Lorsque la nuit était tombée, alors que j'aidais les femmes à ranger leurs derniers matériaux de tissage, Chayton était venu me chercher. Le chef nous attendait dans son tipi ainsi que d'autres guerrier assis en cercle autour du feu. Nous nous étions assis à leurs côtés, l'ambiance était étrangement silencieuse quelque chose de lourd semblait planer dans l'air. Le chef regardait les flammes en silence, le visage vide d'expression, le chaman chantonnait d'une voix presque éteinte. Les natifs ne semblaient pas déstabilisés par la situation, Chayton aussi observait les flammes, les lueurs oranges illuminait ses iris noirs. Je ne savais pas ce que je faisais ici, j'eu même l'impression que ça n'était pas ma place. Je n'étais même pas une guerrière.
— Le grand esprit nous a donné un pays pour y vivre, de vastes terre, du bison, du daim, des antilopes et bien d'autres gibiers. Mais les hommes blancs qui avaient eux aussi un pays n'en on pas compris la valeur et sont venu voler nos terres. Aujourd'hui nous n'avons presque plus rien, nos terres sont exploités, la chasse est pauvre, le gibier se fait rare et nous ne parvenons plus à nourrir nos familles.
Après la tirade du chef, il y eu un nouveau silence, cette fois moi aussi je regardais les flammes, un profond sentiment de tristesse s'emparait de moi.
— Il faut les combattre ! Clamait un des guerrier déjà dressé sur ses genoux prêt à partir.
— Beaucoup de peine et de sang serait épargnée si nous ouvrions d'avantage notre cœur.
— Il a raison, avait repris le chef. Les hommes blancs ont des armes bien plus puissantes que les nôtres, la valeurs qu'ils accordent à nos terre est bien différente de la notre. Nous avons rencontré des hommes blancs, des Français qui vivent non loin d'ici. Ils ne nous ont pas chassés de nos terres. Nous avons beaucoup parlé, et nous avons trouvés des accords.
À la suite de cette annonce il y eu de nombreuses clameurs. Visiblement, cette nouvelle n'enchantait pas grand monde.
— Ces hommes, nous laisserons des terres, nous donneront des armes et laisseront même nos enfants apprendre leur langue.
— Nous laisser des terres qui nous appartiennent déjà ? Grondait un homme en se redressant. Et je ne veux pas que mes enfants apprennent la langue de ces blancs, je ne veux pas qu'ils grandissent comme eux, des êtres sans âmes et sans valeurs !
L'homme laissait éclater sa colère, Andek c'était levé pour lui faire fasse et tentais bien tant que mal de le calmer.
— Nous ne pouvons pas perdre plus d'hommes, les blancs sont trop nombreux, si nous continuons de lutter, personne n'y survivra. Si nous acceptons leur offre alors nous auront le temps de nous renforcer, de nous armer à leur égale et de sauver nos familles. S'allier pour devenir plus fort. Expliquait calmement Andek.
L'homme semblait calmé, son regard était pourtant toujours aussi sombre.
— Aussi longtemps que le soleil brillera et que l'eau coulera, cette terre sera ici pour donner vie au hommes et aux animaux. Nous ne sommes pas éternellement liés à ses blancs. Lançait le Chaman.
Je n'étais plus certaine de comprendre. Voulaient-ils s'allier aux blancs ? Où allaient-ils leur faire la guerre ?
— Ashaisha, tu maîtrises la langue des Français ? Avait demandé le chef en me regardant.
Tous les regards étaient braqués sur moi, je baissais les yeux et regardais péniblement mes mocassins.
— Je ... Euh oui ...
Je comprenais à présent la raison de ma présence, j'allais sans doute leur servir d'interprète afin de celer les accords. Dans quoi allais-je encore me retrouver ? Je me sentais déjà rongé par la culpabilité.
La tension était palpable, les regards des guerriers s'étaient assombris, renoncé à leur terre et à la guerre était un énorme sacrifice à leurs yeux, c'était même inconcevable, pour qu'ils en arrivent à prendre une telle décision, les choses devaient réellement aller très mal. Je pouvais comprendre leur haine et je ne pouvais m'empêcher d'en vouloir à mon ancien peuple.
Lorsque le conseil fut terminé, le chef avait demandé à ses meilleurs guerriers de rester, Chayton en faisant partie, je me retrouvais seul dehors. La nuit était sombre, le ciel était couvert et les étoiles n'étaient pas visibles et j'avais senti ma poitrine se resserrer, une sensation d'étouffer s'emparer de moi. Bon sang, ça me reprenait, j'eus l'impression d'être de nouveau être enfermé dans cette cave dans laquelle chaque nuit j'avais l'impression d'être rongé par la moisissure, des nuits sans fin ou le jour ne semblait plus vouloir montré son nez.
— Ashaisha, ton esprit semble bien loin.
J'avais légèrement sursauté, je ne sais pas si le chaman l'avait remarqué, mais il se contentait d'observer le ciel, son bâton à la main, les plumes accrochées à son sommet se soulevait doucement au rythme de la brise.
— Chacun de nous a en lui deux loups qui se livrent une bataille. Le premier loup représente la sérénité, l'amour et la gentillesse. Le second loup représente la peur, l'avidité et la haine.
J'avais observé le vieux soigneur un instant, son regard toujours dirigé vers le ciel, quelque chose me disait qu'il ne racontait pas cela sans raison.
— Lequel des deux loups gagne ? Osais-je finalement demander intrigué par la suite.
— Celui que l'on nourrit. Avait-il simplement répondu en détournant son regard vers moi.
Il m'avait regardé un moment, ses yeux semblaient lire au-delà de ce qu'il pouvait voir. Finalement, il avait posé sa main libre sur mon épaule.
— Ashaisha ne vit pas dans le passé.
Un léger sourire était venu étirer ses lèvres et puis sans en dire plus il se retournait pour rejoindre son tipi. J'étais resté sur place regardant le Chaman s'éloigner, c'était un homme sage, un homme bon et surtout ces conseils étaient toujours précieux.
Je m'étais mise à repenser à ce qu'il venait de dire à propos des loups. Je commençais à en comprendre le sens. J'alimentais celui que je voulais éviter en repensant à mon passé, je ne pouvais pas le laisser grandir ainsi. Jamais je n'avais laissé la peur me guider, les actes d'un homme si mauvais ne pouvaient pas contrôler mon avenir, ça n'étais pas comme ça que je le voulais, et même si cela semblait être un obstacle infranchissable, je refusais
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Omakiya (Aide moi)
Historical FictionEleanor était l'aînée de sa famille, née d'un père anglais et d'une mère française, l'union de ses parents n'avait d'ailleurs pas fait l'unanimité dans le petit village d'Angleterre où ils vivaient. Elle avait deux sœurs cadettes, Rose et Madeleine...