Chapitre 11: part 2

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Comme si ma douleur n'était pas suffisante on me montrait délibérément celle avec qui j'avais laissé Lukas. Si elle le tuait tout ça serait une fois de plus ma faute, j'étais immobile dans mon propre corps et regardais Nienor détruire la moindre trace de vie de sa maison.

Elle, n'était pas possédée comme je pouvais l'être, elle portait visiblement plus d'importance à ses dons qu'à sa famille. Deviendrais-je comme elle après que l'on m'est retiré mes dons, que deviendrais-je si je ne pouvais plus devenir reine ou si je ne pouvais même plus appartenir à l'élite.

On me retrouverait un jour, demain ou dans dix ans je ne pouvais encore une fois pas échappé à tout ça. Je deviendrais sans défense, je serais à la merci de tous. Je ne serais plus la prédatrice capable de tuer et j'avais peur de me retrouver dans la même situation que tous ceux envoyé à la guerre.

Je me battais pour ne plus être possédée mais sans mes dons on m'enverrait à la guerre, je deviendrais l'enveloppe charnelle d'un démon malgré tout.

Quand je revenais à la réalité j'étais toujours enfermée dans mon corps et dans la chambre. J'entendais les pleurs et les supplications des enfants de Nienor, le démon entendait tout le malheur des autres et n'en était que plus fort. Les cris des enfants étaient affreux et leur souffrance gorgeait chaque partie de cette maison, ils étaient morts trop jeunes. Leur mère leur avait ouvert les entrailles pour se nourrir de ce que j'allais moi aussi lui donner.

Je pouvais devenir un démon à cause des forces démoniaques mais Nienor était devenu bien pire que moi toute seule. Je voulais sortir de cette chambre, je voulais vérifier que Lukas allait bien mais je ne décidais pas de ce que je faisais.

Je devais faire confiance à cette chose qui me contrôlait comme un pantin, je me jetais de toutes mes forces contre la porte, mais les pouvoirs de Nienor avaient augmenté avec le temps depuis lequel elle les contrôlait. Je ne pouvais pas ouvrir cette porte tant qu'elle ne le déciderait pas. Je compris rapidement ce que le démon avait en tête et refusa catégoriquement que mon corps soit autant abimé mais il n'en avait rien à faire de mon avis.

Je m'approchais du lit et déchirai l'oreiller pour enfiler les deux bouts comme des gants. J'assistais alors à mon saut dans le vide, je partis de la porte pour me jeter poings en avant contre la vitre. La bâtisse n'était pas assez haute pour que je meure de cette chute mais elle était suffisamment haute pour que je sente quand même la douleur.

C'était tellement étrange de voir mes mains, mes pieds et mon visage bouger sans que je ne décide rien. On était deux dans un seul corps, mon corps, et ce démon pouvait me faire faire ce qui lui plaisait sans avoir à me rendre de compte. Le bruit du verre se fracassant sous mon poids me fit sursauter, les bouts de verre volaient autour de moi dans une sorte de scène qui aurait pu avoir un côté artistique si je l'avais décidé.

Je m'étalais sur le sol comme un vieux sac, il avait beau décider de mes actes à ma place mes facultés physiques étaient encore les miennes et il était clair que le saut dans le vide n'était pas ma spécialité.

J'avais presque tellement honte de ma chute que je voulais rester allongée sur le sol simulant une mort qui aurait pu avoir un côté héroïque si j'étais vraiment morte. Mais vu que je ne décidais pas ce que je faisais ou pas mon corps se releva rapidement. Je ne ressentais aucune douleur mais mon corps lui souffrait, je m'éloignais de la maison pour monter dans la voiture.

Cette même voiture que je soupçonnais de ne jamais redémarrer, j'étais en train de fuguer, le démon était vraiment un enfant. Je ne savais pas depuis combien de temps il n'avait pas contrôlé le corps de quelqu'un avec une vraie vie mais tout ne se passait pas comme prévue et je l'avais suffisamment appris à mes dépend.

L'Académie - La Malédiction des Dieux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant