Chapitre 17 - Répit éphémère

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Finalement, les femmes étaient rentré au village plus tard dans la journée pour se mettre à la préparation du repas pour accueillir les chasseurs qui allaient rentrer avant la tombée de la nuit. Contrairement à d'habitude, je ne m'étais pas senti rejeté par les Amérindiennes, au contraire, elles prenaient le temps de m'apprendre leurs techniques de cuisine et riaient lorsque je m'y prenais mal, ce qui d'ailleurs s'était répété à de nombreuses reprises. 

Plus tard, alors que j'avais laissé les femmes finir de préparer le repas, une jeune fille d'environ douze ans, l'âge de Rose, ma sœur cadette avait montré un grand intérêt pour mes cheveux. Magena m'avait expliqué qu'elle souhaitait les tresser ce que j'avais accepté avec joie. La fillette était douée et m'avait fait une large tresse à l'arrière de la tête, elle était ravie d'avoir pu coiffer des cheveux qui n'étaient pas bruns comme les restes des femmes de la tribu et sa joie m'avaient fait rire.

— Magena ! S'était exclamé une voix masculine.

Nous avions relevé la tête dans un seul mouvement, un homme plutôt grand, les cheveux tressés de chaque côté de la tête se tenaient à quelques mètres devant nous, il affichait un grand sourire et avait les bras largement ouverts et rapidement Magena était venu s'y blottir.

Leur étreinte avait duré un moment, puis Magena avait pris la main de l'homme à qui elle demandait de la suivre avant de se dirige dans ma direction le sourire aux lèvres.

— Eleanor, je te présente Isha, mon mari. Isha, voici Eleanor, l'invité de nos amis.

Isha m'avait adressé un sourire chaleureux tout en me saluant. Une fois les présentations faites, Magena avait repris la conversation avec son mari.

— La chasse a été bonne ?

— Nos terres s'appauvrissement en bison, les hommes blancs en tues plus qu'ils n'en n'ont besoin et ne nous laisses rien.

Isha m'avait jeté un regard en réalisant que j'étais toujours près d'eux, j'avais remarqué son visage se déformer sous l'embarras que je lui avais causé.

— Je partage leur couleur de peau mais pas leur valeurs, je ne suis plus parmi eux maintenant, tu peux dire ce que tu penses. Assurais-je afin de dissiper le malaise.   

Isha avait hoché la tête en reprenant toute sa contenance, visiblement soulagée. C'était bien le premier homme amérindien qui s'était senti mal à l'aise à l'idée de parler ainsi des hommes blancs devant moi et de se sentir désolé. D'habitude les autres membres de la tribu disaient leurs pensé sans prendre les moindres pincette mais je ne leur en avait jamais voulu, cautionnant tout à fait leur hostilité envers eux.

— Pour autant, nous ne sommes pas rentré bredouilles, certains hommes ont eu de petits gibiers tandis que Chayton a tout de même réussi à avoir une biche

Quelques petits rires avaient alors retenti derrière nous, Chayton venait justement d'arriver et visiblement il ne laissait pas le groupe de jeunes Indiennes indifférentes, elles le regardaient sans vraiment s'en cacher. Chayton lui n'y portait pas la moindre intention et lavait et ramassait son matériel qui lui avait été utile pendant la journée. Je l'avais observé un moment avant de le rejoindre. Le visage caché derrière sa longue chevelure, il ne m'avait pas vue arriver.

— Alors comme ça tu es un bon chasseur par-dessus le marché. Lançais-je en essayant de paraître détaché bien que j'étais ravi de le revoir après une journée entière.

— J'étais juste au bon endroit au bon moment. Se contentait-il de répondre sans décrocher son regard de ses armes.

Comme toujours, il se montrait modeste, pourtant Chayton était l'un des meilleurs guerriers de sa tribu, il n'y avait pas de doute la dessus.

— Et puis tu sembles être apprécié ici. Lançais-je en regardant le groupe de jeune femme qui ne détachait pas de lui.

Chayton avait jeté un bref coup d'œil par-dessus son épaule avant de les hausser, il n'en avait visiblement rien à faire et ne leur portait pas la moindre attention.

