Chapitre 24 - L'embuscade

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Des hommes en tuniques rouges avaient surgi de partout, arme en joue, prêt à tirer. Deux d'entre eux s'étaient rué sur moi me plaquant lourdement au sol. Face contre terre, j'étais complètement tétanisé. Les coups de feu s'étaient mis à retentir, je ne pouvais rien voir étant donné ma mauvaise posture, mais je savais qu'il s'agissait d'une contre-attaque des natifs.

Une fois les mains durement ligotées derrière le dos, l'un des soldats m'avait redressé avec indélicatesse et il continuait de me tenir durement par les bras bien décidé à ne pas me lâcher. Cette fois-ci, je pus assister à la scène qui se passait autour de moi. Les canons des mousquet fumant, les amérindiens se jetant avec leurs lances et leurs couteaux sur les soldats anglais. Ce qui se déroulait sous mes yeux me terrifiait. Des Anglais tombaient raide mort sur le sol, mais les Indiens aussi, leur nette infériorité en nombre ainsi qu'en arme à feu ne faisaient que les désavantager.

La situation s'empirait à chaque seconde. Bientôt, les Anglais prirent l'avantage et la situation était plus inquiétante que jamais. Les Natifs étaient désormais alignés, tous à genoux et désarmés, les mains liées dans le dos et derrière chacun d'entre eux un soldat braquant son arme sur leur crâne prêt à tirer au moindre instant.

Le regard troublé par les larmes, je cherchais Chayton. Il était lui aussi à genoux, et le voir dans une telle posture était presque traumatisant. Il était un si bon guerrier, il avait eu l'air tellement intouchable jusque là. Pour autant, malgré la situation catastrophique Chayton restait de marbre, la mâchoire serré, il ne montrait aucun signe de faiblesse. Pourtant je priais intérieurement pour qu'il ne tente rien, il était cerné et les soldats n'hésiteraient pas une seule seconde à lui tirer dessus.

L'ambiance était plus lourde que jamais, un silence pesant s'était installé et les soldats qui semblaient pourtant avoir préparé leur embuscade dans le moindre détail avait maintenant l'air de ne plus quoi savoir faire. 

Pendant un instant, j'avais espéré à un retournement de situation. Mais malheureusement, ce ne fut pas le cas. Un homme à dos de cheval venait d'arriver. Il avait une forte prestance, le dos droit comme un piquet, les mains fermement accrochées aux rênes de son cheval, il nous regardait un par un de toute sa hauteur, les yeux vers le bas il nous faisait rapidement comprendre qu'il était quelqu'un d'important.  

Finalement, il s'était arrêté devant moi, je n'avais même pas eu l'audace de soutenir son regard et fixait le sol. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, je sentais que les choses m'échappaient, j'avais déjà perdu le contrôle de ma vie depuis un moment, maintenant j'avais l'impression de perdre le contrôle de mon propre corps. Le silence de plomb continuait de régner, et puis finalement un bruit sourd accompagné les cliquetis des armes que portait l'homme à son ceinturon. Il n'était plus sur le dos de son cheval à présent, mais devant moi. Je n'avais toujours pas relevé la tête, mais j'apercevais ses souliers noirs et lustré sous mes yeux. Comment pouvait-il avoir des bottines si scintillantes après une chevauchée ? Et puis soudain, sa main gantée était venu attraper fermement mon menton pour me faire relever la tête. Lorsque je croisais son regard, il ne me lâchait pas et faisait pivoter ma tête à droite, puis à gauche pour m'observer sous toutes les coutures. Après un moment qui avait semblé interminable, il m'avait brusquement lâché.

     — Et bien, je n'avais pas imaginé une créature si délicieuse. Avait-il finalement dit d'un ton assuré. 

A présent, il s'éloignait pour faire faces aux autres soldats. 

       — Messieurs, vous avez fait un bon travail. A présent, emmené les au fort. Leurs cellules les attends. 

A peine les ordres prononcer, les hommes s'étaient mis en mouvement. Après avoir durement ligoté les Amérindiens pour les privés de tous mouvements, ils les attachèrent en files à leurs chevaux.  

         — Laissez les partir, c'est moi que vous vouliez pas eux ! Implorais-je à l'homme gradé.   

L'homme s'était alors retourné vers moi, il me fixait un moment de son air toujours aussi rabaissant. 

     — Nous contions bientôt nous débarrasser de ses sauvages sur nos nouvelles terres. Cette journée est définitivement plus productive que je n'aurai pu l'imaginer. Ricanait-il en s'éloignant. 

Sans perdre plus de temps, nous furent traînés de force sur les sentiers qui commençait se dessiner sous le passage des chevaux. Un silence angoissant et pesant régnait. Je réalisais aux files de notre avancement que tout était de ma faute, que j'étais la seule coupable et fautive. Il n'aurait dû prendre que moi, je n'avais toujours pas réalisé à quel point le peuple amérindien était persécuté et je les avais directement envoyés dans la gueule du loup.

Nous avions marché à un rythme intense et sans la moindre pause. Et puis après un voyage qui avait semblé interminable, sous nos yeux s'était dessiné un village. Une large allée principale entourée par d'autres petites maisons vétustes aux alentours. Ce village n'avait rien de récent d'après ces maison déjà bien solides en encré dans le sol. 

Lorsque je vivais encore au fort avec ma famille, on nous avait fait croire qu'à par nous, il n'y avait presque personne encore d'arriver dans ce pays, d'un danger omniprésent et d'une nature sauvage. Encore une fois, il s'agissait d'un mensonge. La colonisation avait pris des proportion bien plus importante que ce que l'on nous avait fait croire, cela s'apparentait davantage à une invasion.

Lorsque nous avions franchi l'entrée du village, tous les regards étaient rivés sur nous. La vie semblait s'être arrêtée sur notre passage. Des cris et des grognements ingrats des habitants étaient lancés à l'égard des natifs qui eux ne baissaient pas le regard face à leur démonstration de haine. 

Une partie des hommes avaient été alors sauvagement enfermé dans des cages vétustes qui leur serviraient de cellule. J'avais senti la corde autour de mes bras se resserrer lorsque le cheval avait changé de direction. Désormais, je ne suivais plus la même trajectoire de mon nouveau peuple. Le regard rivé en arrière, je tentais de ne pas perdre du regard Chayton et les autres, mais bientôt, les hauts murs d'une maison close ne me permettait plus de les voir. 

Nous avions encore marché un petit instant dans un silence lourd avant qu'il n'ouvrent la porte d'une autres maison un peu à l'écart, je fus brutalement jeté à l'intérieur et tombais vivement sur le sol. A peine eue-je le temps de prendre conscience de la situation que j'entendais derrière moi la porte être fermé à clé.     

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant