J'étais tétanisé, mon cœur battait à tout rompre. Le colonel ne semblait intouchable et quoi qu'il arrive, il assurait toujours arriver à terme de ce qu'il convoitait.
— Allons prendre une chambre, je sais que vous êtes à moitié sauvage maintenant, mais voyez-vous, je suis tout de même un homme civilisé et j'aime l'intimité.
Il m'avait durement attrapé par le haut du bras, il serrait si fort que mon sang ne semblait plus circuler. Je me débattais tant bien que mal pour ne pas le suivre, mais il avait de la force, bien plus qu'il ne paraissait sous sa carrure d'homme svelte.
—Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Implorais-je en me débattant.
— Ne me force pas à te tuer avant ! Hurlait soudainement le colonel en pointant son poing sur mon visage.
Cette fois, plus aucun son ne sortait de ma bouche, j'étais resté planté devant lui et n'avait même pas eu le reflex de me protéger. Il était imprévisible. Mais alors qu'un silence total s'était installé entre le colonel et moi, l'un des soldats s'était agité et avait sorti son arme. Il l'avait directement pointé sur Chayton. Le natif qui jusque-là était resté calme était désormais debout, sans doute avait-il essayé de contre-attaquer, mais c'était peine perdue. Le colonel s'était approché de Chayton sans pour autant me lâcher.
— A quoi joue tu le sauvage ? Tu ne nous échapperas pas, tu devrais le savoir pourtant, tu es un guerrier n'est-ce pas ? Attends, à moins que ...
Le colonel m'avait marqué une pause puis d'un geste brusque il m'avait attiré vers lui, me forcent à me retrouver contre son torse. Il avait de nouveau reposé sa main sur moi, cette fois-ci dans mon dos et la laissait glisser jusqu'au bas de mes reins. Au moment ou il s'approchait dangereusement de la limite, Chayton avait resserré la mâchoire en essayant de bondir sur le colonel, mais il était désormais retenu par deux hommes.
— Alors ça s'est incroyable ! S'esclaffait soudainement l'homme de pouvoir. Le sauvage est-il jaloux ? Bon sang, est-ce que je me trompe ? La situation prend une tournure fort intéressante. Ne laissons pas durer plus longtemps le suspense messieurs, vous voulez bien ? Lançait-il en s'adressant à ses soldats.
Les hommes de l'armée s'étaient regardé les uns et les autres pas certain de comprendre d'où il voulaient en venir. Pour autant, personne n'avait rien dit et laissait le redoutable colonel agir.
L'homme gradé m'avait violemment poussé en arrière, j'y avait même laissé une chaussure près de Wakiza. Je me retrouvais désormais assise sur le large bureau en bois sombre auquel mes sœurs étaient ligotés, elles étaient désormais toutes les deux recroquevillé au sol et en larme. J'étais tétanisé, mes yeux étaient remplis de larmes et j'avais perdu tout contrôle tant je tremblais.
Le colonel avait pris un couteau qui était accroché à son ceinturon et il était venu découper les laçages de la robe que les Indiennes m'avaient offerte. La robe ne tenait plus sur mon dos pourtant, je m'affairais à la retenir pour rester couverte, mais c'était peine perdu l'homme était trop fort.
Je sentais les horribles mains du colonel parcourir mon corps. Désormais, les larmes dévalaient le long de mon visage et je suffoquais tant j'étais tétanisé. Je regrettais de ne pas avoir été exécuté à cet instant, j'aurai préféré être morte que de subir un tel sort. Bientôt, je serais souillé, j'allais vivre l'irréparable et allait m'en souvenir à chaque instant de ma vie. J'allais aussi être la coupable de la mort de nombreux innocents, des natifs qui n'avaient rien demander et qui m'avait offert une seconde chance de vivre ...
Je sentais l'immonde main du Colonel remonter le long de ma jambe d'un extrême lenteur. Il se languissait de la situation et s'était même décalé pour laisser les amérindiens profiter pleinement du spectacle.
