Chapitre 11 - Peter

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Nous marchions en silence au milieu de la forêt, pendant que je regardais le sol à la recherche de plante que je connaissais, Chayton surveillait les alentours avec attention ça lance en main afin d'être prêt à intervenir quoi qu'il arrive.

— Ne t'éloigne pas trop. Lançait-il alors que je m'enfonçais un peu plus loin dans la forêt.

— Alors suis-moi, je ne trouve pas grand-chose par ici, il faut aller voir plus loin.

Le natif était passé devant moi afin de vérifier les pistes avant mon passage. Les feuillages étaient un peu plus fournis ici et les plantes étaient un plus nombreuses. Je fourrais quelques feuilles et racines dans une petite besace que le chaman m'avait donnée avant de partir.

Accroupie près d'un buisson, je fouillais une touffe d'herbe du bout des doigts sans vraiment y être attentive. Du coin de l'œil, je regardais Chayton qui observait chaque détail autour de lui, il était prudent serte, mais je ne comprenais définitivement pas son acharnement à toujours rester sur ses gardes, nous étions au fin fond des bois et seul le chant des oiseaux résonnait.

— Il n'y a définitivement personne d'autre que nous ici, tu devrais plutôt venir me donner un coup de main, plus vite le sac serra plein et plus vite nous seront rentrés.

Le natif m'avait lancé un vif coup d'œil avant de s'approcher de quelques pas.

— Nous ne sommes jamais seuls, il faut savoir rester sur ses gardes.

— On dirait presque de la paranoïa, me moquais-je à peine sûr que cela plaise au natif.

— De la para quoi ? Demandait-il en inclinant légèrement la tête.

Toujours accroupie, j'avais redressé la tête et croisais le regard de Chayton, un sourire s'était rapidement dessiné sur mon visage en remarquant son trouble. Sans doute ne connaissait-il pas ce mot, les Amérindiens avaient dû apprendre l'anglais après l'arrivée des premiers colons afin de pouvoir communiquer avec eux, mais cela n'était pas leur langue maternelle.

Mais alors que je continuais de m'amuser de la situation, un craquement de bois sec était venu briser le silence qui s'était installé. Ni moi ni Chayton n'avaient fait le moindre mouvement, cela venait d'un peu plus loin. En posant son index devant sa bouche, Chayton me fit comprendre de garder le silence et de ne pas bouger. Je me contentais de hocher la tête en signe d'acquisition. Ma sérénité s'était à présent totalement envolée et je regrettais déjà d'avoir douté qu'il puisse y avoir qui que ce soit ici.

Chayton était alors partie jeter un coup d'œil un peu plus loin, toujours recroquevillé dans mon coin, je ne lâchais pas des yeux l'Amérindien. Il avait sa lance tendue devant lui et était prêt à se battre s'il en était ainsi.

Soudain, il avait lancé son bras derrière un buisson et soulevait quelqu'un par le col.

— S'il vous plaît, lâchez-moi, lâchez-moi ! Implorait l'homme complètement paniqué.

Pour autant Chayton ne l'écoutait pas et plaçait le bout pointu de sa lance sous la gorge de l'intrus. J'observais la scène de loin, un long frisson glacial avait parcouru mon échine. Cette svelte silhouette, sa peau pâle, ses yeux bleus perçants et cette voix ... Quelque chose me tourmentait, ça n'était pas la première fois que je le voyais, même si de cette distance j'avais du mal à en être certaine, un part de moi en était convaincu, je le connaissais.

— Attends, ne lui fait pas de mal ! Intervenais-je en me précipitant à leurs côtés.

Chayton m'avait lancé un regard rempli d'incompréhension toujours la main serrée autour du col de sa victime.

— Eleanor ?! S'exclamait le garçon les yeux écarquillés en me reconnaissant.

Chayton avait finalement reposé l'intrus au sol, pour autant je pouvais toujours sentir son regard lourd d'intérogation sur moi.

— Peter, mais qu'est-ce que tu fiche ici ? Toi aussi tu as quitté le campement ?

— Non, mais les hommes sont presque tous partie en guerre, alors ils nous envoient nous, les derniers garçons à la chasse.

Je regardais un moment Peter sans rien dire. Voilà un changement bien étrange, avant il aurait été impossible de quitter le campement sans faire partie de l'armée, quoi qu'il arrive, ils trouvaient toujours un moyen de nous garder confiné pour que nous ne voyons au-delà des rempart.

— Mais peu importe, bon sang je pensais ne plus jamais te revoir ! Qu'est-ce qu'il t'a pris de faire une telle chose ? S'exclamait bruyamment le jeune homme.

— Je ne suis même pas capable d'expliquer ce qui m'a pris, mais je ne regrette rien. Expliquais-je en regardant ailleurs toujours tourmenté par cet épisode qui avait changé ma vie.

— En tout cas tu as créé une sacrée pagaille, reprenait le garçon avec enthousiasme, des gens on prit ta défense, ils te considèrent comme une vraie héroïne, bon serte une minorité qui se sont très vite fait remettre en place mais on parle toujours de toi !

Surprise, je regardais Peter dans les yeux, il semblait sincère. Des personnes avaient pris ma défense ? Depuis toujours on me traitait d'insouciante et d'être un danger pour tout le monde, je n'étais définitivement pas habitué à entendre du bien à mon sujet. Pour autant ça n'était pas là la priorité.

— Comment vont mon père et mes sœurs ? Finissais-je par demander en me mordant nerveusement la lèvre inférieure.

— Ton pauvre père, il était terrassé par ton départ, il a essayé de quitter la colonie à plusieurs reprises ce qui lui a valu plusieurs jours de cachot, quant à tes sœurs, la plus jeune rose pleur encore ton départ quant à Madeleine, tu la connais, toujours à cacher ses sentiments derrière son tempérament explosif, mais tu lui manque c'est certain.

J'avais senti mon estomac se nouer et des sueurs froides coulées dans mon dos. J'avais causé tant de mal à ma pauvre famille, ils avaient déjà beaucoup trop souffert après le départ de ma mère et je leur causais davantage de souci même après les sacrifices de mon père pour notre bonheur.

« Peter ! Peter ! »

Des voix masculines appelaient à plusieurs reprises le garçon qui jetait un bref coup d'œil derrière lui.

— Les autres me cherchent, je dois y aller.

Avant qu'il n'est eut le temps de partir, je le retenais par le poignet pour l'arrêter.

— Je t'en prie, dit à ma famille qu'ils me manquent et que je les aime, mais surtout ne révèle à personne où je suis, s'ils me retrouvent, je me ferais tuer et eux risqueraient aussi les problèmes.

— Mais ... mais qu'est-ce que tu vas devenir ? Comment tu vas faire ?

— Ne t'en fais pas pour moi, je suis en sécurité. Assurais-je en lançant un coup d'œil à Chayton qui avait suivi toute la conversation d'une oreille distraite. Mais je t'en prie, passe le message à ma famille.

Hésitant, Peter m'avait regardé un moment avec insistance, j'avais fini par lâcher son bras afin de le libérer. Il avait regardé une dernière fois chacun d'entre nous d'un long regard avant de partir en courant dans la direction d'où provenaient les appels.

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant