Chapitre 9: part 1

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J'allais perdre la tête, je finirais de toute façon par perdre la tête. Je n'étais pas prête à intégrer un monde où je devais me servir de la vie de pauvres individus seulement pour garder mon statut supérieur dans la hiérarchie. J'avais dans la bouche ce goût amer et horripilant qui me rappelait que j'avais été choisi pour intégrer la caste qui se servait des autres.

Etait-ce une malédiction d'appartenir à l'élite, étions-nous trop fourbes et égoïstes pour faire partie de ceux qui donnaient leur vie ou étions-nous tellement mauvais que nous étions seules à pouvoir gérer quelque chose de cette ampleur.

Je regardais Bastien et les autres membres de l'élite et les soldats, un rien nous séparait, quelques attitudes et des dons qui n'avaient rien d'un privilège et pourtant j'allais vivre, dans de mauvaises conditions mais je vivrais quand eux n'auraient pas tous cette chance.

-Allez mes petites princesses, on se secoue le bas du dos et on s'active !

L'homme n'était pas très vieux, il ne devait pas dépasser la trentaine mais avait déjà les cheveux gris même si je les suspectais de ne pas être naturellement de cette couleur. On se mit à courir autour d'une grande piste d'athlétisme, je détestais courir et pourtant la douleur que je ressentais dans mes mollets et mes poumons me rappelait que j'étais aussi remplaçable que les autres.

On aimait se sentir irremplaçable, unique, mais moi, je ne voulais pas du destin que l'on me créait. Je voulais que quelqu'un d'autre puisse effacer des mémoires ou du moins empêcher les individus de s'en rappeler. Je n'étais pas quelqu'un de lâche, je ne pensais pas l'être en tout cas et je ne voulais pas de ça.

Je courais dans me retourner, oubliant un temps Bastien et les autres, oubliant le sang qui coulais et qui allais encore couler de mes mains, oubliant le mal qui coulait dans mon sang et oubliant cette petite marque sur mon poignet qui me reliait à Amaya et Thibault.

Il y avait tant de chose que mon cerveau voulait oublier et la douleur était la seule chose qui fonctionnait. Certains se droguaient à l'adrénaline ou l'endorphine quand moi je me droguais à cette délicieuse douleur qui empêchait à mes synapses de se créer.

-Roxane, m'appelait Bastien derrière moi

Je ne me retournais pas et j'arrivais à faire abstraction de mes pieds pour sentir le vent dans mes cheveux et je m'imaginais en train de voler, mes pieds ne touchaient plus le sol et mon cœur commençait enfin à se calmer.

Après dix minutes de courses notre professeur nous rangea en ligne, nous étions de toutes couleurs, de toutes tailles, de tout poids et pourtant aucun de nous n'aurait le même destin. Bastien ne semblait pas aussi perturbé que moi, peut-être avait-il réussi avec le temps à faire abstraction de ses choses qui nous étaient extérieures mais qui régissaient nos vies

-Vous allez maintenant parcourir différents parcours, certains sont plus simples et d'autres plus durs. Je compte sur vous mes petits soldats pour montrer à l'élite que les dons ne servent à rien quand le physique suit, souriait-il

Derrière lui on pouvait remarquer quatre parcours plus ou moins acrobatiques différents, je restais bouche bée devant ce spectacle surprenant. Le premier était composé d'une course de haies et d'un trampoline qui permettait de s'accrocher à un trapèze qui amenait à une piscine, le deuxième était remplit d'agrès de gym et de course à pied.

Le troisième était un savant mélange entre le sprint et le tir au fusil quand le quatrième avait quelque chose de suicidaire, il était composé d'un grand toboggan qui menait dans une sorte de cuve remplie de boulons, l'on devait attraper une barre sur le haut de la cuve et se tracter pour en sortir, après ça une énorme poutre avec des « surprises » se trouvait sur le chemin pour finir contre un mur quasiment droit que l'on devait franchir pour arriver à l'arrivée.

L'Académie - La Malédiction des Dieux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant