L'Académie - La Malédiction des Dieux

Chapitre 18: part 2

Le visage crispé de Thomas n'annonçait rien de bon, je savais aussi que je ne pouvais pas me permettre tout ce remue-ménage, mais le sang de Thibault encore dans mes veines, je ne me rendais pas encore compte que je foutais tout en l'air, une fois de plus.

Il tenait Justine dans ses bras, mais c'est moi qu'il regardait, ou plutôt qu'il défigurait. Je ne ressentais aucune culpabilité ou de remords, j'en étais tout bonnement incapable. J'étais assez intelligente pour réaliser que je faisais des conneries, après les avoir faite, mais là, impossible. Tout me semblait presque normal, seul le regard rempli de colère de Thomas m'annonçait que ça allait encore chauffer pour mes fesses.

La seule chose que je regrettais était de ne pas avoir senti la vie de Justine s'évaporer grâce à mes mains, je sentais mes plus sombres désirs remonter grâce au sang. Et j'adorais ça. Je devenais dépendante à cette dose de sang, je n'avais pas encore commencé depuis 24h que je ne m'imaginais déjà plus m'en passer. Retrouver mes dons devenait mon objectif numéro 1. Je marchais à côté de Thomas et de Justine, la pauvre fille fuyait mon regard.

Elle était bien amochée mais moi, je n'avais aucun problème à la regarder. Je n'étais pas sûre que ce soit une bonne chose mais je pouvais regarder ses bleus, son sang coagulé à la surface de sa peau sans me sentir mal ou seulement fautive. Les couloirs de l'Académie étaient toujours aussi remplis, personne ne remarqua le visage tuméfié de Justine.

L'élite n'avait pas que ça à faire et les autres n'aimaient pas assez Justine pour ralentir. Cette école avait quelque chose d'hypocrite et de personnel. Personne ne se souciait réellement des autres même si tous le revendiquaient. Je commençais à reconnaître le chemin qu'empruntait Thomas, et je me mis à pâlir.

Allez voir Aliénor pour un petit accrochage ne me paressait pas nécessaire... vraiment pas. On s'arrêta en chemin pour déposer Justine à l'infirmerie. Je restais sur le pas de la porte pendant qu'il la confia à une infirmière.

- Je reviendrais vous chercher, ça sera à votre tour de vous exprimer sur les évènements d'aujourd'hui, lui expliqua-t-il avant de me rejoindre

Je savais qu'une fois que l'on serait seul, il n'hésiterait pas à m'engueuler. Nous étions amis, mais il était aussi le professeur, celui qui devait référer cet... incident regrettable. Je restais silencieuse, lui cherchait ses mots. Je profitais encore un peu du calme, il allait m'incendier, il était obligé, mais je n'avais pas envie de l'écouter. Je n'avais en réalité pas envie de grand-chose.

- Tu as donc réellement perdu la tête !

- Va-y, défoules-toi...

- Qu'est-ce qui t'arrive, bon Dieu !

- Elle n'a que ce qu'elle mérite ! Criais-je

- Ce n'est pas à toi de le décréter ! Cria-t-il plus fort

- C'est à toi peut-être ? Excuse-moi, mais tu as été incapable de voir ce qu'elle a fait à Maëlys alors c'est bon... Tu n'es qu'un professeur Thomas, ne pense pas être plus que ça... Dis-je pour le vexer

Il rigola jaune

- Bien essayé Rox, mais moi, je ne suis pas en manque d'amour ou de reconnaissance comme toi. Une attaque de ce genre ne m'attend pas, je sais ce que je vaux

- Parce que moi non peut-être ?

- Tu te surestimes...

- C'est ça, on en reparlera quand j'aurais retrouvé mes dons, dis-je sans réfléchir

- Quand quoi ? S'arrêta-t-il

Il avait raison, comparé à lui, je ne savais pas ce que je valais. Cette question restait omniprésente dans ma tête. Je ne savais pas ce dont j'étais capable et j'avais peur de ne pas être assez importante. J'avais besoin d'être rassuré, ce manque m'avait fait lui révéler sans le faire exprès mes projets. Je ne savais pas quoi lui dire, ni même quoi faire. Je me remise à avancer comme si de rien n'était, mais Thomas n'était pas bête. Il attrapa ma main et me fixa dans les yeux.