Chapitre 14 - Aliés

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Les heures défilaient, le jour s'était levé et le soleil perçait doucement à travers les quelques nuages, les paysages alternaient entre forêts et pleines. Seuls le bruit des sabots des chevaux et quelques rires d'enfants résonnaient au milieu de tout ce silence.

Nous marquions une courte pause pour grignoter un bout et nous dégourdir. Le temps était clément avec nous et une douce chaleur nous accompagnait. Je tendais le visage vers le ciel afin de laisser les rayons du soleil me caresser doucement la peau. Un petit gémissement provenant de ma droite m'avait fait revenir à moi, Andek venait de s'asseoir lourdement sur le sol soulevant au passage un nuage de poussière, il avait étouffé un gémissement plaintif en se pinçant les lèvres mais cela ne m'avait pas échappé.

     — Est-ce que tout va bien ? Lui demandais-je inquiété en m'accroupissant près de lui.    

Il avait eu l'air gêné que quelqu'un est entendu ses plaintes pourtant si bien contenus. Mes yeux s'étaient alors directement porté sur la cuisse du natif, sa blessure était bandée depuis trop longtemps, il fallait que j'y jette un coup d'œil. Lorsque j'avais dénoué le ruban j'avais senti Andek se tendre, il souffrait beaucoup trop, même s'il voulait le cacher tous ses tressauts le trahissaient. Je ne put m'empêcher de grimacer en observant la blessure, du sang s'échappait de la plaie qui commençait tout juste à cicatriser.

       — Il faut te ménager, la plaie risque de céder de nouveau et cette fois-ci la cicatrisation risque d'être encore plus longue.   

Andek serrait la mâchoire en me regardant dans les yeux, je pouvais voir une lueur de tristesse traverser ses prunelles. Il souffrait beaucoup trop cela n'était pas bon pour lui, il n'était qu'à peine rétabli et il pourrait rapidement rechuter.

     — Tu devrais plutôt faire la route avec le second groupe. Je vais les attendre avec toi. Proposais-je en nouant un nouveau bandage autour de sa cuisse.

Alors que les autres annonçaient que nous allions reprendre la route, Andek s'était redressé. 

       — Nous devons repartir maintenant. Annonçait-il en me jetant un bref coup d'œil.  

Il était retourné à son cheval en boitillant. Je l'observais toujours en restant agenouillé sur le sol, je ne comprenais pas son acharnement, il avait souffert pendant de longues journées et nuits et pourtant il refusait de se ménager prêt à re subir les mêmes douleurs.

     — Tu comptes rester ici ?

Chayton venait d'arriver devant moi déjà sur le dos de son cheval. Je le regardais un instant toujours contrarié par le cas d'Andek. Il m'avait alors tendu le bras. Je finissais par attraper sa main et il me redressait avec force pour m'aider à monter derrière lui.

       — Pourquoi Andek ne veut-il pas faire route avec les autres ? C'est beaucoup trop dangereux pour lui et il souffre. 

Finissais-je par demander alors que nous avions repris la route. Andek était en retrait et je ne pouvais m'empêcher de me faire dû soucie pour lui à chaque instant. 

     — Andek est un guerrier, s'il n'est plus capable de se déplacer et de se battre alors il perd de l'estime et du respect auprès de son peuple. 

     — Mais il est le fils du chef. M'exclamais-je en me redressant sur le dos du cheval. 

     — Le chef de nos tribus n'ont pas autant de pouvoir que vos chefs blanc, ils sont nos alliés, nos amis, nous les choisissons pour leur sagesse et connaissance, ce ne sont pas nos dictateurs.  

Je soupirais et posait lacement la tête sur le dos de Chayton. 

       — Pourquoi faut-il toujours que la vie soit si rude ...   

J'avais senti le regard de Chayton par-dessus son épaule mais n'y portais pas vraiment d'intention. Nous étions au milieu de nul par et même si j'avais réussi à sauver Andek la première fois, je n'étais pas certaine d'y parvenir une seconde fois. Et s'il mourrait, qu'allait-il m'arriver ? Allaient-ils se débarrasser de moi ? Me jeter dehors ou bien même me tuer ? Mes pensées étaient égoïstes mais j'étais incapable de me concentrer sur le présent et imaginais à chaque fois un avenir désastreux ou bien même inexistant.

Le temps passait, les paysages défilaient nous avancions toute la journée en effectuant seulement quelque courte pause. Andek était toujours resté en retrait du groupe, surement dû à la douleur qui était trop vive, mais je n'intervenais pas, il refuserait mon aide de toute façon. Je lançais seulement quelques regards en arrière de temps à autre afin de m'assurer qu'il soit toujours conscient et bien avec nous.

Le soleil déclinait dans le ciel et d'ici peu de temps nous avancerions à l'aveugle, pourtant les Amérindiens ne semblait pas s'en soucier et continuaient dans la même direction. 

Bientôt, nous apercevions au loin les hauts croisés des tipis éclairés par les flammes de plusieurs feux. Nous approchions sans que les Amérindiens ne soient sur leurs gardes comme ils avaient l'habitude de l'être. Le campement était protégé par des hommes sur le dos de leur cheval qui faisaient des rondes. L'un d'eux s'était arrêté près de nous, il avait observé quelques secondes notre petit groupe avant d'afficher un sourire et de faire signe de le suivre.

Je ne connaissais pas encore très bien leur culture mais sans doutes avaient-ils des camps alliés à eux, qu'ils n'étaient pas seulement des petites tribus isolées parsemées aux quatre coins du pays. J'avais entendu parler de noms de tribus : de Comanches, de Cherokees, de Sioux et de bien d'autres noms que je n'étais pas parvenu à retenir. Ils étaient nombreux et vivaient ici depuis bien plus longtemps que nous, ils étaient surement bien plus nombreux et plus fort que ce que l'armée anglaise voulait nous faire croire. 

À notre entrée dans le petit village, nous n'étions pas passée inaperçue, tous les regards étaient posés sur nous et j'étais même à peu près certaine qu'il y en avait davantage sur moi "l'étrangère aux cheveux dorés et aux yeux clairs". J'avais entendu à plusieurs reprises ces paroles au village lorsque certaines femmes parlaient de moi, bien sûr elles le disaient dans leur langue maternelle mais à force de l'entendre j'avais réussi à le retenir et j'avais demandé à Chayton de me le traduire. Je ne savais pas exactement si cela était juste des mots pour me qualifier ou s'il s'agissait de paroles péjoratives à mon égare.

L'home qui nous accompagnait nous avait emmené à un endroit ou laisser les chevaux ainsi que certaines de nos affaires. Chayton m'avait aidé à descendre du dos de son cheval et ça m'avait fait un bien fou de remettre un pied à terre après tout ce temps passé perché sur le dos de l'animal.

   — Chayton ? Demandait une petite voix derrière nous. 

Nous nous étions tous retourné. Une jeune femme à la longue chevelure regardait dans la direction de Chayton, celui-ci l'avait regardé aussi quelques instants avant de se diriger dans sa direction et la serra dans ses bras. Celle-ci amplifia leurs étreintes et ils restaient ainsi pendant un moment.

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant