Nous marchions depuis longtemps maintenant, beaucoup trop longtemps, du moins je marchais pendant que les natifs eux étaient sur le dos de leurs chevaux. Le cortège était constitué des trois mêmes hommes sur lesquels j'étais tombé hier soir pendant mon escapade. Sans doute s'agissait-il de bons guerriers.
Ils parlaient peu entre eux et lorsqu'ils échangeaient quelques mots je n'y comprenais rien. J'avais tout de même réussi à percevoir le prénom de chacun. Le plus grand se nommait Chayton (faucon) , tandis que le plus petit, celui qui m'effrayait se nommait Wakiza (guerrier déterminé) le troisième et le plus discret se faisait appeler Andek (Corneille). Je n'avais aucune idée de la signification de leurs prénoms, mais je les répétaient à tour de rôle en finissant par douter de leurs prononciations.
Nous progressions encore et encore, cela ne semblait jamais en venir à bout. Exténuée, je n'y tenais plus, mes pieds ne supportaient plus le contact direct avec le sol tant ils étaient abîmés. Mes pas devenaient de plus en plus lents, parfois je me laissais même traîner prêt à succomber à tout moment. Nous longions un cours d'eau depuis plusieurs kilomètres maintenant et je mourrais de soif.
— S'il vous plaît, je vous en prie, de l'eau ... Implorais-je d'une voix faible abandonnant le si peu de dignité qu'il me restait . Mes lèvres si sèches menaçaient de fendre si j'articulais davantage.
Alors que mes paroles semblaient perdues dans le vent, cette fois-ci je me laissais tomber à genoux. Le cheval lui continuait d'avancée me trainant derrière lui. Et puis soudainement l'un des hommes, Chayton, avait fini par remarquer mon état et aussitôt demandait à ses acolytes de faire une halte. J'en fus soulagée.
— Pourquoi nous arrêtons nous ? Elle n'a besoin de rien c'est une prisonnière. Crachait Wakiza en me regardant du haut de sa monture.
— Crois-tu qu'elle aura toujours de la valeur si nous la ramenons morte ? Répliquait aussitôt Chayton plus froid que jamais.
Sans émettre la moindre autre opposition, les hommes descendaient de leurs chevaux puis s'approchait de la rivière afin de se rafraîchir.
— S'il vous plaît ... Interpellais-je alors en pensant que les hommes m'avaient oublié.
Les mains tendues devant moi afin de leur rappeler que j'étais toujours liée à l'animal, Wakiza s'approchait dangereusement dans ma direction. Fermement il m'attrapait par les cheveux en me tirant la tête en arrière, incapable de lutter je me laissais entraîner, puis le petit homme avait posté son visage juste en face du mien.
— La chienne a besoin de boire. Sifflait-il entre ses dents le regard menaçant.
Sans lâcher mes cheveux, il me détachait de l'animal et me traînait jusqu'à la rivière. Une fois face à celle-ci, dans un mouvement brusque Wakiza me jetait à l'eau de toutes ses forces. Il n'y avait pas beaucoup de profondeur et le flanc droit de mon corps s'était écrasé durement contre le fond recouvert de pierre. Prise de panique au contact de l'eau froide, j'essayais de me redresser tant bien que mal en laissant des gisements d'angoisse m'échapper. Une fois assise, je remarquais le petit homme rire de mon état. La fatigue et la peur m'épuisaient je me sentais à bout, mais je ne me démontais pas et en serrant durement les dents, je ravalais mes larmes.
VOUS LISEZ
Omakiya (Aide moi)
Historical FictionEleanor était l'aînée de sa famille, née d'un père anglais et d'une mère française, l'union de ses parents n'avait d'ailleurs pas fait l'unanimité dans le petit village d'Angleterre où ils vivaient. Elle avait deux sœurs cadettes, Rose et Madeleine...