Liaison dangereuse

Chapitre 7

     Nous marchions en silence et Evan me proposa de nous assoir sur un banc.
-Je vois bien que tu es dans un drôle d'état. Enfin, pour une riche.
-Je ne supporte plus ma vie.
-Caprice de riche, dit-il en s'enfonçant dans le dossier.
     Il alluma une cigarette et hocha la tête pour me signifier que je pouvais tout lui dire.
-Ma mère veut tellement que je sois parfaite et comme elle. Mais plus je grandis et plus je comprends que ce n'est pas ce que je veux.
     Il me sourit et souffla sa fumée dans ma direction.
-Et qu'est-ce que tu veux ?
-Je...
-Là tout de suite, qu'est-ce que tu veux faire ?
     Je souris car je ne m'attendais pas à ce genre de question de la part d'un garçon comme lui.
-J'ai super envie d'aller à Macdo. Je n'y suis pas allée depuis des années.
-Les riches, je vous jure, vous avez un putain de problème.
     Je riais car il avait sûrement raison et il se leva.
-Viens, on va déposer tes affaires chez Gab et on va le manger ton Macdo.
-J'ai pas pris d'argent.
-C'est pas parce que j'ai pas de voiture à 50 mille euros que je peux pas payer un Macdo à une riche.
     Il m'attrapa par le bras et me tira jusqu'à chez Gabin. Laura nous ouvrit en peignoir. Décidément, on ne l'arrêtait plus.
-Bonsoir, je pensais que tu serais seule, dit-elle en appuyant le dernier mot.
-On reste pas, mademoiselle la riche veut manger dans un restau de pauvre.
-Vous allez chez Marcus ?
-Non, Macdo.
     Elle eut un fou rire et nous souhaita une bonne soirée. Elle mima un téléphone avec sa main lorsque Evan avait le dos tourné et je lui fis mon regard de tueur.

     Je remontais sur la moto du samedi. Je ressentais toute cette adrénaline dans chaque membre de mon corps. Les policiers, la fuite. J'étais dans un autre monde avec un garçon qui n'était pas fait pour moi mais qui m'attirait.
     On commanda ensuite à Macdo notre repas. Je mangeais comme un ogre et Evan me regardait avec de grands yeux.
-Quoi ? T'as jamais vu une riche manger ? demandai-je en riant.
-Euh, je pensais que t'allais demander des couverts donc non, je suis choqué.
     Je piochai une de ses frites pour le provoquer et il me vola mon hamburger qu'il engloutit en deux secondes.
-Je ne plaisante jamais avec la bouffe. En plus, c'est moi qui l'ait payé donc j'ai doublement le droit.
-Tant pis, à cause de toi je vais mourir de faim.
     Il haussa les épaules.
-Caprice de riche.
     Son sourire me faisait totalement oublier que j'avais fugué et que mes parents pourraient s'inquiéter. Je m'en fichais royalement.

     Finalement, il me déposa devant chez Gab et attendit que je sois rentrée pour partir. Il avait peur qu'une riche se perde dans un immeuble de pauvre.
-Au fait, tu me dois un Macdo.
-Quoi ? Mais tu as dit que...
-J'ai dit que je pouvais te le payer pas que je voulais. Bonne nuit, mes affaires m'appellent.
     Je rentrai dans l'appartement en riant toute seule. Ses affaires, quelle plaisanterie. Je m'écroulai sur le canapé et m'endormis.