Chapitre 22 - Au-delà des montagnes

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Chayton ne m'avait pas cru, j'en étais sûr. Il m'avait regardé un moment sans rien dire alors que tout le monde semblait se contenter de mes explications. Pour autant, il ne me posait aucune question et retournait vaquer à son tour à ses occupations.

J'étais finalement retourné au tipi chercher l'une des tenues que m'avait offertes Magena, puis je m'étais rendu à la rivière. L'eau était extrêmement froide, je n'avais pas eu le courage de plongé, je m'étais contenté de rester sur la rive et me débarbouillais efficacement à l'aide produit que les Amérindiennes concoctaient elles-mêmes.

Au moment où j'avais voulu me dévêtir pour enfiler une nouvelle tenue, j'avais cessé de le faire pour jeter un coup d'œil autour de moi. J'avais l'étrange sensation d'être observé, pourtant les natifs étaient tous bien trop occupés à leurs tâches et s'ils étaient dans les parages, je les aurais certainement remarqués, ça n'était pas dans leurs habitudes d'observer en douce.

Je m'étais finalement résigné à ne pas me changer ici. À mon retour au village, j'avais filé dans le tipi que je partageais avec Chayton pour me changer a l'abris de tous regards.

Alors que j'enfilais la seconde bretelle de la robe en fourrure qui m'avait été offerte, l'entrée avait été ouverte ce qui m'avait fait sursauter. Je ne me sentais définitivement pas tranquille. En me retournant, je fus rassuré de constater qu'il s'agissait simplement de Chayton. Ayant remarqué ma surprise, il s'apprêtait à faire demi-tout pour me laisser tranquille pensant m'interrompre.

— C'est bon tu peux entrer, j'avais terminé. Lançais-je avant qu'il ne referme.

Il avait finalement fait demi-tour pour se diriger directement dans le coin où il entreposait ses armes. Planté de l'autre côté, je le regardais accrocher ses lames les plus tranchantes a sa ceinture, comme il le faisait lorsqu'il partait à la chasse ou en expédition.

— Où vas-tu ? Me permettais-je de demander.

— Les femmes partent en cueillette, je les accompagne. Répondait-il brièvement. 

Pourquoi les accompagnait-il ? D'habitude, seulement de jeunes guerriers encore en apprentissage accompagnaient les femmes à la cueillette pour veiller sur elle, mais généralement elles ne croisaient jamais personnes.

— Je viens. Lançais-je en enfilant les mocassins que Chayton m'avait donnés à mon arrivée.

Le natif m'avait regardé un bref instant avant de se redresser pour aller dehors. Je soupirais, il était si distant depuis ce matin. Parce que j'étais partie la veille sans le prévenir ? Parce que j'avais passé la nuit dans le tipi d'Andek ? Ou alors parce que je lui avais menti ? Bon sang, je détestais qu'il soit ainsi. Comme un inconnu. 

J'avais récupéré le couteau qu'Andek m'avais offert pour le glisser dans ma poche. Peut-être me serait-il utile.

Nous avions marcher un moment en direction du nord pour rejoindre des bois. J'avais fais le chemin seul et en silence afin de réfléchir un peu, de me remettre les idées en place.

Une fois arrivé, je m'étais mise à ramasser quelques racines que je savais comestibles et les mettait dans le panier prévu à cet effet. Pour autant, je n'avais pas la tête à récolter, mes pensées étaient ailleurs. Je ne pouvais m'empêcher de me souvenir de la veille, je voulais savoir de qui il s'agissait. Il s'agissait d'un homme de l'armée Anglaise c'était certains, ils étaient les seuls à portée des tuniques d'un rouge aussi flamboyant, les Amérindiens n'avaient pas de telles teintures de vêtements.   

J'avais jeté quelques regards par-dessus mon épaule afin de surveiller derrière moi. Les femmes s'appliquait à la tâche tendis que les hommes surveillait les lieux. Je profitais de leurs inattention en ma direction pour m'éloigner, j'avais besoin de voir, d'explorer moi aussi. Alors, je gravissais un pan de la montagne pour passer de l'autre côté.

Un léger vent frais venait caresser mon visage, il était pratiquement glacial mais ne me dérangeait pas. Il y avait des pleines verdoyantes à perte de vue ainsi que des arbres qui formaient de grandes allées naturelles, les lieux étaient si sauvages qu'ils semblaient inexplorés, sans aucune vie humaine. Je m'étais laissé bercer par la douceur des paysages un moment avant de reprendre mes esprits. Au loin, une silhouette avait surgi de nul par en courant. A une telle distance je ne distinguais qu'une masse bleu ciel au milieu de la nature sauvage. J'avais plissé les yeux pour me focaliser sur cette fameuse présence. Une peau laiteuse, une masse de cheveux long, épais et châtain. Si je n'avais pas été aussi loin, j'aurais été persuadé qu'il s'agissait de ma sœur Madeleine, mais à une telle distance impossible d'en être sûr.

Il se passait quelque chose ici, depuis que nous étions arrivés. J'avais assisté à plusieurs événements étranges et pourtant nous étions arrivé il y avait moins de vingt-quatre heures. Poussé par la tentation, sans m'en rendre vraiment compte, j'avançais de quelques pas les yeux toujours rivés sur la jeune femme. Et puis sortie de nul par, un homme en tunique rouge, à dos de son cheval à la robe marron fonçait sur la jeune femme, son mousquet en main.

J'avais vivement retenu mon souffle en voyant la scène, l'homme s'était mis sur la trajectoire de la jeune femme l'empêchant de fuir encore. Lorsqu'il l'avait intercepté, il était descendu de sa monture et rangeait son arme. Encore une fois, j'avais voulu m'approcher, mais ce fut le pas de trop et mon pied ripa sur une feuille humide me faisait chuter. Le terrain était si pentu que j'avais glissé sur plusieurs longs mettre avant que mon flanc vienne percuter durement un tronc d'arbre freinant enfin ma chute.

La douleur dans mes cotes avait été vive m'en coupant le souffle, manquant de me faire lâcher un râle de douleur, mais je m'étais mordu la lèvre pour étouffer le moindre son. J'avais déjà fait beaucoup trop de bruit, non pas pour les deux inconnus qui était à longue distance mais plutôt pour le groupe du natif qui était juste derrière.

J'avais essayé de me redresser, mais la douleur encore trop présente m'en dissuadait. Peut-être que si j'attendais quelques minutes alors cela s'atténuerai. Mais alors que je m'étais adossé à un tronc d'arbre tant bien que mal, le son des sabots d'un cheval au galop tambourinaient le long de la terre humide me parvenait aux oreilles. Bientôt je me retrouvais face à face avec un cheval pie.

Surprise, j'avais d'abord vivement reculé puis je fus encore moins rassuré de voir que son cavalier n'était autre que Wakiza, le natif que je craignais le plus et celui qui ne m'avait jamais accepté. J'avais rarement croisé son chemin depuis quelque temps et puis le reste du temps, il se contentait de m'ignorer ce qui était surement la meilleure chose. Mais maintenant je me retrouvais face à lui, dans une situation délicate, cela n'annonçait rien de bon ...

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant