Chapitre 5 - Instinct maternel

4.1K 374 23
                                    

Les deux natifs avaient fini par faire demi-tour quand leurs ennemis fut assez éloignés

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Les deux natifs avaient fini par faire demi-tour quand leurs ennemis fut assez éloignés. Lorsque j'avais entendu les chevaux revenir aux galops, le temps d'un instant j'avais eu besoin de reprendre mon calme pour ne pas paraître effrayée. Comme à son habitude Wakiza allait avoir une réaction explosive et je redoutais déjà ce qu'il allait pouvoir me faire subir.

J'avais eu raison de m'inquiéter, comme je m'y attendais Wakiza m'avait poussé sauvagement me faisant tomber en arrière. Mais plutôt que de s'acharné comme il semblait avoir l'habitude de le faire, il s'était précipité près de son ami blessé. Sans prendre la moindre précaution, il s'apprêtait à soulever Andek pour le remettre sur pied, s'il faisait cela il était sûr que le blessé allait perdre connaissance et il n'allait surement pas résister à ses blessures.

Sans réfléchir, je m'élançais et attrapais vivement le bras de Wakiza avant qu'il n'est le temps d'atteindre son équipier. Je croisais les iris noires de l'homme qui lançait des éclaires, je m'étais senti tressaillir, j'étais effrayée et pourtant je ne cédais pas. D'un mouvement brusque il se dégageait de moi prêt à m'attribuer un coup pour me corriger. Précipitamment je plaçais mes mains liées en hauteur tandis que j'étais à genoux sur le sol.

— Détachez-moi, je peux le soigner mais j'ai besoin d'avoir les mains libres, il va mourir ! Implorais-je en faisant abstraction de la peur qui m'oppressait la poitrine. 

Wakiza se fichait pleinement de mes supplices, il ne savait faire preuve d'aucune clémence. Il se contentait de lever un bras au-dessus de sa tête puis l'élançait de toutes ses forces dans ma direction, prêt à me frapper violemment. Mais, avant que le coup n'ait eu le temps de s'abattre sur moi, faiblement Andek essayait de dire quelque chose, l'impétueux cessais alors immédiatement son acte et approchait son oreille du visage du blessé.

— Laisse la faire Wakiza. Prononçait Andek le souffle cour.

Wakiza me lançait à nouveau un regard assassin mais cette fois il semblait aussi dérangé par la demande de son ami. Sa haine envers moi n'arrangeait rien au cas de son ami qui continuait de se vider de son sang pendant que cet idiot doutait encore de ce qu'il devait faire, me laisser aider Andel ou me tuer. 

Brusquement, la corde liant mes mains fut rompue d'un bref coup de couteau. Chayton était intervenue en adressant au passage quelques mots en lakota à l'intention de Wakiza qui semblait s'énerver aussitôt, sûrement lui avait-il reproché son manque de réaction. Pour autant je n'y portais pas plus d'attention et je me précipitais de récupérer la corde pour la nouer durement autour de la cuisse d'Andek afin de faire un garrot. Une fois l'hémorragie stoppé les risques étaient moins grand mais ça ne suffirait pas, et puis je ne pouvais pas laisser le garrot trop longtemps au risque de lui faire perdre définitivement sa jambe. 

Après une discussion agitée dans leur langue maternelle, les deux hommes prirent la décision de faire demi-tour au village afin qu'Andek soit soigné de ses blessures. Ils installaient leur ami sur le dos d'un des chevaux aussi délicatement que possible afin de ne pas le faire souffrir davantage. Nous prenions aussitôt la route pour revenir au campement. 

Dans leur hâte, ils avaient oublié de m'attacher les mains et j'étais libre de tous mouvements. Pour autant je n'eus pas un seul instant l'idée de fuir, bien sûr j'y avais songé mais j'avais rapidement mis cette idée de côté en entendant les gémissements plaintifs du blessé. Je ne pouvais le laisser souffrir ainsi, nous étions à un jour et demi du village à cheval, maintenant qu'il nous en manquait un et que l'autre était occupé par le blessé il n'y avait pas d'autre choix que de rentrer à pied. Les natifs avec qui j'étais semblait être de bons guerriers et de bons pisteurs mais pas de bons soigneurs et sans personne pour veiller sur l'état d'Andek, il ne tiendrait pas bien longtemps.

Je devais tenir cela de ma mère, toujours prendre soin des autres quoi qu'il arrive. Maman était infirmière lorsqu'elle vivait encore en ville puis lorsqu'elle s'était mariée à mon père et était venu s'installer avec lui à la campagne, elle avait continué d'exercer son métier afin d'aider son prochain. Et même s'il s'agissait de personnes détestables qui l'insultaient car elle était française ou bien me traitait d'idiote et d'inconsciente ma mère les soignait. Jamais elle n'aurait laissé quelqu'un souffrir, j'enviais énormément ce trait de caractère incroyable qu'elle possédait.

Les chemins escarpés me rappelaient rapidement à l'ordre lorsque je faillis tomber.  Nous marchions en silence, Wakiza était monté sur le deuxième cheval restant et marchait un peu plus loin devant, surement pour s'assurer qu'il n'y est pas d'autres ennemis. Chayton lui tenait la corde accroché au cheval qui portait le blessé. 

Après de longues heures de marche, nous avions rejoint le chemin longeant la rivière, malgré le bruit du courant, j'entendais les gémissements Andek s'intensifier, il semblait souffrir de plus en plus.

—  Il faut faire une pause, lançais-je d'une voix assez forte pour que les deux autres entendent.

Wakiza n'en tenait pas compte et continuait son chemin comme si de rien était, tandis que Chayton m'avait observé un moment comme pour évaluer sur mon visage s'il était bon d'exécuter mes dires. Après avoir marché encore quelques mètres, le plus grand arrêtait le cheval tout en sifflant pour interpeller Wakiza qui filait. 

— Si nous nous arrêtons à chaque fois que cette chienne le demande l'âme d'Andek n'atteindra même pas la clairière. Marmonnait le natif qui ne pouvait s'empêcher d'être méchant à mon égard.

Pour autant Chayton ne lui portait pas davantage d'attention, sans doute avait-il pris l'habitude du comportement colérique du guerrier.

Une fois le cheval attaché à un arbre, ils avaient fait descendre le  blessé de l'animal afin de le poser sur le sol. Son visage perlait de  sueur et déjà il commençait à divaguer récitant de nombreuses prières  du bout des lèvres les yeux clos.

Je prenais possession d'un des récipients qu'avait  sorti Chayton et allait le remplir à la rivière. À mon retour, je  m'agenouillais au côté d'Andek et avec délicatesse, je soulevais sa tête pour la poser sur mes cuisses.

— Il faut boire. Expliquais-je doucement à l'homme en approchant le récipient plein de sa bouche.

Non  sans mal, il avalait quelques gorgées avant de laisser retomber sa tête  lourdement sur mes jambes. J'en profitais pour détacher le garrot avant de  déchirer un morceau de tissu d'une de ces jambières pour m'en servir de pensement. Je versais un peu d'eau froide sur la plaie pour la nettoyer un peu et posais le carré en peau de daim sur la blessure puis fit en sorte que lui-ci ne puisse pas bouger. Après un instant de souffrance un peu rude, Andek  semblait enfin se calmer. Je retirais les cheveux collés sur son front à cause de la sueur et coiffais sa longue chevelure en une épaisse tresse afin que le vent ne lui envoie plus dans le visage. Nous avions repris la route du retour peu après, c'est  seulement lorsque le soleil déclinait que nous renouvelions la pause, cette fois pour toute la nuit.

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant