〖 Point de vue externe 〗
Les coups de feu fusaient, les explosions s'enchaînaient, les hurlements de détresse et de douleurs éclataient dans tous les coins. Chayton rechargeait son arme et tirait à nouveau avant de se remettre à couvert. Il détestait ses armes crachant le feu. Il trouvait que cela était lâche de se battre à distance et caché, pourtant il n'avait pas d'autre choix que de s'en servir.
Cette nuit, la guerre était encore plus forte que d'habitude, les Anglais gagnaient du terrain et bientôt les Français seraient battus alors ils devaient se battre deux fois plus. Chayton n'avait pas dormi depuis trois jours. Il n'était pas certain d'être fatigué, en faite, il n'était plus sûr de rien maintenant.
Cela faisait plusieurs semaines qu'il était ici. Il ressentait une haine infinie d'être ici, dans cette guerre qui n'était pas la sienne, d'avoir vu sa tribu qui compte plus que tout détruite à cause des combats des hommes blancs qui se battaient pour des terres qui ne leur appartenaient même pas. Mais il avait été contraint de le faire pour le bien de sa tribu.
C'est alors qu'une explosion avait retenti si près de lui qu'il eut un sursaut. Aussitôt, de nouveaux cris d'hommes blessés s'élevaient. Il y avait encore une fois de nombreuses victimes. A côté du natif, plusieurs corps d'hommes sans vie à moitié décapité par l'explosion.
Au milieu des nombreux cris, il reconnaissait une voix. Aussitôt, sans prendre la moindre précaution face aux ennemis qui continuaient de les bombarder, il se précipitait de rejoindre son ami.
Wakiza était étendu sur le sol, il poussait un nouveau cri, la main posée sur sa cuisse. Chayton soulevait la main de son ami et découvrait une cuisse détruite par de nombreux débris métalliques plantés dans sa peau voir, certains avaient même transpercé sa peau.
— Tiens bon mon frère, je te ramène .
Chayton attrapait son ami sous l'épaule et se releva avec lui, Wakiza c'était retenu de pousser un cri en se redressant et serra de toute sa force son bras autour du cou de Chayton.
Les deux hommes marchaient en direction du bâtiment qui faisait office d'infirmerie. A l'intérieur, l'odeur était infecte. Des hommes blessés gisaient à même le sol, des blessures purulentes, infectés. Pour certains, il était impossible de savoir s'ils étaient encore vivants.
Une femme, l'une des rares présentes ici, sans doute n'était elles pas plus de trois était venue les voir. Elle indiquait au Chayton d'installer Wakiza sur un lit qui venait d'être libéré suite à la mort d'un homme qui avait été vulgairement posé dans un coin en attendant de trouver un temps pour l'évacuer.
La jeune femme commençait à ausculter la jambe du natif, elle ne semblait pas à son aise. Chayton l'observait, cela lui rappelait Eleanor, elle aurait su quoi faire il en était sûr. Il n'avait jamais arrêté de penser à elle depuis qu'il était parti.
Lorsqu'elle avait appris qu'il devait à son tour partir au combat, elle avait tout tenté auprès des Français afin qu'ils changent de décision. Évidemment, elle n'y était pas parvenue, leur décision avait été prise depuis bien longtemps sans doute même avant qu'ils fassent leur "alliance". Chayton était intervenu avant que ça ne devienne dangereux pour elle. Il avait dû lui mentir en lui faisant croire qu'il avait envie de combattre, qu'il le ferait pour sa tribu. Même si elle n'avait pas eu l'air convaincu, elle avait quand même fini par se faire à l'idée.
Elle avait été un tel changement dans sa vie. Il avait beaucoup de succès auprès des femmes, nombreuses étaient celles qui rêvaient de devenir sa femme. Pourtant le natif n'avait pas la tête à ça et préférait se perfectionner en tant que guerrier. Et puis, il avait croisé la route de cette femme blanche pourtant destinée à être son ennemie. Elle avait quelque chose de différent et surtout elle lui avait apporté quelque chose de nouveau. Tout était arrivé sans qu'il ne le réalise vraiment et pourtant, il ne s'imaginait plus la vie sans elle à présent.
