Les fantômes de la nuit ne me laissaient jamais, je me sentais poursuivie jusque sous mes draps. Je passais une bonne partie de la nuit à pleurer et quand je finis par m'endormir, je ne voyais que Lukas, ce qui me rappelait mon chagrin. Je n'arrivais plus à être seule, il me fallait en permanence quelqu'un pour m'empêcher de penser, j'étais devenue mon propre ennemi.
Lukas était mort, mais je me comportais encore comme s'il allait débarquer derrière la porte. Il n'était pas facile pour moi de penser à autre chose, tout revenait toujours à lui, sans arrêt. J'avais l'impression de le voir dans chaque coin de la chambre, je sentais son parfum, je ressentais sa présence, la torture que je m'infligeais était horrible.
Quand le réveil sonna, c'était comme si j'avais repris vie. Je savais que cette journée allait encore être désastreuse et d'un côté je trouvais ça génial, j'allais donc être occupée à sauver mes fesses. Je devenais accro à l'adrénaline pour arrêter de penser à lui, j'allais donc passer ma vie à m'attirer des problèmes pour ne plus réfléchir.
J'enfilais rapidement quelque chose et je décidais d'aller petit-déjeuner. Je n'étais pas revenue dans la cantine, je ne pensais pas en être capable, mon pouls augmentait, ma tête tournait. Chaque pas me faisait un peu plus de mal, il était encore très tôt et il n'y avait presque personne. Je ne voulais pas être vue, pas dans un tel état de vulnérabilité.
Je mangeais en silence gentiment, même mes céréales ressemblaient à Lukas et j'avais beau espérer l'inverse, je perdais la tête. J'étais obsédée par lui, plus maintenant qu'il était mort que lorsqu'il était encore en vie. Au bout d'un moment, je ne pouvais plus rester ici, je débarrassais le plus vite possible et je retournais me terrer dans ma chambre. J'avais l'impression que mon cœur allait sortir de ma cage thoracique, le manque allait avoir ma peau.
Je me mis à vomir mon petit-déjeuner dans les toilettes, j'avais une tête affreuse, des cheveux atroces et j'avais peur de rester comme ça longtemps. Je ne savais pas comment faire mon deuil, j'avais survécu à la mort de mon père mais j'étais si jeune, alors que là, je ressentais le besoin qu'il me touche en sachant pertinemment qu'il n'était plus. Je restais devant ma glace assez longtemps, incapable de bouger et de détourner mon regard de l'ombre de moi-même dans la glace.
Je me faisais froid dans le dos, je n'étais plus du tout la même, mes traits étaient creusés, mes joues rosées avaient été remplacé par des creux grisâtres. Mes cheveux brillants étaient devenus ternes et cassants quand mes lèvres charnues étaient dénuées de vie. Cette jeune fille dans le miroir ne me ressemblait pas, pourtant c'étaient bien mes mains qui bougeaient et c'était mon visage qu'elles touchaient.
J'étais dégoutée par moi-même, j'avais honte de ce que j'étais devenue, la tristesse m'avait transformée d'une horrible façon. Au bout d'un moment je fus obligée de m'habiller, j'attrapais un tailleur bleu-marine qui avait appartenu à ma mère. Je l'avais pris en partant de la maison, en pensant que grâce à lui elle serait toujours avec moi, aujourd'hui j'avais besoin d'elle plus que jamais.
Je n'étais pas sûre d'y arriver mais je devais tout faire pour. J'essayais de maquiller mon visage meurtri par les pleurs et ma peine, je me dégoutais. Une fois que j'avais fait mon maximum, j'attrapais mon sac à main et je partis rejoindre mes amis. Chaque groupe avait une voiture à sa disposition pour se rendre au Palais-royal, je savais que nous n'étions pas situés très loin de ce dernier mais je ne l'avais jamais vu en vrai.
Si tout ça c'était bien passé, mon statut m'aurait permis de vivre là-bas, Bastien, lui avait la chance de pouvoir y vivre. Quand je rejoignis mes amis, ils m'attendaient tous. Personne ne fit de remarque sur mon visage, ils étaient tous habitués à cette Roxane, celle qui avait laissé la mort prendre ses quartiers. Je n'étais plus qu'un cadavre déambulant, Austin était là aussi et il avait un visage aussi horrible que le mien.
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L'Académie - La Malédiction des Dieux
FantastiqueVivre, est celui qui le veut Mourir, appartient à celui qui le peut Prend garde à toi Car le fou est roi Et la monarchie s'enivre Avant tout, respire Car tu perdras la vie Avant même d'avoir dit oui Le soleil frappant ton visage Tu perdras cette ma...