Et puis soudain, alors que la situation devenait critique, derrière nous, un bruit sourd avait retenti suivie des cliquetis des armes qui venaient d'être dégainé et puis finalement le colonel avait brusquement été attrapé par le coup le stoppant dans son projet.
Wakiza était l'auteur de tout cela. Malgré qu'il soir pluus petit, il avait attrapé le colonel par le coup et avait placé un petit couteau tranchant sous sa gorge l'empêchant de faire le moindre geste s'il ne voulait pas finir scalpé. Je reconnaissais l'arme que m'avait offert Andek. Ces derniers jours, j'avais été tellement troublé par l'ambiance étrange qui régnait dans notre nouveau campement que j'avais quotidiennement le couteau sur moi, je l'avais caché dans ma chaussure pour qu'il ne me soit pas dérobé et ça avait sûrement été la meilleure idée de toute ma vie, pensais-je à ce moment même.
—Messieurs, baissez vos armes. Exigeait le colonel qui se retrouvait désormais en position de faiblesse.
C'était la première fois que je le voyais déstabiliser. Toujours l'homme bien en main, Wakiza me fit un signe de tête pour que je prenne l'un des couteaux accroché à la ceinture du colonel. Je m'étais exécuté en essayant tant bien que mal de ne pas me retrouver nu avec ma robe qui n'avait désormais plus aucune attache. Puis à l'aide du poignard, j'étais venu détacher les liens d'Andek et Chayton qui se chargeaient aussitôt de ligoter les soldats et de les agenouiller au sol.
Désormais, nous nous retrouvions en position de force, mais il fallait rapidement que nous désertions les lieux avant que les autres soldats ne soient alertés.
— Ne le tue pas. Ordonnais Andek à l'intention de Wakiza. Il pourrait nous être utiles si nous faisons de mauvaises rencontres.
Wakiza acquiesçait sans la moindre protestation. Andek était sortie en premier pour vérifier les lieux accompagné de mes deux sœurs, puis suivis de Wakiza qui avait ligoté les bras du colonel et lui avait aussi mit un tissu autour de la bouche pour le faire taire. Bientôt, ce serait à mon tour ainsi que celui de Chayton. Mais je ne me sentais absolument pas prête, j'étais gêné par ma tenu mais j'étais aussi incapable de tenir sur mes jambes qui tremblaient si fort que j'étais prête à tomber à tout instant. Les larmes continuaient de dévaler sur mon visage sans que je puisse m'arrêter.
Chayton était sortie un instant avant de revenir, sans doute pour s'assurer que la voie était libre.
— Allons-y. Avait-il dit sans prendre la peine de se retourner.
Mais au moment d'avancer, mes jambes étaient devenues raides comme des piquets, comme si mes pieds avaient pris racine dans le sol. J'étais tellement paniqué que je n'étais plus capable de rien.
— Je suis désolé, je suis désolé. Répétais-je entre mes sanglots.
Ma voix était sortie comme un souffle et je n'avais pas réussi à le dire plus dort. Pour autant, Chayton l'avait bien entendu, cette fois il s'était retourné dans ma direction. Il m'avait regardé un instant et puis finalement, contrairement à tout attente, il était venu passer un bras autour de ma taille afin de m'attirer contre lui. Je me retrouvais collé à son torse, au début, je m'étais senti mal à l'aise et puis finalement, je m'étais laissé aller contre lui fondant en larmes. D'une main douce et chaleureuse, il venait caresser mes cheveux. A ce moment la, je m'étais enfin senti apaisé. Même si Chayton avait cette tendance à rester distant, il dégageait cette aura particulière qui le rendait rassurant ainsi que protecteur et surtout j'étais soulager de constater qu'il ne me détestait pas à la suite de tout ce que j'avais pu créer.
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Omakiya (Aide moi)
Historical FictionEleanor était l'aînée de sa famille, née d'un père anglais et d'une mère française, l'union de ses parents n'avait d'ailleurs pas fait l'unanimité dans le petit village d'Angleterre où ils vivaient. Elle avait deux sœurs cadettes, Rose et Madeleine...