Retour à la réalité lorsque Wakiza lâchait un juron, la pauvre jeune femme ne semblait vraiment pas à sa place, est-ce qu'au moins elle avait été formée ? Ils avaient surement pris les derniers apprentis médecins encore disponibles afin de venir en aide.
Au même moment, trois hommes gradés étaient entrés dans la pièce. Ils semblaient sur les nerfs et exténués, bien qu'ils n'étaient jamais sur le terrain, non eux se contentaient de donner des ordres en restant bien au chaud dans des baraquements construits rien que pour eux.
— Qu'est-ce qu'ils font la ceux-là ? Qu'ils retournent se battre !
Aboyait l'un des soldats en remarquant la présence des deux natifs.
— Cet homme est blessé. Indiquait la jeune infirmière en indiquant la jambe de Wakiza.
— Est-il mort ? Non, renvoyé ce sauvage sur le terrain, plus personne dans cet endroit à condition d'être mort ! Hurlait l'homme hystérique.
La jeune femme avait désormais perdu le peu de confiance qu'elle possédait. Les natifs eux n'avaient pas compris ce que le Français avait dit, ils parlaient à peine leur langue alors la communication était compliquée.
L'homme qui semblait prêt à exploser c'était avancé dangereusement de Wakiza toujours assis sur le lit. Il sortait un pistolet de sa poche qu'il pointait directement sur le front du natif. Chayton avait aussitôt réagi et avait dégainé un couteau pour le placer sous la gorge du Français.
La jeune femme avait poussé un cri tandis que la tension était à son comble, il n'y avait pas un bruit à l'intérieur, seules les explosions à l'extérieur retentissaient.
— Allons ça suffit, nous n'avons pas besoin de ça. Calmez vous Auverlot, baissez votre arme avant qu'il ne vous tranche la gorge.
A contrecœur et avec lenteur, l'homme baissait son arme mais restait tout de même sur ses gardes. Chayton lui par contre n'avait pas bougé d'un pouce.
— Il faut le soigner.
Chayton n'avait même pas pris la peine de faire sa demande en anglais, pourtant, l'homme le plus sage des hommes semblait avoir compris. Il ne parlait pas le moindre mot de cette langue mais il avait exigé que l'on soigne Wakiza sur-le-champ.
Depuis ce jour, il n'avait jamais revu son ami. On l'avait informé qu'il était rentré, il n'était pas sûr d'y croire mais de toute façon, il n'avait pas d'autres choix que de se contenter de cette information. La guerre faisait rage et il n'y avait même plus de temps pour penser.
〖 Fin du point de vue externe 〗
Chayton regardait dans le vide, il s'était confié sur son vécu lors de la guerre. Il avait raconté quelque passage, mais je savais qu'il ne me disait pas tout et je pouvais le comprendre. Il avait sûrement vu des choses qu'il ne pouvait se remémorer et puis pour le reste il finirait par se confier avec le temps. Du moins je l'espérais.
Du bout du doigt, je frôlais sa main que j'avais envie de prendre dans la mienne, mais je n'étais pas certaine qu'il soit prêt pour ça. Chayton me regardait droit dans les yeux, cette fois, il avait avancé d'un pas de plus et brisait la distance qui nous séparait et poussait une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de poser sa main chaude sur ma joue.
— Laisse-moi un peu de temps.
Je posais ma main par-dessus la sienne et lui adressais un sourire.
— J'attendrais aussi longtemps qu'il le faudra.
Chayton avait esquissé lui aussi un léger sourire avant de faire un pas de plus. Je me retrouvais à présent contre lui, dans ses bras. Cela faisait si longtemps que ça n'était pas arrivé. Il n'existait pas meilleur endroit au monde. Ici, plus rien n'avait d'importance. Je ne pensais à rien d'autre, juste à l'instant présent.
Nous étions restés un moment dans les bras l'un de l'autre profitant de ce moment qui n'était pas arrivé depuis si longtemps. Malheureusement, il fallait aller dormir. Notre voyage allait encore être long et demain une étape importante nous attendait.
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Omakiya (Aide moi)
Historical FictionEleanor était l'aînée de sa famille, née d'un père anglais et d'une mère française, l'union de ses parents n'avait d'ailleurs pas fait l'unanimité dans le petit village d'Angleterre où ils vivaient. Elle avait deux sœurs cadettes, Rose et Madeleine...