— Tu devrais te reposer ce soir, nous reprenons la route tôt demain matin. Annonçait le natif en se redressant faisant désormais une bonne tête de plus que moi.

— Déjà ? Magena et son village viennent avec nous ? Demandais-je en espèrent que la réponse soit positive.

— Ils partent aussi, mais prennent la direction du nord.

J'avais alors affiché une moue attristée, j'avais passé une journée tellement agréable, j'avais tellement espéré que cela dure encore un peu.

— Ne t'en fais pas, tu as ta place parmi nous. Assurait Chayton essayant de me réconforter.

— Seulement auprès de toi .. Soufflais-je un peu désemparé.

Chayton m'avait regardé un moment sans rien dire. Pourquoi avais-je dit ça ? Qu'est ce que Chayton allait bien penser de moi ? Sans doute n'avais-je pas ma place non plus auprès de lui et que je n'étais qu'un fardeau qu'il était obligé de supporter. Non, Magena avait dit qu'il était différent avec moi ... Voilà que cette conversation me revenait alors en tête, pourquoi était-il si différent avec moi ? Est-ce qu'il m'appréciait ? Et si ... Bon sang, je ne savais plus ou donner de la tête.

Mais alors que je tentais tant bien que mal de me remettre les idées en place, je constatais que déjà Chayton s'était remis à ses occupations.

Le soir venue, nous nous étions tous rassemblé au cœur du village afin de partager un repas pour fêter les retrouvailles et la chasse de la journée. L'ambiance était joviale, tout le monde riait s'amusait et plus tard dans la soirée, ils s'étaient mis à jouer de la musique et certains dansaient. Ça avait été tellement agréable que je n'avais pas vu temps passé et la fête s'était terminé avant même que je m'en aperçoive. Le lendemain, nous avions de la route et il n'était pas raisonnable de rester éveillé toute la nuit. 

Une fois de retour au tipi, Chayton et moi étions partie nous coucher chacun de notre côté sans dire un mot de plus, pour autant je n'avais pas envie de dormir. Je repensais aux derniers jours passé et quelques questions sans réponses me taraudait.

— Qu'est-ce qui est arrivé à ton père ?

Les yeux rivé au plafond, je n'avais même pas osé regarder le natif, il était si silencieux que j'aurais pu croire qu'il dormait mais un soupir m'affirmait que ça n'était pas le cas. Je m'étais retourné afin de ne plus lui faire face même si je le voyais pas dans la nuit. Je n'aurai pas dû lui demander, il valait mieux dormir.

— Après l'arrivée des premiers hommes blancs, les hommes de mon peuple avaient créé des liens avec les visages pâles afin de vivre en paix et de garder leurs terres seines. Mais les hommes blancs ont continué de venir à chaque fois plus nombreux toujours plus exigeant imposant aux miens leur religion et leur façon de vivre s'accaparent de leurs terres et de leurs droits. Les combats on fait rage, mon père a été tué par une arme crachant le feu, comme la plus par des autres hommes à ses côtés ...

Il y eu un long moment de silence, puis il avait continué :

— La femme de Wakiza qui attendait leur deuxième enfant ainsi que son fils de 8 ans ont été tués aussi lors d'une attaque alors qu'ils étaient partie ensembles un jour de cueillette, après ça il n'a plus jamais été le même homme ... ne lui en veux pas trop, mais pour lui tous les blancs sont des démons.

J'avais été étonné que Chayton me réponde, je ne m'y attendais pas du tout mais pour autant ce n'était pas ce qui m'avait le plus contrarié dans cette histoire, c'était plutôt d'entendre encore une fois parler des colons ainsi, brisant de nombreuses familles, s'accaparant des terres et de vie sans le moindre scrupule...

— Je suis désolé ...

Même si je ne l'avais jamais voulu, même si je faisais partie de c'est colonisateur contre mon gré, j'étais venu moi aussi, j'avais accaparé leur terre et même si je ne savais pas ce qu'il se déroulait hors des murs du fort, je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable de toute cette douleur et de ce malheur ...

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant