Liaison dangereuse

Chapitre 3

    Laura fumait avec Gab dans la cuisine et l'embrassait régulièrement. Elle s'amusait également à jouer avec ses cheveux frisés ce qui me faisait assez sourire. Elle avait dû boire encore car elle riait de plus en plus fort.

     De mon côté, j'avais une atroce migraine qui me rappelait qu'il ne fallait jamais défier un garçon comme Evan. Je ne savais même pas où il était. Un haut-le-cœur me ramena violemment à la réalité. Je me précipitai dans les toilettes et vidai le contenu de mon estomac. Je tirai la chasse et bus de l'eau. Ma gorge était sèche et mes membres manquaient de force. Je me laissai glisser contre le mur et pris ma tête dans mes mains. 

     Brusquement, je me penchai de nouveau au-dessus de la cuvette. Je n'avais pas été autant malade depuis bien longtemps. Quelqu'un ouvrit la porte et déclara :

-C'est très élégant pour une riche.

     Je vomis encore et Evan retint mes cheveux avec ses grandes mains.

-Tu me fais un peu pitié en fait, continua-t-il en m'essuyant la bouche avec du papier. 

     Il s'absenta quelques instants et me ramena un verre d'eau froide. Il me porta ensuite comme une enfant et je ne protestai pas. ll m'emmena prendre l'air sur le balcon et je le remerciai.

-Qu'est-ce que tu fous ici sérieusement ? demanda-t-il en allumant une cigarette.

-Je suis une amie de Laura, répondis-je en m'appuyant contre la rambarde.

-Ah oui, je vois. La brune qui sort avec Gabin.

     Visiblement, ils se connaissaient.

-Elle ne m'a jamais parlé de lui, continuai-je en haussant les épaules.

-Ils se sont rencontrés y a deux mois je crois. Bon c'est juste une fille comme ça pour Gab mais ta copine a l'air de croire que c'est le prince charmant.

     Comment avait-elle plus me cacher sa liaison avec ce Gabin ? 

-Il est pas très fréquentable, dit-il en tirant sur sa cigarette. Il fait du trafic pour vivre mais bon, vous les riches, vous pouvez pas connaître.

-Je sais parfaitement ce que c'est de la drogue.

     Il se mit à rire et poursuivit :

-Oh, tu dois donc savoir que c'est très mal. Mais regarde autour de toi. Que fais une petite riche à une soirée de drogués.

     Je regardai de nouveau sa cigarette et ouvris la bouche mais aucun mot n'en sortit.

-Je ne touche pas à ça, sauf à des soirées comme celle-ci mais ce n'est pas vraiment mon truc.

     Des lumières bleus se dirigèrent vers l'appartement. Le bruit des sirènes me brisaient les tympans et tout le monde commençait à s'affoler.

-Merde, les flics. Viens, faut qu'on dégage d'ici.

     Il me porta sur son dos car je n'étais pas disposée à marcher. Son corps dégageait une odeur de parfum et je m'agrippai à son cou.

-On va passer par les escaliers de secours.

     Il ouvrit une porte et dévala les marches à toute allure. Je ne devais pas être très lourde car il arrivait à courir malgré mon poids. Il me déposa près d'une moto et me tendit un casque.

-Il est hors de question que je monte là-dessus.

-Tant pis pour toi, t'iras expliquer aux flics ce que fait une gamine mineure dans les rues complètement ivre.

     Il commença à accélérer et j'acceptai sa proposition. Je montai à l'arrière et enfilai son casque. Je m'accrochai à son buste musclé et il démarra brutalement. Il ne savait même pas où j'habitai. Il s'arrêta devant la mairie et je descendis.

-On ne doit pas être loin de chez toi, c'est là qu'habite tous les petits riches.

-J'habite à cinq minutes à pied, merci.

-Ne vomis pas sur les passants, dit-il avant de partir.

     Mes yeux ne quittèrent pas la moto qui dévalait les rues à toute vitesse. Ce garçon était vraiment détestable mais intriguant. 

     Je me dépêchai de regagner ma maison et lorsque je frappai à la porte, Clara m'ouvrit immédiatement.

-J'étais morte d'inquiétude Agathe, qu'est-ce qu'il t'a pris ?

     Je ne répondis pas et regagnai ma chambre silencieusement.

-Tu as bu de l'alcool ? Regarde dans quel état tu es. Tu as de la chance que Papa et Maman dorment à l'hôtel et qu'ils ne te voient pas ainsi.

-On en reparle demain, s'il te plaît.

     Elle haussa les épaules et je m'allongeai sur mon lit sans prendre la peine de me démaquiller ou de me déshabiller.