Chapitre 16: Part 2

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Thomas n'était pas là, il n'était pas revenu, mais le poids des non-dits était trop lourd pour mes frêles épaules. Je marchais, quittant la dépendance de ce nouveau régiment, je déambulais avec le cœur lourd. Mon âme ne cherchait que le connu, je ne voulais que me ressentir utile. Juste une fois je voulais voir les yeux des autres s'illuminer en me regardant.

J'avais besoin que Lukas et Bastien soient remplacés, besoin que quelqu'un me regarde, croit en moi, j'étais incapable d'être cette personne. Je ne savais plus en quoi croire, je ne pouvais pas m'imaginer gagnée, j'avais déjà trop perdue. Plus les batailles disparaissaient plus Spartes devenait inexorable, je ne pouvais plus rien gagné. Je me rapprochais de plus en plus d'Athènes alors que mon cœur lui, ne savait plus où donner de la tête. Mes pieds résonnaient dans les couloirs de l'Académie, personne ne me regardait, j'étais invisible.

Ma plus grande peur devenait aujourd'hui mon futur, j'étais broyée dans la masse, on oublierait mes dons, mon nom. Les Dieux n'étaient pas partis mais leurs congés commençaient à se faire longs. J'espérais un miracle, un geste symbolique quelque chose qui me forcerait à me battre, Thomas, il allait rester, quelques jours, quelques mois mais il n'était pas une vision à long terme. Les rats quittent le bateau en premier lors d'un naufrage et je ne valais malheureusement pas mieux que le Titanic.

J'avançais, jetant plus de regards que l'on ne m'en jetait. Je voulais repartir de ce lieu, quitter définitivement cette école, je n'y avais pas ma place. Je n'étais plus sure de rien, le blanc et le noir se mélangeaient donnant à ma vision une teinte grise mollassonne. Lukas, encore et encore, je me forçais à penser à autre chose, mais tout me rappelait sa présence, chaque odeur ou souvenir se mélangeait à son nom. Je ne pouvais imaginer une vie dont il ne faisait pas partit, je n'en voulais pas. Peut-être était-ce ça mon prix au fond.

Jean avait perdu la vue en échange de ses dons, moi j'avais la douleur et le malheur et plus de dons... Je ne savais pas si j'avais bien fait de revenir dans la vie de Maëlys, je n'amenais avec moi que les problèmes, elle si gentille, si bonne, ne méritait pas mes problèmes. Au bout d'une bonne demi-heure de marche, je me retrouvais à la base de tout. Devant les portes menant à dans la salle de la cérémonie je me sentais faiblir.

Comment tout avait-il pu changer autant, je n'avais plus de marque, j'étais devenue une paria et j'avais perdu Lukas. Il était difficile d'imaginer la suite sous un bon œil

- Roxane...

Je me retournais attendant de tomber nez à nez avec quelqu'un mais rien, j'étais seule face aux grandes portes de bois. Je m'adossais aux murs en meulières et sentais les larmes monter dans mon système lacrymal. Je refusais de pleurer, je ne devais pas me montrer aussi faible. Mon humiliation était suffisante pour que je ne rajoute pas une couche en plus.

- Roxane...

Je sursautais, il n'y avait toujours rien, un soupir s'évanouissant dans l'air, une brise s'écrasant contre mon visage. J'attachais mes cheveux afin de faire descendre ma température corporelle qui était bien trop élevée. Je posais mes mains sur le bois, je voulais me revoir, ressentir mon excitation et mes rêves.

Pourtant le bois ne me rappela pas cela, son contact était froid, distant. A son toucher, mon esprit se bloqua, je ne voyais plus par moi-même, j'étais témoins de mon cauchemar. Ce même cauchemar que j'avais déjà fait, j'étais dans les mêmes couloirs. Thibault, Lukas, du sang. Tout allait beaucoup plus vite, le point de vue n'était pas le même, je n'étais plus moi.

J'appartenais au décor, ma présence était dissociable des murs, à travers eux j'arrivais à voir ma blessure béante au visage. Ma clavicule était cicatrisée, mon... mes tatouages étaient là. Mes cheveux étaient plus courts, je savais contre quoi je me battais, la peur dans mes yeux me prouvait qu'une fois de plus j'avais peu de chances d'en sortir.

L'Académie - La Malédiction des Dieux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant