvenue. 

Malgré ce premier échange un peu particulier, je ne me laissais pas abattre et continuait mon chemin. J'observais à présent quelques femmes occupées à briser des coquillages pour la confection de perles. Leurs maîtrises et leurs agilités à la confection des bijoux étaient incroyables, je restais subjuguée pendant quelques instants quand une quinte de toux infernal me prit. La gorge sèche, j'eus l'impression que ma trachée enflammée allait s'arracher. La main sur la gorge, j'essayais de me calmer et lançais un coup d'œil autour de moi, il fallait que je trouve de l'eau, c'était une priorité et de la nourriture serait encore mieux.

Je me faufilais aussi discrètement que possible entre les allées de tipis  afin de trouver la moindre trace d'eau qui pourrait m'aider à me calmer. J'avais vu au loin quelques gourdes et récipients sans doute remplis d'eau mais il y avait trop de monde autour et on ne me laisserait pas me servir aussi facilement. Je continuais donc mes recherches et puis soudain, je remarquais de l'autre côté du campement qu'une rivière longeait le village autochtone.

D'un pas décidé, je me dirigeais vers l'étendue d'eau, impatiente de pouvoir me réhydrater et même me débarbouillé à l'occasion. A seulement quelques pas de mon but je fus malheureusement intercepté. Je tombais nez à nez avec l'un des hommes de la veille, le plus petit des trois d'après mes quelques souvenirs. Il n'était certes pas beaucoup plus grand que moi, mais sa manière de s'agiter sans cesse trahissait son impulsivité. Je n'aimais guère sa compagnie, il m'inquiétait.

Ma foi, je n'eus pas d'autre choix que de le suivre, il avait agrippé par le col de ma robe de nuit avec force, il était déterminé à ne pas me lâcher. Il me traina comme ça sur plusieurs dizaines de mètres. Puis il attrapa une corde qu'il avait sans doute préparée au préalable et me ligota les poignets tout en gardant une certaine longueur afin de pouvoir me trainer comme un chien en laisse. 

Une fois assuré que je ne puisse pas me libérer, il me traina derrière lui jusqu'à la rencontre d'un cheval baie qu'il chevaucha avec agilité. Il donna un léger coup de talon pour faire avancer l'animal et tirait sur la corde me forçant à les suivre. 

Je ne m'étais jamais senti aussi humilier avant aujourd'hui et pourtant cela n'était pas ce qui m'inquiétait le plus, ils avaient prévu de faire quelque chose de moi et je ne savais pas encore de quoi il pouvait s'agir mais cela ne présageait rien de bon. 

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant