Media: Maëlys
Ma mère n'était pas encore rentrée du travail que je mettais déjà toutes mes affaires dans des valises, depuis qu'Ilan était partie personne n'avait touché à sa chambre, personne n'y était ne serait-ce que rentré, elle était devenue comme maudite et si vide. Maintenant la mienne devenait le même fantôme que la sienne, mon cœur se serrait et l'excitation que je ressentais ne faisait que m'en vouloir plus.
J'ouvris la porte de sa chambre, je regardais ces murs blancs où j'avais tant ris dans les bras de mon frère et je le revoyais fuir dans la nuit nous laissant sans nouvelles de lui, lâche et traître. Je versais une larme sur le parquet, l'essuyant je bouclais la plupart de mes valises, il ne me restait qu'à trouver une robe pour la cérémonie qui allait nous dispatcher. Je restais léthargique devant la fenêtre admirant le devant de ma maison.
Ce n'était pas vraiment beau, ni même vraiment intéressant mais la seule idée de me dire que je le verrais plus jamais me rendait malade. Je n'avais jamais aimé cette route qui bordait notre maison mais d'un coup toute la haine que j'avais nourrie pour elle me rendait triste. Je restais là, ma touffe de cheveux était attachée en un chignon bancal et ma tête calée contre la cloison.
- Roxane ? Cria ma mère
Sa voix transperçait mon cœur de part et d'autre, je me revoyais plus jeune la regarder pleurer devant la lettre et la chambre vide d'Ilan et je me sentais coupable de devoir y aller. Aucun son ne sortait de ma bouche qui pourtant n'avait jamais eu de mal à s'ouvrir. J'entendais ses pas dans le couloir, à chaque pas je sentais mon cœur tressaillir. Je voulais qu'elle soit heureuse pour moi, je voulais qu'on soit toutes les deux heureuses de cette nouvelle aventure mais je ne savais trop bien qu'elle serait sa réaction.
- Chérie ? Répéta-t-elle
Plus ses pas s'approchaient plus je me sentais fébrile, elle poussa la porte de ma chambre et son visage pourtant si clair se remplit d'une noirceur que je n'avais pas souvent eu l'occasion de voir.
- Surprise, essayais-je de dire sans m'effondrer
Sa bouche était grande ouverte devant ce lieu à son tour vide, je ne savais pas vraiment ce qu'il était en train de se passer dans sa tête mais l'expression de ses yeux ne me donnait pas vraiment l'envie de le découvrir, l'eau montait aux miens et devant cette femme à qui je pourrais tout donner je me sentais aussi misérable que ce frère.
- Tu vas partir ?...
- Tu sais que je n'ai plus le choix...
Sa main frotta violemment ses yeux à plusieurs reprises
- Ils sont venus maman...
Elle reprenait son souffle en manquant de s'étouffer, ses pommettes prenaient une couleur rouge sang et ses yeux gris renfermaient une peine dont j'avais déjà trop été témoin dans ma vie.
- Quand ? Réussit-elle à articuler
- La prochaine pleine lune, soufflais-je
Ses mains entourèrent sa bouche comme pour étrangler son sanglot, ses mains tremblaient et je restais assise sur mon lit entouré de mur blancs lavés de toute trace de mon passage.
- Si les Dieux le veulent... pleurait-elle
- Maman, m'approchais-je d'elle
Elle se recula comme pour me montrer qu'elle m'en voulait
- Tu devrais faire tes affaires...
Elle partit dès qu'elle eut fini sa phrase, elle savait que j'avais préparé mes affaires mais l'idée de passer du temps avec moi la déchirait désormais. Il était rare que les recrues revoient leurs parents, le peu de permission accordées leur permettait de se détendre et rarement de rentrer chez eux. Ma mère me voyait comme ces traites, j'étais passée de la fille chérie à une inconnue. La maison perdrait bientôt ma trace, j'allais suivre les traces d'Ilan et devenir un fantôme. Bientôt peu de voisins se souviendront de mon visage et petit à petit ça sera comme si je n'étais jamais venu d'ici, on oubliera tout de moi.
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L'Académie - La Malédiction des Dieux
ParanormalVivre, est celui qui le veut Mourir, appartient à celui qui le peut Prend garde à toi Car le fou est roi Et la monarchie s'enivre Avant tout, respire Car tu perdras la vie Avant même d'avoir dit oui Le soleil frappant ton visage Tu perdras cette ma...