Chapitre 47

77 9 4
                                    

        Toujours les mêmes gens, la même ambiance. Laura n'était pas là mais j'aperçus mon autre meilleure amie : Liam. Elle vint me voir avec son grand sourire hypocrite.

-Agathe, ça fait longtemps qu'on ne te voit plus.

-Je révise mon bac, me défendis-je. Histoire de gagner ma vie en faisant autre chose que les trottoirs.

      Elle ignora ma remarque et remit sa mèche blonde en place.

-Tu viens voir Evan ?

-Non, Laura. Evan est ici ?

      Elle porta sa main à sa bouche et murmura un minuscule "oups". Au fond, ça devait lui faire plaisir. 

-Ah, vu ta tête, il n'a pas dû te le dire. Je crois qu'il est dans la pièce d'Alessandro. Mais à ta place, j'éviterai...

     Je ne l'écoutai même pas jusqu'à la fin et me précipitai dans la fameuse pièce. J'ouvris brusquement la porte et tout le monde me dévisagea.

-Oh, qu'est-ce que tu fous là ? dégage, hurla un mec blond.

-C'est bon Dylan. Qu'est-ce que tu fais là, Agathe ? me demanda calmement Alessandro.

      Ils devaient être en train de faire du commerce équitable d'herbes aromatiques, comme à leur habitude. Je ne voyais toujours pas les personnes que je cherchais.

-Je... je... cherche Evan ou Laura, bégayai-je.

-Troisième porte à droite au fond du couloir.

      Il me jetait un regard compatissant. Qu'est-ce qu'il y avait derrière cette putain de porte ? Je croyais que je le savais mais je n'osais pas me l'avouer. Je sortis de la pièce en m'excusant pour le dérangement. 

     Je pénétrai lentement dans le couloir, paralysée par la peur de découvrir ce que je redoutais. J'étais devant la porte. C'était facile pourtant d'ouvrir une porte mais je n'y arrivais pas. J'inspirai et soufflai fort par la bouche pour évacuer toute cette tension qui s'était accumulée durant plusieurs semaines.

       Courage Agathe. J'ouvris la porte.

      Laura était assise à califourchon sur Evan. Elle ne portait que son soutien-gorge et une culotte. Evan était torse-nu et l'embrassait. Ils s'arrêtèrent tous les deux lorsqu'ils me virent. Laura descendit de mon copain et enfila un tee-shirt. Je ne bougeais pas et sentis les larmes qui me montaient aux yeux.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? murmura Evan.

-Et toi ?

       Laura voulait sortir de la pièce et je lui barrai le chemin.

-Je suis désolée Agathe, gémit-elle.

-Vraiment ? C'est génial, alors ! Bon, vous pouvez continuer, madame s'est excusée ! Tu me dégoûtes Laura !

-Agathe, ne sois pas aussi dure avec elle, m'implora Evan.

-Ah oui pardon. La pauvre, elle s'est retrouvée accidentellement dans un lit avec le mec de sa meilleure amie. Quelle manque de chance.

      Il se leva et voulut toucher ma joue.

-Ne m'approche pas ! T'es un gros connard ! Tu m'as menti et tu te tapes ma meilleure amie. Depuis combien de temps, ça dur ? Depuis combien de temps vous vous foutez de ma gueule ? Je ne pense pas être stupide, je mérite des explications.

      Ils ne répondaient pas. Ils ressemblaient à deux enfants qu'on avait pris en flagrant délit en train de faire une bêtise.

-Allez-y, vous étiez plus actifs avant que j'arrive. Ne me dites pas que vous n'avez plus d'énergie ? dis-je avec un ton faussement moqueur car au fond de moi, j'étais brisée.

-Trois semaines, murmura Laura.

-Et comment en êtes-vous arrivez là ?

-J'allais chez elle car elle n'allait pas bien.

-C'était un acte civique, bravo Evan. Je te félicite. Quelle générosité ! Tu t'es donné corps et âme, ma parole.

-Arrête Agathe, continua-t-il. A force de se voir, on s'est rapproché, c'est tout. 

     Laura s'en alla et je préférai la laisser.

-Je t'aime Agathe.

-C'est un peu tard pour les déclaration. Ne viens plus me parler. Va te faire foutre toi et ton chocolat !

-Agathe...

-C'est mon prénom. Au revoir, Evan.

       Je partis en claquant la porte et m'écroulai dans le couloir. Je pleurai encore et encore. Ça ne s'arrêtait pas.

       Une fille passa devant moi et m'observa avec insistance. Je lui dis que j'allais bien et elle passa son chemin. Evan sortit de la chambre quelques minutes plus tard. Ses yeux étaient rouges, je ne l'avais jamais vu pleurer. 

       Il s'éloigna et me laissa seule, dans un couloir sombre, seule comme je ne l'avais jamais été.

Liaison dangereuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant