Chapitre 20 - Un nouveau départ

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Nous chevauchions depuis des jours maintenant, dormant au claire de lune et repartant dès l'aube, ce périple s'avérait bien plus fatigant que je ne l'imaginais. Pour autant, je n'en disais rien et chaque matin, je remontais à dos de cheval, accroché à la taille de Chayton qui s'occupait de diriger l'animal. Les natifs n'étaient pas du genre à se plaindre, ni les femmes ni les enfants alors il n'était hors de question que je déroge à la règle et je contenais ma fatigue en essayant de me concentrer sur des points insignifiants que je fixais dans la nature jusqu'à les voir disparaître.

Ce soir-là, alors que le soleil disparaissait à l'horizon, nous nous étions arrêté au pied d'une haute montagne. Plusieurs hommes étaient descendu de leurs montures et observaient les lieux. Chayton avait fait de même et après s'être imprégné des lieux, il m'avait tendu la main.

— Nous nous arrêtons déjà pour la nuit ? Mais le ciel est encore clair.

Chayton avait ris un instant, puis lorsque je fut les deux pieds au sol il relâchait ma main.

— C'est ici notre nouveau camp pour de nombreuses lunes je l'espère.

J'avais fait un tour sur moi-même pour observer l'endroit. Une épaisse montagne surplombait le paysage à perte de vue, tandis qu'un petit fleuve s'écoulait en contrebas, le sol était de terre et à quelques pas poussaient de nombreux arbres et buissons. L'endroit était charmant et encore plus sous les couleurs du coucher du soleil.

Déjà les Amérindiens s'affairaient à installer leurs tipis pour pouvoir y passer la nuit, ils étaient tout à fait habitués et il ne leur fallait que peu de temps pour y parvenir. Comme dans le campement précédent, ils les disposaient les uns à côté des autres de façon à former des cercles. Les natifs vouaient un culte à cette forme. Wakanda (pouvoir magique intérieur), le chaman m'avait expliqué que cela représentait le cercle de la vie, l'un des nombreux symboles sacrés de la conception spirituelle dans lequel les natifs portaient beaucoup d'importance . J'avais encore beaucoup de mal à comprendre toute cette spiritualité que le chaman tentait de m'expliquer un peu plus chaque jour.

Une fois que Chayton avait fini de monter la tente, je m'étais faufilé à l'intérieur afin de disposer les couvertures un peu partout et afin de reconstituer les lits pour la nuit. Enfin nous pourrions dormir confortablement sous un abri. Une fois tout remis en place, ne voyant pas le natif revenir, je décidais d'allumer le feu dans l'habitacle moi-même. Il faisait froid dehors et de plus, cela repousserait les insectes que je préférais garder le plus loin possible.

Je m'afférais sur l'archet à feu, mais rien n'y faisait, je ne parvenais pas à produire la moindre étincelle, ni même un filet de fumé. Ma patiente étant limité par la fatigue, je commençais à m'énerver sur l'objet.  « Bon sang Éleanor, tu te ramollis !  » Me grondais-je moi-même. Parfois, je me demandais où était passé la fille solide et qui n'avait peur de rien, celle qui avait libéré les Amérindiens, celle qui osait défier la vigilance des soldats ... Cette partie de moi sembler s'être envolé au moment où j'avais passé les frontières du fort pour de bon ....

Il fallait que je profite de ce nouveau départ pour retrouver la personne que j'étais auparavant.

Une main était venu se poser sur la mienne, surprise j'avais eu un mouvement de recul mais je remarquais qu'il s'agissait seulement de Chayton qui venait de rentrer. J'avais voulu lui passer l'archet mais au lieu de sa, Chayton avait repoussé ma main au sol. Interloqué, je le regardais bêtement sans comprendre ce qu'il pouvait bien vouloir.

— Si tu veux être comme nous, tu dois apprendre. Expliquait le natif le regard rivé sur l'archet.

Il avait posé ses mains par-dessus les miennes, et d'un mouvement lent, il me montrait comment il fallait s'y prendre. Depuis ces derniers jours, j'avais pris l'habitude d'être si proche de Chayton mais cette fois-ci, son contact était différent et mon cœur s'agitait dans ma poitrine. Je l'avais regardé un instant, les traits de son visage étaient détendus et à la fois il s'appliquait à la tâche pour m'expliquer les choses. Soudain, une odeur de bois brûlé chatouillait mes narines, et puis un fumé noir s'échappait de la bûche et bientôt, les premières flammes apparaissaient.

J'avais bondi de joie comme s'il s'agissait de la première fois que je voyais un feu. J'étais fière, et même si Chayton avait fait le plus gros du boulot je pensais avoir compris comment faire maintenant. Dans un geste impulsif j'étais venu enlacer l'Amérindien pour le remercier, mais j'avais mis vite fin à notre étreinte en me rendant compte de mon geste. Embarrassé, j'avais préféré éviter le regard du natif. Pourtant, même si je me sentais vivement gêné, je n'avais pu m'empêcher de lancer un coup d'œil dans sa direction. Toujours accroupis près de moi, son regard avait changé, il m'observait d'un air que je ne lui connaissais pas. Intrigué, je m'étais mise à le fixer à mon tour et à ce moment-là, j'avais ressenti comme si, un éclair avait éclaté entre nous. L'ambiance était silencieuse et étrangement lourde.

— Je dois récupérer mes armes. Avait alors lâcher Chayton en se redressant.

Dans la foulée, il avait quitté le tipi. Désorienté par cette situation, je n'avais pas tout de suite réalisé. Puis j'avais constaté que ses armes étaient déjà là, étalées dans un coin de l'habitation. Enfin, sans doute en avait-il d'autres, Chayton ramenait tout le temps de nouvelles armes qu'il échangeait ou qu'on lui offrait.

J'avais finalement fait réchauffer quelques morceaux de viande qui avaient été chassé en chemin. J'avais attendu Chayton revienne pour manger avec lui, mais le temps défilait et il n'était pas de retour. J'avais donc grignoté deux ou trois morceaux avant d'aller me coucher, exténué par le voyage.

Plongé dans un sommeil que je pensais profond, j'avais été réveillé lorsque la peau qui faisait office de porte avait été ouvert. Le feu étant pratiquement éteint, je n'apercevais qu'une silhouette dans l'entrée du tipi. Les yeux à peine ouverts et l'esprit embrumé par le sommeil, je n'avais pas dit un mot, Chayton allait sans doute juste aller se coucher. Pourtant, je ne parvenais pas à refermer les yeux, quelque chose me dérangeait dans son comportement. Pourquoi restait-il planter dans l'entrée ?

— Chayton ?

La voix faible et endormie, mes paroles étaient sortie comme un murmure, pourtant, la silhouette dans l'entrée c'était soudainement agité avant de quitter l'habitacle à toute vitesse. Dérouté, je m'étais vivement redressé, cette fois-ci, quelque chose n'allait vraiment pas. Il y avait quelqu'un ici et ça n'était pas Chayton, envahi par la peur, je ne savais plus quoi faire et restaient planté au milieu des couvertures les mains tremblantes.

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant